• Par curiosité, j'ai emprunté l'autre jour un livre de la série des "Commissaire Montalbano" dont m'avait parlé mon amie italienne, Loredana, comme d'un policier ayant fait l'objet d'une série à la télévision italienne.

    Il s'agit de "Une voix dans l'ombre" d'Andrea Camilleri.

    ☻ j'ai découvert l'écriture d'Andrea Camilleri à travers une enquête du commissaire Montalbano

    Rude journée pour le Commissaire Montalbano : d'abord agressé dans sa cuisine par un poulpe haineux, il l'est ensuite dans sa voiture, à coups de clé à molette, par un jeune chauffard. Etrange coïncidence, la compagne de son agresseur est retrouvée assassinée peu après. Pendant ce temps, un directeur de supermarché est victime d'un cambriolage, et semble terrorisé par la possible réaction de ses propriétaires - en l'occurrence la mafia. Derrière ces deux affaires, de puissants hommes politiques semblent vouloir la peau de Montalbano. Parviendra-t-il à venir à bout des pièges qu'on lui tend ?

    Le livre a été traduit de l'italien par Serge Quadruppani,le traducteur attitré de Camilleri en France. Il informe le lecteur du succès qu'a l'auteur en Italie : cette réussite, dit-il, tient en grande partie à la langue si particulière qu'il emploie. En fait, l'auteur sicilien parle ce qu'on pourrait appeler le "Camillerien", la création personnelle d'un écrivain à partir du parler de la région d'Agrigente où il est né (à Porto-Empocle).

    ☻ j'ai découvert l'écriture d'Andrea Camilleri à travers une enquête du commissaire Montalbano

    Andrea Camilleri se plaît à jouer sur les mots, mêlant italien et sicilien, à la fois par le vocabulaire et la syntaxe, n'hésitant pas à utiliser des termes inconnus de tous ceux qui ne sont pas des siciliens de la région d'Agrigente, mais dont le sens pourra être compris aisément grâce au contexte.

    Pour rendre cette langue si particulière, Serge Quadrupanni a choisi de la rapprocher du parler marseillais. Quant aux déformations de l'italien classique, il traduit par exemple "aricordarsi" (au lieu de ricordarsi : se rappeler) par s'arappeler.

    Il faut donc faire un petit effort pour lire ce livre dans une version qui se rapproche ainsi de la version originale, pour ne pas en perdre le sel !

    Andrea Camilleri n'hésite pas non plus à faire découvrir au lecteur toutes les spécialités savoureuses de la cuisine sicilienne au hasard des repas du Commissaire Montalbano.

    Un extrait du livre dont j'ai souligné les "anomalies"...

    "Dottori, au jour d'aujourd'hui, les poissons ils passent au large. L'eau près de la plage est trop polluée par nos saloperies. Pas grand chose, j'ai pris.

    Il plongea une main dans le fond de la barque, la retira en serrant un poulpe d'une soixantaine de centimètres.

    - Je vous l'offre.

    C'était une grosse bête, qui pouvait suffire pour quatre personnes.

    -Non merci, qu'est-ce que j'en ferais ?

    - Et qu'est-ce vous voulez en faire ? Vous le mangez à ma santé ! Y suffit de le faire abouillir longtemps. Mais vous devez y dire, à votre bonne, que d'abord, elle doit le battre avec un bâton pour l'attendrir.

    - Merci, vraiment, mais...

    Prenez-le 'nsista M. Puccio."

    Il évoque également tout l'attachement des Siciliens pour la terre et la famille.

    J'ai voulu regarder si je trouvais la série sur le replay de fr3 mais NIET, ça ne passe plus en France pour le moment. J'ai juste trouvé un extrait dans lequel je me suis rendue compte que l'adaptation française du livre ne tenait aucun compte de la subtilité de la langue de Camilleri, ce qui ne m'encourage pas à chercher plus avant.

    J'ai adoré le livre par contre !


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  • J'ai choisi ce livre à la bibliothèque car j'aime tout ce qui a trait à l'Histoire. Cette femme a sauvé plus de soixante mille œuvres au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais personne ne connaît son nom : Rose Valland.

    ☻ J'ai lu le livre de Jennifer Lesieur : Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

    Lorsque le Reichsmarschall Goering, numéro 2 du Reich, débarque à Paris pour se servir parmi les collections spoliées au juifs (soit pour la collection personnelle du Fürher, soit pour la sienne propre), elle est là,  insoupçonnable, qui espionne, fondue dans le décor du musée du Jeu de Paume où 400 caisses viennent d'être déposées contenant des toiles de maîtres par centaines, des sculptures, des meubles, des tapis et tapisseries, des objets précieux.

    Elle voit et note tout. Les titres, les artistes, les propriétaires, les origines et les destinations. Au risque d'être fusillée ou déportée. Et ceci, Rose Valland le fera durant toute la durée de l'occupation, consacrant les dix ans qui suivent à la recherche et à la restitution de tous ces trésors pillés aux pays occupés et dérobés aux familles juives qui en étaient les propriétaires.

    Le roman de sa vie lui redonne sa place dans l'Histoire.

    Le pillage et la spoliation des biens culturels ont été un rouage important de la Shoah. Aujourd'hui encore, il apparaît nécessaire de marteler qu'ils ont été un des corollaires de la politique de persécution mise ne place par les ordonnances des autorités d'occupation, mais également par les lois du gouvernement de Vichy. Il est même fondamental de transmettre cette vérité à la jeune génération, bien souvent ignorante des réalités de la Seconde Guerre mondiale.

    Un livre qui m'a bien intéressée.


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  • Je viens de terminer un pavé de 635 pages - en gros caractères il est vrai - écrit par Alexandra de Broca et intitulé "La sœur du Roi".

    Une note de l'auteure à la fin du livre précise que :

    "Les historiens attribuent à la sœur de Louis XVI une histoire platonique avec un médecin et offrent ainsi l'image d'une femme attachante, loin du souvenir figé d'une princesse pieuse et prude. J'ai pris la liberté d'imaginer leur relation et d'inventer la vie de François Dassy, faute de sources historiques. En revanche, tout ce qui a trait à la vie d'Elisabeth est fondé sur des éléments historiques."

    Il s'agit donc du destin tragique de Madame Elisabeth guillotinée le 20 Floréal de l'an II (10 mai 1794) sur la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) alors qu'elle n'a que 30 ans.

    Madame Elisabeth par Elisabeth Vigée-Lebrun (vers 1782)

    ☻ Mi histoire, mi fiction : La soeur du Roi d'Alexandra de Broca

    A la lecture de ce livre, on comprend que cette jeune femme, orpheline à seulement 3 ans, en adoration devant son grand-père Louis XV, vit recluse à la Cour de Versailles, cantonnée à un rôle de représentation alors qu'elle est avide d'érudition et d'indépendance jusqu'à ce que son frère, Louis XVI, lui offre le domaine de Montreuil dans lequel elle va vivre le jour sans jamais pouvoir y dormir la nuit jusqu'à sa majorité (alors fixée à 25 ans). Madame Elisabeth , aidée du Dr Lemonnier, va y établir un petit dispensaire pour soigner les pauvres. Une femme proche des idées des Lumières, lâchement assassinée !

    Le château de Montreuil (un quartier de Versailles actuellement)

    ☻ Mi histoire, mi fiction : La soeur du Roi d'Alexandra de Broca

    Parallèlement, l'autrice nous brosse le portrait de François Dassy, enfant unique vivant au sein d'une famille strasbourgeoise protestante aisée (le père est médecin et la mère apothicaire). François suit depuis qu'il est petit son père dans ses consultations et rêve de devenir médecin. Hélas, ce dernier décède alors qu'il n'a que 17 ans le laissant seul avec sa mère. François est maintenant devenu un étudiant en médecine passionné par tout ce qu'il apprend mais un jour un malheureux accident le prive de sa mère et le plonge dans la culpabilité pour la vie : il quitte Strasbourg, se promettant de ne jamais y revenir.

    Les chapitres alternent : l'un est consacré à Elisabeth, le suivant à François, jusqu'à ce que les deux jeunes gens se rencontrent par le fruit du hasard...

    Le coup de foudre est immédiat et réciproque : tout les rapproche, la soif de connaissances, le goût pour la nature, sauf bien sûr la lignée et..., la religion : Elisabeth est une fervente catholique tandis que François est athée.

    Seront-ils un jour réunis ?

    Alexandra de Broca entretient le suspense.

    J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir.


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  • Je viens de lire un roman historique (vous savez que j'adore l'histoire) très intéressant et bien documenté, Le roi qui voulait voir la mer de Gérard de Cortanze. Ces mots sur le bandeau jaune, c'est bien sûr Gérard de Cortanze qui les a inventés mais... il se pourrait que Louis XVI les ait prononcés.

     Juin 1786 : Le roi Louis XVI décide d’aller à Cherbourg - malgré l’opposition de ses conseillers - constater l'avancement des travaux du port destinés à protéger la cote normande des incursions de l'Angleterre. Il s’embarque donc, en compagnie d'une escorte assez restreinte et sans tout le cérémonial que lui impose la couronne dans un grand périple à travers la Normandie, terre de légendes et de sorcières.

    La visite de Louis XVI à Cherbourg - Louis-Philippe Crépin (1817).

    ☻ J'ai aimé... "Le roi qui voulait voir la mer" de Gérard de Cortanze

    Alors que le roi découvre la misère d'une partie de la population mais aussi l'attachement des paysans à sa personne, les nobles qui l’accompagnent ne cessent de le critiquer, cherchant à l'isoler pour conserver leurs privilèges.

    Quand enfin il verra la mer, ce sera pour lui un enchantement.

    On fait ici la connaissance d’un louis XVI inconnu, intime, ayant une culture solide, parlant l'anglais et lisant plusieurs langues, étonnant les marins eux-mêmes par sa grande connaissance des cartes marines, de la mer et des marins, plus à l’aise avec eux qu’avec son entourage qui cherche constamment à le prendre en défaut : un roi qui se voudrait proche de son peuple et qui  comprendra au retour à Versailles qu’il doit réformer son pays.

    Sa grande connaissance des cartes marines amène celui-ci à préparer lui-même l'expédition de La Pérouse autour du monde, une expédition dont ce dernier ne reviendra pas.

    Louis XVI donnant ses instructions à La Pérouse - Nicolas André Monsiau (1817)

    Il s'agit bien d'un roman

    En effet, l’auteur nous fait pénétrer dans les pensées du roi et dans ses rêves, annonciateurs du sang versé quelques années plus tard, pensées qu’il a nécessairement dû imaginer.

    J’ai aimé ce roman historique qui nous fait découvrir la personnalité d'un roi méconnu, souvent réduit à sa passion pour la serrurerie, à sa fuite à Varennes et à sa fin sur l’échafaud en 1793. Je ne me souviens pas d’avoir jamais entendu souvent évoquer ses qualités, ses compétences, ses ambitions ou ses réalisations.

    L'interview de Gérard de Cortanze

    Gérard de Cortanze est né à Paris en 1948. Il est l'auteur de nombreux romans et éditeur chez Albin Michel.

    Il a à son actif de très nombreuses publications dans des domaines très divers comme l’art ou l’histoire, dont Les enfants s'ennuient le dimanche (Hachette, 1985), Antonio Saura, l’exil biographique (La Différence, 1990), Une chambre à Turin (Editions du Rocher, 2001), De Gaulle en maillot de bain ( Plon, 2007), Frida Kahlo : La Beauté terrible ( Albin Michel, 2011), Pierre Benoit : Le Romancier paradoxal (Albin Michel, 2012, Prix Pierre Benoit 2013 de l’Académie française), Femme qui court, Violette Morris la scandaleuse (Albin Michel, 2019, Prix Historia du roman).

    Je pense que je vais continuer à lire cet auteur, très facile d'accès.


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  •  Je viens de lire un livre presque d'une traite !

    Le soldat désaccordé de Gilles Marchand, paru en 2022, a déjà reçu quatre prix dont le Prix des libraires 2023 et pour moi c'est un vrai coup de cœur.

    Un livre passionnant : le soldat désaccordé de Gilles Marchand

    Ce qui m'a fortement impressionnée, ce sont les recherches que l'auteur, né en 1976, a forcément dû faire pour écrire ce roman qui parle d'amour, avec pour toile de fond la guerre de 14-18, décrite dans ses moindres détails et dans toute son horreur parfois.

    Le dernier poilu est décédé en 2008. Ce livre est un hommage à ces hommes qui ont combattu jusqu'à ce que parfois la mort les emporte pour récupérer l'Alsace et la Lorraine perdues à la guerre de 1870.

    L'ennemi se sentait-il plus français qu'allemand ? Pas facile de répondre à cette question alors que presque tous les mobilisables étaient nés allemands mais de parents et grand-parents français... Alsaciens, sûrement !

    L'histoire

    Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d'amour que le jeune homme a vécue au milieu de l'Enfer. Alors que l'enquête progresse, la France se rapproche d'une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d'espoir dans un monde qui s'effondre.

    Une interview de Gilles Marchand dans La Grande Librairie : ICI.

    Pour vous faire une idée du livre, en voici le début : cliquez ICI.

    Au cours de mes propres recherches, j'ai pu découvrir La Chanson de Craonne, écrite par des soldats français qui s'étaient mutinés après la défaite désastreuse du Chemin des Dames.

    J'ai aussi découvert ce qu'étaient les caporaux de Souain : quatre soldats qui furent fusillés pour l'exemple le 17 mars 1915. Ils avaient été choisis arbitrairement par leur hiérarchie militaire au sein de leur compagnie qui avait refusé de participer à un nouvel assaut voué à l'échec à Souain dans la Marne. Les quatre caporaux furent réhabilités en mars 1934 par la Cour de justice militaire. C'est l'un des cas parmi les plus flagrants et les plus médiatisés de l'injustice militaire durant la Première Guerre mondiale.

    Dans le livre de Gilles Marchand, l'auteur donne ses sources à la fin du roman et conseille au lecteur intéressé de les consulter.

    Il a lu ainsi - côté français - Henri Barbusse (Le feu - Prix Goncourt 1916), Maurice Genevoix (Ceux de 14), Jean Giono (Grand troupeau), Blaise Cendrars (La Main coupée et J'ai tué), Roland Dorgelès (Croix de bois) Guillaume Apollinaire (Poèmes à Lou), Joseph Kessel (L'équipage) ou encore Jean-Pierre Guéno (Paroles de poilus) et - côté allemand - Erich Maria Remarque (A l'ouest rien de nouveau) ou encore Ernst Jünger (Orages d'acier).

    Que des grands auteurs !

    Il a aussi écouté beaucoup de podcasts de France Inter (Autant en emporte l'Histoire), France Culture (Le cours de l'Histoire et LSD) , la série documentaire, Europe 1 (Au coeur de l'histoire).

    Et bien sûr, il a regardé l'incroyable série documentaire Apocalypse de Daniel Costelle et Isablle Clarke, disponible en DVD.

    En cliquant ICI, vous pouvez accéder à LSD, la série documentaire en 4 épisodes qui sont des archives de l'INA.

    Si vous pouvez vous procurer ce livre, lisez-le : vous ne serez pas déçu.


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