• Je viens de lire un roman historique (vous savez que j'adore l'histoire) très intéressant et bien documenté, Le roi qui voulait voir la mer de Gérard de Cortanze. Ces mots sur le bandeau jaune, c'est bien sûr Gérard de Cortanze qui les a inventés mais... il se pourrait que Louis XVI les ait prononcés.

     Juin 1786 : Le roi Louis XVI décide d’aller à Cherbourg - malgré l’opposition de ses conseillers - constater l'avancement des travaux du port destinés à protéger la cote normande des incursions de l'Angleterre. Il s’embarque donc, en compagnie d'une escorte assez restreinte et sans tout le cérémonial que lui impose la couronne dans un grand périple à travers la Normandie, terre de légendes et de sorcières.

    La visite de Louis XVI à Cherbourg - Louis-Philippe Crépin (1817).

    ☻ J'ai aimé... "Le roi qui voulait voir la mer" de Gérard de Cortanze

    Alors que le roi découvre la misère d'une partie de la population mais aussi l'attachement des paysans à sa personne, les nobles qui l’accompagnent ne cessent de le critiquer, cherchant à l'isoler pour conserver leurs privilèges.

    Quand enfin il verra la mer, ce sera pour lui un enchantement.

    On fait ici la connaissance d’un louis XVI inconnu, intime, ayant une culture solide, parlant l'anglais et lisant plusieurs langues, étonnant les marins eux-mêmes par sa grande connaissance des cartes marines, de la mer et des marins, plus à l’aise avec eux qu’avec son entourage qui cherche constamment à le prendre en défaut : un roi qui se voudrait proche de son peuple et qui  comprendra au retour à Versailles qu’il doit réformer son pays.

    Sa grande connaissance des cartes marines amène celui-ci à préparer lui-même l'expédition de La Pérouse autour du monde, une expédition dont ce dernier ne reviendra pas.

    Louis XVI donnant ses instructions à La Pérouse - Nicolas André Monsiau (1817)

    Il s'agit bien d'un roman

    En effet, l’auteur nous fait pénétrer dans les pensées du roi et dans ses rêves, annonciateurs du sang versé quelques années plus tard, pensées qu’il a nécessairement dû imaginer.

    J’ai aimé ce roman historique qui nous fait découvrir la personnalité d'un roi méconnu, souvent réduit à sa passion pour la serrurerie, à sa fuite à Varennes et à sa fin sur l’échafaud en 1793. Je ne me souviens pas d’avoir jamais entendu souvent évoquer ses qualités, ses compétences, ses ambitions ou ses réalisations.

    L'interview de Gérard de Cortanze

    Gérard de Cortanze est né à Paris en 1948. Il est l'auteur de nombreux romans et éditeur chez Albin Michel.

    Il a à son actif de très nombreuses publications dans des domaines très divers comme l’art ou l’histoire, dont Les enfants s'ennuient le dimanche (Hachette, 1985), Antonio Saura, l’exil biographique (La Différence, 1990), Une chambre à Turin (Editions du Rocher, 2001), De Gaulle en maillot de bain ( Plon, 2007), Frida Kahlo : La Beauté terrible ( Albin Michel, 2011), Pierre Benoit : Le Romancier paradoxal (Albin Michel, 2012, Prix Pierre Benoit 2013 de l’Académie française), Femme qui court, Violette Morris la scandaleuse (Albin Michel, 2019, Prix Historia du roman).

    Je pense que je vais continuer à lire cet auteur, très facile d'accès.


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  •  Je viens de lire un livre presque d'une traite !

    Le soldat désaccordé de Gilles Marchand, paru en 2022, a déjà reçu quatre prix dont le Prix des libraires 2023 et pour moi c'est un vrai coup de cœur.

    Un livre passionnant : le soldat désaccordé de Gilles Marchand

    Ce qui m'a fortement impressionnée, ce sont les recherches que l'auteur, né en 1976, a forcément dû faire pour écrire ce roman qui parle d'amour, avec pour toile de fond la guerre de 14-18, décrite dans ses moindres détails et dans toute son horreur parfois.

    Le dernier poilu est décédé en 2008. Ce livre est un hommage à ces hommes qui ont combattu jusqu'à ce que parfois la mort les emporte pour récupérer l'Alsace et la Lorraine perdues à la guerre de 1870.

    L'ennemi se sentait-il plus français qu'allemand ? Pas facile de répondre à cette question alors que presque tous les mobilisables étaient nés allemands mais de parents et grand-parents français... Alsaciens, sûrement !

    L'histoire

    Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d'amour que le jeune homme a vécue au milieu de l'Enfer. Alors que l'enquête progresse, la France se rapproche d'une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d'espoir dans un monde qui s'effondre.

    Une interview de Gilles Marchand dans La Grande Librairie : ICI.

    Pour vous faire une idée du livre, en voici le début : cliquez ICI.

    Au cours de mes propres recherches, j'ai pu découvrir La Chanson de Craonne, écrite par des soldats français qui s'étaient mutinés après la défaite désastreuse du Chemin des Dames.

    J'ai aussi découvert ce qu'étaient les caporaux de Souain : quatre soldats qui furent fusillés pour l'exemple le 17 mars 1915. Ils avaient été choisis arbitrairement par leur hiérarchie militaire au sein de leur compagnie qui avait refusé de participer à un nouvel assaut voué à l'échec à Souain dans la Marne. Les quatre caporaux furent réhabilités en mars 1934 par la Cour de justice militaire. C'est l'un des cas parmi les plus flagrants et les plus médiatisés de l'injustice militaire durant la Première Guerre mondiale.

    Dans le livre de Gilles Marchand, l'auteur donne ses sources à la fin du roman et conseille au lecteur intéressé de les consulter.

    Il a lu ainsi - côté français - Henri Barbusse (Le feu - Prix Goncourt 1916), Maurice Genevoix (Ceux de 14), Jean Giono (Grand troupeau), Blaise Cendrars (La Main coupée et J'ai tué), Roland Dorgelès (Croix de bois) Guillaume Apollinaire (Poèmes à Lou), Joseph Kessel (L'équipage) ou encore Jean-Pierre Guéno (Paroles de poilus) et - côté allemand - Erich Maria Remarque (A l'ouest rien de nouveau) ou encore Ernst Jünger (Orages d'acier).

    Que des grands auteurs !

    Il a aussi écouté beaucoup de podcasts de France Inter (Autant en emporte l'Histoire), France Culture (Le cours de l'Histoire et LSD) , la série documentaire, Europe 1 (Au coeur de l'histoire).

    Et bien sûr, il a regardé l'incroyable série documentaire Apocalypse de Daniel Costelle et Isablle Clarke, disponible en DVD.

    En cliquant ICI, vous pouvez accéder à LSD, la série documentaire en 4 épisodes qui sont des archives de l'INA.

    Si vous pouvez vous procurer ce livre, lisez-le : vous ne serez pas déçu.


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  • Elena Piacentini est corse et vit à Lille tout comme le suspect principal de ce roman policier que j'ai dévoré à la vitesse Grand V à la fois parce que je devais le rendre à la bibliothèque le lendemain après deux mois de retard... mais aussi parce que le roman m'a tenue en haleine.

    Un livre policier qui fonctionne bien : une femme assassinée, un bébé enlevé, un mari soupçonné et une affaire qui en rappelle une autre. Mais il faut attendre la toute fin du livre pour en comprendre le titre !

    J'ai vraiment été très impressionnée par le style de l'auteure qui manie avec beaucoup de brio la langue française, m'obligeant parfois à relire plusieurs fois la même phrase jusqu'à en comprendre le sens parce que très poétique.

    Elena Piacentini a reçu le prix Transfuge du meilleur polar français en 2017.

    Une écrivaine à suivre...


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  • Je viens de terminer un livre qui m'a beaucoup intéressée mais aussi bouleversée : "La Laveuse de Mort" de Sara Omar (il fait partie des livres qui sont conseillés ce mois-ci par la Bibliothèque Glacière).

    ☻ Un livre puissant de Sara Omar : la laveuse de mort

    Il s'agit d'une fiction mais avec beaucoup d'éléments tirés de la réalité de la vie de l'écrivaine kurde Sara Omar, née en 1986 en Irak et qui s'est exilée au Danemark en 2001 avec sa famille pour fuir le régime de Saddam Hussein.

    ☻ Un livre puissant de Sara Omar : la laveuse de mort

    Ce livre dénonce la culture de l’honneur et l’oppression des femmes au Kurdistan irakien au sein de familles musulmanes conservatrices.

    Vous vous posez la question de l'étrange titre de ce livre ?

    Sara Omar rend hommage dans ce livre à celles qui s’occupent des corps des femmes tuées au nom de l’honneur et que personne ne réclame : 

    « Elles risquent leur vie pour leur permettre de rejoindre le royaume d’Allah. Dans nos cimetières, des tombes ne portent pas de nom : mêmes mortes ces femmes ne sont pas autorisées à avoir leur propre identité. Alors, pour moi, ces laveuses de morts qui agissent avec respect et dignité sont des combattantes de la liberté. » 

     Interview de Sara Omar à propos de la parution de son livre.

    Le livre se lit très facilement.

    Les noms étrangers des personnages étant difficiles à retenir, l'auteure a judicieusement placé un index à la fin du livre pour qu'on puisse s'y retrouver.


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  • Anne Bérest est l'auteur de ce livre que m'a conseillé Marie-Claire, mon amie de Rueil, qui est toujours de bon conseil de façon générale.

    ☻ La carte postale d'Anne Bérest, un livre plein de mystère et d'émotion

     

    C'est une histoire qui court sur une période de presque cent ans puisque Anne Bérest a reçu pour son livre le Prix Renaudot des lycéens en 2021. L'histoire met en scène la narratrice et sa mère qui a reçu vingt ans auparavant, en 2003, une carte postale anonyme qu'elle s'est empressée de ranger dans un tiroir tant elle était synonyme de souvenirs douloureux.

    Anne Bérest, vingt ans plus tard, a envie de découvrir l'histoire de ces quatre prénoms inscrits sur la carte postale, sans autre commentaire : Ephaïm, Emma, Noémie et Jacques. Elle sait seulement qu'Ephaïm et Emma sont ses arrières grands-parents côté maternel, Jacques et Noémie leurs enfants, et qu'ils ont tous les quatre été déportés à Auschwitz en 1942 d'où ils ne sont jamais revenus.

    Aussi, un jour où elle se retrouve en tête à tête avec sa mère, Anne demande à celle-ci de lui parler de cette famille Rabinovitch dont elle ne connaît presque rien. Avec son aide, elle va ainsi mener une véritable enquête et mettra trois ans à retrouver tous les indices lui permettant de mettre un nom sur l'auteur de cette carte postale anonyme.

    Elle aura recours aux services d'un détective privé mais aussi à ceux d'un graphologue spécialiste des écritures anonymes, allant même jusqu'à faire du porte à porte afin de pouvoir dérouler tout le cours de leur histoire tragique : leur départ de Moscou en 1919 où ils sont persona non grata puisque juifs (non pratiquants cependant) pour rejoindre tout d'abord la Lettonie qui vient d'obtenir son indépendance, puis Haïfa au Proche-Orient dans la famille d'Ephraïm avant de s'installer définitivement en 1929 en France où Ephraïm, qui est ingénieur, pense pouvoir faire breveter sa dernière invention. 

    Dans son livre, Anne Bérest raconte aussi comment, étant petite, elle entendait souvent prononcer le mot "juif" sans le comprendre, sa famille, bien que juive d'origine, n'étant pas du tout pratiquante. Difficile pour elle de répondre à la question "Qu'est-ce qu'être juif ?" En écoutant une interview qu'elle a donnée à l'auditorium du Mémorial de la Shoah, j'ai relevé un livre qui l'a marquée, de Nathalie Zadj "Enfants de survivants". Je pense que je vais essayer de me le procurer en bibliothèque.

    Ce livre, c'est aussi l'histoire du non-dit que chacun reproche parfois à ses parents, en leur pardonnant ou pas. Mais ces questionnements, pourquoi attend-on la mort de l'être aimé pour leur en parler... ? Mon père n'a jamais évoqué le stalag dans lequel il a été retenu prisonnier pendant cinq longues années. Sans doute était-ce un souvenir qu'il a préféré évacuer et nous, trop jeunes sans doute à l'époque et occupées avec nos propres vies, nous n'avons pas posé de questions ! Heureusement, tout comme Anne Bérest, nous avons retrouvé après son décès des archives qui parlent.

    J'ai lu ce livre comme on lit un roman policier, et je l'ai adoré !


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