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Ce matin, nous avons rendez-vous avec Françoise pour une visite guidée de l'Esplanade de la Défense dans le cadre de l'atelier "Balades urbaines" de Générations 13. Louis, qui est à la maison depuis quelques jours, m'accompagne.
Le rendez-vous a été donné au groupe au métro Esplanade de la Défense à la sortie duquel se trouve une sculpture intitulée "Les hommes de la Cité", œuvre de France et Hugues Siptrott, conçue en 1991. Elle appartient à l'ensemble des créations qui ponctuent l'Esplanade, véritable Musée d'Art contemporain à ciel ouvert.
En haut de l'escalator, on est tout de suite dans l'ambiance avec ces buildings qui s'élèvent toujours plus haut vers le ciel. Ici, ce n'est plus le Paris d'Haussmann avec ses façades en pierre taillée mais celui des architectes des XXe et XXIe siècles qui ont mis le verre à l'honneur.
► Ce qui suit reprend, en partie, les notes auxquelles Françoise m'a gentiment donné accès.
Le chemin que nous allons prendre est calqué sur celui qui menait de Paris à Saint-Germain-en-Laye (axe historique passant par Le Louvre et l'arc de Triomphe de l’Étoile appelé axe Charles de Gaulle).
La Défense est le plus grand quartier d'affaires d'Europe (quatrième au niveau mondial après New-York, Londres et Tokyo). Il abrite les sièges de nombreuses entreprises françaises et étrangères. On peut y admirer différentes architectures et différentes générations de tours mais aussi une foule d'œuvres d'art.
Avant, il y avait des vignes sur ces terrains (colline de Chantecoq) et on a retrouvé des traces de peuplades et de menhirs.
Dans les années 1920, Nanterre ressemblait à ça.
La Défense, érigée à partir des années 1960, est construite sur 4 communes : Puteaux (essentiellement), Nanterre, Courbevoie et la Garenne-Colombes. On voit sur cette carte qu'elle est divisée en 5 secteurs. Si la Défense doit s'étendre, ce sera au sud, sur la commune de Puteaux où l'on parle déjà d'exproprier les propriétaires de petites maisons...
Nous allons nous promener sur une dalle réservée aux piétons : à la Défense, les voitures circulent en sous-sol.
Nickel !
Les tours de la Défense portent soit un nom soit un numéro, soit les deux. Cette tour, derrière le bassin Takis, est la première à avoir été construite (en 1965). On l'appelle la tour Initiale (anciennement tour Nobel) et elle porte le numéro PB31 (P pour Puteaux, B pour Bureaux et 31 comme numéro sur le cadastre).
Le bassin Takis est ainsi nommé car il est l’œuvre de l'artiste grec, Vassilakis Takis, qui l'a créé en 1988. Il est pourvu de 49 tiges métalliques, d'une hauteur variant entre 3,5 et 9 m dont les extrémités sont munies de formes géométriques colorées et de feux clignotants, eux-mêmes de couleurs diverses. L'EPADSESA (Établissement public pour L'aménagement de la région de la Défense) avait demandé une œuvre visible de jour et de nuit, par les piétons, les habitants des immeubles alentour et les automobilistes. Depuis 2009, Defacto entretient les espaces publics et assure animation et promotion du quartier.
La Défense n'est pas statique : des tours sont encore en construction comme celle-ci dont je n'ai pas réussi à trouver l'entreprise qu'elle va abriter.
Difficile de connaître le nom de toutes les tours qui, pour la plupart sont des tours de bureaux. Il se pourrait que celle-ci soit la tour Alto (?)
On a parfois l'étrange impression que les tours vont tomber ou qu'on est à Pise mais..., il n'en est rien. Il me semble me souvenir que celle de droite est la plus haute de la Défense et même de France, la tour "First" (1974 - 231 m).
Françoise nous montre un banc géant (2,5 fois l'original), une autre œuvre d'art du quartier, Madeleine donnant l'échelle.
Seul Louis arrivera à l'escalader !
Nous laissons derrière nous la tour Initiale avec l'Arc de triomphe à gauche et la tour Eiffel à droite pour emprunter sur 1,5 km un axe appelé Charles de Gaulle qui conduit à la Grande Arche de la Défense.
En direction de la Grande Arche
Cette cheminée d'aération de 32 mètres de haut est devenue une œuvre d'art : elle a été décorée par Raymond Moretti. L'artiste a utilisé 672 tubes en fibre de verre de 2 à 30 centimètres de diamètre, peints de 19 couleurs différentes pour réaliser son œuvre d'art.
Avec ce soleil, certes on ne voit pas les nuages mais on voit de beaux reflets.
A propos de verre, voici la tour Saint-Gobain, enfin... le bas !
En entier (photo SYS & COM)
Un immeuble d'habitations cette fois-ci en béton armé : on parle ici de style "brutaliste".
Cette autre tour, arrondie, porte le doux nom de tour Cornichon - on l'appelle aussi la tour D2 - (D pour Défense et 2 pour 2 cabinets d'architectes). Elle a été inaugurée début 2015 et remplace une autre tour qui a été démolie. Comme quoi à la Défense, rien n'est définitif !
Françoise nous montre ici une œuvre d'art qui dort actuellement dans les sous-sols (40.000 m²) depuis sa création en 1973: il s'agit du "Monstre" de Moretti.
L’œuvre du sculpteur devrait revoir le jour très bientôt sur la dalle.
"La Terre" de Louis Derbré : Les deux personnages en bronze rappellent le mouvement du globe en évoquant toute la puissance de la vie, thème cher à l’artiste issu du milieu agricole.
"Dans les traces de nos pères" de Joseph Jankovic
(béton composite polyester, peinture - 1992)
Nous avons remarqué les jolis entourages des jardinières de cet espace où la nature s'exprime timidement au sein de cet environnement bétonné.
On dirait bien qu'il s'agit d'une chaîne humaine...
Les panneaux indicateurs sont une nécessité pour se repérer dans la Défense qui est une vraie ville dans la ville.
"L'oiseau mécanique" (acier inoxydable) - 1972 - Philolaos, artiste grec
"Les Nymphéas" (acier inoxydable) - 1972 - Philolaos
Où que l'on regarde, on doit lever les yeux comme ici pour admirer la tour Carpe Diem (166 mètres de haut - 3000 personnes y travaillant).
La tour Coeur Défense de Jean-Paul Viguier (2001) a remplacé la tour Esso qui a été démolie elle aussi. Elle est située sur la commune de Courbevoie et représente 160.000 m² de bureaux.
On arrive dans le "dur" avec la Grand Arche, précédée d'une sculpture qui a donné son nom à ce quartier de la Capitale.
Le groupe sculpté de "La Défense de Paris" dû à Louis-Ernest Barrias a été érigé en 1883 à la gloire des soldats qui défendirent la capitale lors de la guerre contre l'Allemagne en 1870. Il a été implanté ici pour le centenaire de la sculpture, en 1983.
Reflets
La tour Légende, ou tour PB6 comme diraient les employés qui y travaillent (rappelez vous : P pour Puteaux, B pour Bureaux et 6 pour son emplacement cadastral), a été construite par l'équipe d'architectes de Pei. La caractéristique principale de la tour réside dans l'extrusion d'une forme conique sur les 26 premiers étages de l'entrée nord ; la tour est donc plus longue à son sommet qu'à sa base.
Une audacieuse architecture
L'entrée nord est également surmontée d'un auvent circulaire de 24 mètres de diamètre.
Je rêve ou j'ai la tête qui tourne... ?
La voie royale de Paris relie l'arc de Triomphe de l’Étoile à la Grand Arche de la Défense.
Un petit arrêt devant la fontaine de Agam
La fontaine monumentale de Yaacov Agam, artiste israélien de l'art cinétique (art qui propose des œuvres avec des parties mises en mouvement par l'effet du vent) en émaux de Venise : c'est un vrai miroir d'eau, comme à Bordeaux !
De dimensions impressionnantes (57m sur 26m, déversoir de 72m), pourvue de 66 jets d'eau montant à 15m, elle fait face à la Grande Arche. Tout comme à Versailles on peut parfois y voir et y entendre des grandes eaux musicales.
On aime ou on n'aime pas...
"La Défonce" de François Morellet : un ensemble de barres d'acier qui composent une forme rectangulaire simple, inclinée et à moitié enfouie dans le sol. L'une des barres transperce un bâtiment situé à proximité.
"Point croissance", une sculpture de l'artiste japonais LIM Dong-Lak (2006) en acier et en bronze : Créée en 1999, elle représente une jeune pousse émergeant d’un globe d’inox sorte de graine cybernétique.
Naturellement, le visiteur s'y photographie.
Nous laissons derrière nous 5 générations de tours...
En direction du CNIT : à droite, la tour Areva (ou tour CB1) - 1974 : sa façade est recouverte de granite sombre dont les fenêtres sont en verre fumé et qui s'élargissent avec l'altitude pour limiter l'effet de hauteur.
Au premier plan, "l'araignée Rouge" ou "Le grand stabile rouge" de Calder, sculpteur américain : 15 m, 75 tonnes, art cinétique, en acier (1976)
L'araignée rouge apparaît dans un film d'horreur "La nuit des traqués" de Jean Rollin avec Brigitte Lahaie (1980).
J'ai eu le coup de foudre pour ces luminaires que j'ai vus depuis dans plusieurs endroits de la capitale (devant la gare Montparnasse entre autres). L'intérêt, c'est qu'on peut y faire grimper de la végétation.
En contrebas, un morceau du mur de Berlin
"Le grand Toscano" d'Igor Mitoraj, sculpteur polonais (1983)
Sculpture néo-classique qui évoque les ruines archéologiques grecques et romaines.
Le Cnit (Centre des nouvelles industries et technologies) est le premier bâtiment construit à la Défense en 1958. Il a fait depuis l'objet de deux restructurations (en 1988 et 2009).
Cliquez pour agrandir la photo.
La tour Sequoia abrite le ministère de la Transition écologique.
"Dieu a une adresse à la Défense" : ce n'est pas moi qui le dit, c'est la Maison d’Église Notre-Dame de Pentecôte. L'église est fermée le dimanche car elle n'est fréquentée que par les gens qui travaillent ici. Elle possède une chorale de Gospel qui se produit plusieurs fois par an.
Une brève visite et une occasion de se soulager...
La Vierge en prière le jour de la Pentecôte du sculpteur Etienne
Nous ne ferons que traverser le Cnit : Françoise nous explique que sa voûte est auto-portée, c'est à dire quelle ne comporte aucun pilier (rapportée à son échelle, la voûte est 20 fois plus mince qu’une coquille d’œuf).
Le chantier du Cnit en 1958
On imagine les savants calculs et l’ingéniosité dont il aura fallu faire preuve.
Le Cnit est maintenant devenu un espace de bureaux (Sncf) et de commerces (Fnac, Hôtel Hilton).
Paris 2024 est passé par là...
A la sortie du Cnit, un des multiples exemplaires du Pouce de César (1981)
La hauteur de la sculpture en bronze est de 12 mètres et pèse 18 tonnes. Symbole phallique, il s'agit d'une commande de la Galerie Claude Bernard dont le thème était "La main, de Picasso à Rodin". Cela a inspiré le sculpteur qui a agrandi son propre pouce quarante fois et en a fait une première version en résine rose translucide.
Dernier regard sur le Cnit
En direction de l'Arche
Au centre, la tour Hekla (nom d'un volcan islandais) ou tour Rose de Cherbourg (2022) de Jean Nouvel : le célèbre architecte nous a habitués à ses tours totalement déstructurées...
"La ronde des Manches à air", œuvre de Daniel Buren
Cette œuvre de l'art cinétique entoure le "cratère" de l'Espace Grande Arche au sein duquel se trouve la Cité de l'Histoire (expérience immersive de l'histoire de France et du monde mais entrée assez chères : 25 euros).
Seize mâts de 10 m de haut en acier galvanisé sont implantés à intervalles réguliers, au sommet desquels sont fixées des girouettes en inox et des manches à air multicolores, en tissu polyester composé de bandes verticales alternativement blanches et colorées de 8,7 cm. Ces gigantesques manches à air de plus de quatre mètres de long, tournent continuellement en suivant la direction du vent, élément prédominant sur l’esplanade. À la tombée du jour, elles se transforment en œuvres lumineuses grâce aux leds placées à l’intérieur des cônes.
La Grande Arche (110 mètres de haut) est l’œuvre d'un architecte danois, Otto Von Spreckelsen. Faite de béton, acier, verre et granit, elle est inaugurée en 1989 par François Mitterand pour le bicentenaire de la révolution et abrite uniquement des immeubles de bureaux. L'espace événementiel et le restaurant gastronomique, La City, qui se trouvaient dans son Toit ont été fermés définitivement en 2023.
Nous en faisons le tour.
Nettement moins de monde sur les marches côté ombre...
Et disons Adieu à la Défense.
Merci Françoise pour cette visite passionnante !
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Ce lundi après-midi, nous sommes allés au cinéma du musée du quai Branly.
Depuis les jardins, on aperçoit la tour Eiffel voisine, hélas en contre-jour à cette heure de la journée.
La séance était gratuite pendant ces petites vacances de Toussaint.
A l'affiche, un film de Abbas Kiarostami, cinéaste iranien, qui a obtenu le Léopard de bronze au festival de Locarno en 1989.
"Où est la maison de mon ami ?"
Synopsis
Un écolier s’aperçoit, alors qu’il se prépare à faire ses devoirs, qu’il a ramené chez lui par erreur, le cahier d’un camarade de classe. Sachant que son camarade risque d’être renvoyé s’il ne rend pas ses devoirs sur son propre cahier, il part à sa recherche. Mais la route est longue et difficile, l’adresse imprécise…
L'explication par "Ecole et cinéma" : cliquez ICI.
La bande-annonce
Nous sommes arrivés, hélas, un tout petit peu en retard au cinéma (le musée du quai Branly est plein de couloirs sans fin) mais pas assez pour ne pas comprendre heureusement.
Un scénario tout simple pour ce très beau film sur la camaraderie joué avec beaucoup de brio par un enfant de huit ans qui se heurte à l'incompréhension du monde des adultes. L'Iran de la campagne dans les années 1990 : la vie au quotidien chez des gens accablés de pauvreté avec des enfants qui travaillent après la classe pour aider leurs parents...
A la sortie, nous sommes allés nous promener à la tour Eiffel voisine, un bail que nous ne l'avions pas vue puisque nous l'avons découverte pour la première fois ceinte par la fameuse barrière de verre anti attentats qui l'entoure maintenant (et qui existe je crois depuis 2018).
Les belles couleurs de l'automne
Une autre fois, nous y monterons peut-être... ?
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En recevant la newsletter de l'Opéra de Paris et son programme 2024-2025, j'ai flashé sur la bande-annonce de Faust.
J'ai tout de suite téléphoné à Arlette pour lui demander si elle serait aussi tentée.
"Eh oui !", m'a t-elle dit.
Nous avons donc réservé deux places pour aller voir cet opéra que nous ne connaissions ni l'une ni l'autre "pour de vrai" et nous nous sommes retrouvées le jour J (mercredi soir 8 octobre) devant l'Opéra Bastille, billets en main, pour assister à l'un des opéras les plus populaires de Charles Gounod.
Nous avions choisi d'être bien placées pour profiter pleinement du spectacle sans avoir à écarquiller les yeux.
Au Premier Balcon, Porte 10, Rang 9, voici notre vue sur la scène.
Pas mal, non ?Résumé du livret de Jules Barbier et Michel Carré
Dans l’Allemagne du Moyen-Age, le Docteur Faust, vieux savant fatigué de la vie, songe à en finir une bonne fois pour toutes lorsque Méphistophélès, le Diable, lui apparaît en chair et en os : rusé, il fait signer à Faust un pacte qui lui garantit une nouvelle jeunesse en échange de son âme. Séduit par l’image de Marguerite, que Satan lui a fait apparaître pour le convaincre, Faust part sur le champ séduire la belle, qui offrira peu de résistance à ses riches cadeaux et à ses élans amoureux. Méphistophélès, bien sûr, ne manque pas de coller à ses pas et d’anticiper ses moindres désirs. Séduite et aussitôt abandonnée par Faust, Marguerite tue l’enfant qu’elle a eu de lui. Emprisonnée pour son crime, elle donnera sa propre vie pour sauver son âme, malgré les efforts contraires du Diable pour en faire – comme Faust – sa propre créature.
En trainant sur le net, j'ai trouvé cette vidéo très amusante qui présente l'opéra.
J'te résume Gounod/Faust
Tobias Kratzer, metteur en scène allemand, situe l'intrigue de nos jours à Paris. Les changements de décors sont nombreux et très réalistes, pas minimalistes du tout comme cela peut être le cas dans certaines mises en scène contemporaines. Et le top, c'est qu'il incruste dans sa mise en scène des effets spéciaux basés sur la vidéo, nous offrant des vues de nuit de la capitale à couper le souffle, allant même jusqu'à nous faire revivre l'incendie de Notre-Dame vu d'avion...
Au lever du rideau, le "vieux" Faust, qui vit dans un appartement cossu, vient de s’offrir les services d’une prostituée qui ne l’a visiblement pas satisfait. Surgit de derrière la bibliothèque Méphisto, entièrement vêtu de noir, une cape noire sur les épaules, entouré par six démons.
L'originalité de la mise en scène tient dans le fait que le rôle de Faust est tenu par deux comédiens, du moins au début et à la fin de l'opéra, le premier, vieux, jouant un rôle muet mais actif sur scène, tandis que le deuxième, jeune, chante le rôle dans l'ombre.
Tobias Kratzer prend aussi quelques libertés avec certains événements du récit. Ainsi, à la fin du premier tableau, il s’envole tel Batman, en agitant les bras, entraînant avec lui Faust dans les airs.
La première scène
Dans la mise en scène de Tobias Kratzer, Valentin et ses amis ne sont pas des soldats mais les membres d’une équipe de basket.
Air de Valentin : Avant de quitter ces lieux (pour partir à la guerre)
Marguerite vit dans une HLM de banlieue, elle rencontre Faust dans une boîte branchée où elle se déhanche tout en consultant son portable.
Vous comprendrez que la mise en scène est complètement d'actualité !
Air de Marguerite (qui a reçu un coffret de bijoux de la part de Faust)
Ah ! Je ris de me voir si belle en ce miroir.
Le sortilège de Méphisto n’est pas permanent, Faust redevient vieux par moment, notamment à la fin de l’acte du jardin alors qu’il s’apprête à monter chez Marguerite pour la posséder. Méphisto prend alors sa place et déflore la jeune fille qui se retrouve enceinte du diable.
Quand Marguerite comprend que Faust l'a abandonnée, elle décide de noyer son bébé.
Le Choeur des soldats (Valentin rentre de la guerre)
Toute la troupe sur scène pour les applaudissements qui ont été fournis bien sûr.
J'ai adoré tout le spectacle !
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J'ai pris du galon récemment dans mon association puisque j'ai accepté, avec quatre autres collègues, de reprendre l'atelier que notre amie Anne tenait depuis sept ou huit ans, intitulé "Marches de 6 km", et que nous avions rebaptisé "Balades urbaines" depuis le printemps dernier. Un gros travail qui m'a pris pas mal de temps et une grosse prise de tête entre les mails à gérer et les fichiers Excel à tenir à jour au fur et à mesure des inscriptions.
Aujourd'hui, c'est le jour du repérage de la première balade que j'organise avec l'aide d'un collègue de l'association, Gérard, qui sera chargé le jour J de guider une partie du groupe - quinze personnes marchant tranquillement - tandis que je guiderai les quinze autres d'un pas un peu plus rapide. Tout ceci, grâce à la précieuse documentation d'Anne que j'ai épluchée depuis plus d'un mois.
La promenade s'intitule "La ceinture verte du Paris populaire" et se passe dans le XXe arrondissement de la capitale.
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C'est devant la baraque du "Relais Tropical", à la sortie du métro Porte des Lilas, que nous nous retrouverons, comme aujourd'hui, à 9h30 du matin.
Anne a noté le trajet dans les moindres détails, ce qui fait qu'à la sortie du métro Porte des Lilas, nous nous dirigeons directement vers le cinéma "Etoile Lilas".
La rue Paul Meurice que nous empruntons porte le nom d'un romancier, ami de Victor Hugo, que celui-ci nomma rédacteur en chef du journal "L'évènement" pour soutenir la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République. Cela lui vaudra de la prison en 1851. La rue a été tracée à l'emplacement de l'ancien parc du château des Bruyères disparu en 1760.
Elle est très végétalisée comme vous le voyez et bordée d'immeubles récents.
Il s'agit d'un tout nouveau quartier constitué de bâtiments éco-responsables.
Nous rejoignons le square Léon Frapié (romancier - prix Goncourt 1904) que nous traversons : au loin, se profilent les deux tours jumelles (à l'origine de bureaux) "Les Mercuriales". L'une d'entre elles a été reconvertie en 2022 en un gigantesque hôtel de 1600 chambres, un des plus grands d'Europe, largement destiné à une clientèle asiatique.
A la sortie du square, un autre espace de verdure : le Jardin Frida Kahlo (artiste peintre mexicaine du XXe siècle) auquel on accède en passant sous une jolie glycine.
Il y a là un jardin partagé orné de plusieurs petites poupées.
Traversée du périphérique
En direction de la Grande Mosquée de Bagnolet : et toujours ces tours jumelles qui nous poursuivent...
La mosquée, qu'il n'est pas possible de visiter, ressemble à l'intérieur à celle de la rue du Puits-de-l'hermite à Paris. Ses piliers, qui cernent l'espace réservé à la prière, sont recouverts de mosaïques du plus bel effet.
De retour dans la rue de Noisy-le-Sec, nous passons devant l'espace de glisse décrit par Anne et apercevons le minaret de la mosquée. L'architecture des Tours Mercuriales, construites en 1977 pour concurrencer le quartier de la Défense, est inspirée de celle des tours jumelles du World Trade Center de New York.
En 1995, le grimpeur français Alain Robert a escaladé une des tours.
Nous descendons ensuite la rue Le Vau (architecte des Tuileries et du Louvre, il a aussi édifié le château de Vaux-le-Vicomte) qui est bordée d'immeubles en briques roses. Il s’agit d’immeubles édifiés sur d’anciennes fortifications, devenus des terrains militaires, puis parsemés de bidonvilles : ce sont des HBM (habitations à loyer modéré). Le projet est hygiéniste : l’heure est au logement social pour limiter la propagation des épidémies dans les taudis des quartiers populaires. Connue pour être un matériau bon marché, la brique est alors plébiscitée par les architectes. S’ils n’auront pas de gros budget pour orner les immeubles, ils redoubleront d’imagination pour égayer l’ensemble, avec une alternance de couleur dans le choix des briques, et l’ajout d’éléments architecturaux en volume (balcons, balconnets, bow-windows, corniches...). Progressivement, ces dernières années, les bâtiments sont réhabilités, pour créer des salles de bain et gagner en isolation thermique.
Après cette longue traversée de la rue Le Vau, nous arrivons en vue du Square Séverine qui porte le nom de l'écrivaine, journaliste française, libertaire et féministe Caroline Rémy (1855-1929), dont le nom de plume était Séverine. Elle est la première femme à diriger un grand quotidien "Le Cri du peuple" brièvement en 1871, puis de 1885 à 1888, en collaboration avec Jules Vallès.
D'un côté les immeubles HBM du XIXe siècle
De l'autre les Tours Mercuriales du XXIe siècle
Nous voici arrivés à la Porte de Bagnolet, première étape de notre balade. C'est là que certains participants pourront quitter le groupe s'ils se sentent fatigués.
Le café qui fait l'angle de la place de la Porte de Bagnolet avec la rue de Bagnolet annonce la couleur : nous sommes bien dans le XXe arrondissement.
Au numéro 148 de ladite rue se trouve le Jardin de l'Hospice Debrousse.
Le Pavillon de l’Ermitage (1734), au fond du jardin, est l’unique témoin de la splendeur du château de Bagnolet, qui occupait ces terres au tout début du 18e siècle. C'est la dernière "folie" parisienne de style Régence. Propriété depuis 1719 de Françoise-Marie de Bourbon, fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan, le domaine qui couvrait près de 56 hectares fut morcelé et le château démoli dès 1770. Sous la Révolution, ce Pavillon appartenait au baron de Batz qui fut compromis en 1793 dans une infructueuse tentative d'évasion du roi. Le nom du pavillon de l’ermitage ne vient pas de sa situation un peu isolée, mais des peintures murales, qui représentent des ermites en méditation.
On peut le visiter lors des Journées du patrimoine ou des Rendez-vous au jardin.
A la sortie du parc par la rue des Balkans, nous rejoignons la rue de Bagnolet. Nous sommes maintenant dans l'ancien village de Charonne dont voici une peinture par Etienne Bouhot (1836).
Au numéro 136, des escaliers témoignent du passé de la rue : celle-ci a été creusée au milieu du XIXe siècle pour que les maraîchers de retour de Paris gravissent plus facilement la pente.
L'église Saint-Cyrille-Saint-Méthode, en forme de croix grecque, a été construite entre 1935 et 1962 (la guerre a interrompu les travaux) par l'architecte Henri Vidal. Il s'agit d'une église relativement petite car il y avait peu de moyens dans ces quartiers pauvres de la capitale pour lutter contre la déchristianisation...
La verrière est de Paul Bony (1958).
On peut y voir aussi un vitrail de Pauline Peugniez (1890-1987), une élève de Maurice Denis (pas de photo).
Juste en face, se trouve l'église Saint-Germain-de-Charonne du XIIIe siècle qui a failli disparaître. Seul son clocher est d'origine. Restaurée pendant sept ans, elle est à nouveau ouverte depuis 2016. C'était la paroisse du village de Charonne : jolie, petite, avec des vitraux et un orgue refaits au XXe siècle.
L'église s'est rendue célèbre dans la dernière scène du film "Les tontons flingueurs" - le mariage -, où l'on voit l'environnement (le quartier Saint-Blaise) ainsi que l'intérieur de l'église dans la scène des tontons agenouillés sur des prie-Dieu pendant que la voiture de la bande rivale explose...
Il y a un paquet de répliques cultes dans ce film...
"Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît". (Fernand Naudin/Lino Ventura)
"Patricia, mon petit, je ne voudrais pas paraître vieux jeu ni encore moins grossier. L'homme de la Pampa parfois rude reste toujours courtois mais la vérité m'oblige à te le dire, ton Antoine commence à me les briser menu". (Fernand Naudin/Lino Ventura)
"Vous avez beau dire, y'a pas seulement d'la pomme, y a aut'chose... Ca serait pas des fois de la betterave ?". (Paul Volfoni/Jean Lefebvre)
Une volée de marches conduit à l'église et au cimetière attenant (une exception à Paris avec le cimetière de Montmartre).
D'une surface de 41 ares, il comporte 650 sépultures.
A l'entrée, une plaque a été apposée le long du "mur des fédérés" (un épisode sanglant de la Commune de Paris en 1871).
Les "Fédérés" étaient des soldats de la Garde Nationale (créée à la Révolution) qui, pendant la guerre contre l'Allemagne en 1870, se sont révoltés contre le gouvernement de Thiers alors basé à Versailles qui a capitulé devant Bismarck.
Dans le cimetière, on remarque la tombe de la famille d'André Malraux.
Au fond, la tombe de François Bègue alias "Père Magloire", peintre en bâtiment, ou serrurier, et aussi un peu rebouteux (ce qui lui permit d'acquérir une fortune rondelette), ce personnage excentrique au sujet duquel beaucoup de choses ont été dites : il faisait courir le bruit qu'il aurait été le secrétaire de Robespierre, aurait échappé in-extremis au 9 thermidor, aurait créé une rose qui porte son nom...
Il avait en réalité une imagination débordante !
Il acheta cet emplacement en 1833 et y fit édifier ce monument avec du matériel de récupération. Son inhumation fut joyeuse, comme en témoigne ce poème valant épitaphe retranscrit dans le Dictionnaire des rues de Paris de Jacques Hillairet.
« Il nous faut chanter à la gloire / De Bègue François-Eloy / Ami rare et sincère / Fit mention dans son testament / Qu’il fut enterré en chantant. / Pour le fêter en bon vivant / Il nous laissa chacun cinq francs / En vrais disciples de Grégoire / Versons du vin et puis trinquons / buvons ensemble à sa mémoire ; / C’est en l’honneur de son trépas / Qu’il a commandé ce repas ». On raconte que cet ivrogne au grand coeur aurait été inhumé avec une bouteille. Il est évidemment un élément puissant de la culture populaire du « village de Charonne ».
Les chats sont les habitués du cimetière où ils sont nourris pas la population locale.
La tombe de Robert Brasillach : entré à l'ENS en 1928, il collabora à l’Action Française à partir de 1930. Il fut l’auteur d’une Histoire du cinéma et d’une Histoire de la guerre d’Espagne. Ses romans constituèrent une sorte de quête du bonheur. Épousant toutes les thèses du fascisme, il devint rédacteur en chef de "Je suis partout" (1937-1943) où il joua un rôle de premier plan dans la propagande pro-vichyste, puis pro-nazie. A la Libération, sa condamnation et son exécution le placèrent au centre des débats sur la responsabilité politique de l’écrivain.
Après avoir été inhumé au carré des fusillés du cimetière de Thiais, il fut transféré au cimetière du Père-Lachaise puis au cimetière de Charonne.
Et puis, dans une partie plus éloignée du cimetière, il y a la tombe de Marie de Miribel. Fille de général, dame d'honneur de la duchesse d'Orléans, catholique, frappée par la misère qui règne dans ce village de Charonne, elle se met au service des pauvres et des malades (infirmière), elle fut résistante pendant la deuxième guerre mondiale, puis se consacra à l'aide aux anciens prisonniers et déportés.
A la sortie du cimetière, face à l'église, nous empruntons la rue Saint-Blaise, autre artère principale du village de Charonne autrefois dénommée "grande rue Saint-Germain".
Une rue pavée et piétonne qui a gardé dans sa première partie le cachet du passé avec ses petits immeubles aux volets de bois datant du XIXe siècle. Bourgeois et aristocrates y mettaient volontiers leurs enfants en nourrice et s'y faisaient construire des demeures de plaisance qui ont aujourd'hui disparu (emplacements aux N° 2,5 et 26).
D'élégants pots de fleurs ornent l'ensemble de la rue.
Ça donne envie de s'installer en terrasse, non ?
Le XIXe siècle a laissé de belles propriétés...
Mais les XXe et XXIe siècles ont aussi marqué de leur empreinte ce quartier charmant un peu hors du temps comme ici avec cette jolie réalisation d'un immeuble sans doute éco-responsable.
Juste en face, la place des Grès tire son nom d'un ancien dépôt de pavés "les grès de Fontainebleau". Ici, au Moyen-Age se tenait un poteau de justice doté de "carcans d'infamie", celui des seigneurs de Charonne : les malfrats qui y étaient exposés, attachés par un carcan, étaient soumis aux huées de la foule puis emmenés plus loin dans le XXe, rue de la Justice, pour y être pendus ou décapités.
Les statues de grès qui ornent la place font schématiquement penser à un couple.
Plus bas dans la rue Saint-Blaise, une porte de style Louis XV est surmontée d'un mascaron à tête de Neptune, unique vestige d'une maison de plaisance du XVIIIe siècle où était établi de 1836 à 1906 un pensionnat tenu par des religieuses "Les sœurs de la Providence de Portieux (Vosges).
Deux pas plus loin, ayant pris l'impasse du square de la Salamandre, nous voici dans un tout autre environnement : des immeubles modernes tranchent avec l'architecture précédente.
La végétation y est présente malgré tout et l'ensemble a de la gueule.
Le square, très bien aménagé pour les jeunes enfants, tire son nom d'un jeu en bois.
Dans la rue Courat que nous venons d'emprunter, deux "tags" ont attiré mon regard.
Celle-ci débouche sur la rue des Maraîchers que nous empruntons après être passés sous les voies de la Petite Ceinture.
Ici encore, il ne s'agit pas d'immeubles haussmanniens mais bien d'un bric et broc de petits immeubles de différentes hauteurs : c'est le Paris populaire du XXe arrondissement.
Ça et là, des grilles de fer donnaient accès, autrefois, aux usines du quartier. Le numéro 77 abrite désormais le siège d'une association humanitaire.
Au numéro 94, une autre cour d'usine où se trouve maintenant les locaux d'un bureau d'études et pollution des sols.
Au passage dans la rue des Maraîchers : une fresque : "La trompette de Loys" d'Ojidjo
Nous voici maintenant dans le quartier de la Croix-Saint-Simon, près de la Porte de Montreuil que nous allons bientôt rejoindre. C'est là que Marie de Miribel choisit d'habiter et, avec quelques bénévoles, elle y multiplia les fondations : dispensaire, colonies de vacances, centre anti-tuberculeux, maternité, bibliothèque, centre de formation ainsi qu'un hôpital sans cesse agrandi avec une école d'infirmières, l'Hôpital de la Croix-Saint-Simon.
Une tour-clocher polygonale ressemblant à une lanterne des morts s'élève contre le mur latéral droit de la Chapelle Saint-Charles de la Croix-Saint-Simon.
La façade de la chapelle est ornée d'un tympan sculpté représentant le Christ en Majesté.
La nef de l'église est à trois travées.
Le chœur est pourvu d'un déambulatoire où l'on peut admirer un Christ du XVe siècle.
J'ai bien aimé la couleur des vitraux qui donnent un ton chaud à son intérieur ainsi que le Chemin de Croix réalisé en mosaïques.
De style néo-roman (elle a été construite au XXe siècle), cette chapelle possède entre autres deux belles mosaïques.
Celle-ci abrite une statue de Sainte-Thérèse de l'enfant-Jésus, œuvre du sculpteur Paul Landowski.
Cette autre est dédiée à la Vierge.
J'ai aussi trouvé très belle et non conventionnelle cette Jeanne d'Arc entourée par les flammes. On a tellement l'habitude de la voir casquée ou sur un cheval...
Au fond de la Chapelle, des photos légendées illustrent la vie de la Franciscaine.
Cliquez pour agrandir la photo.
Ainsi s'achève cette agréable promenade en contournant l'hôpital de la Croix-Saint-Simon à l'angle de la rue des Rasselins qui rejoint la Porte de Montreuil.
Merci Anne pour la documentation qui m'a permis de préparer cette balade !
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Hélas, trois fois hélas, cette balade que j'avais programmée pour le jeudi 10 octobre a dû être annulée à cause de la dépression Kirk qui a fait tomber sur la capitale quelques 70 litres d'eau au mètre carré... Bien sûr, ce n'est que partie remise !
2 commentaires -
Pour terminer cette petite virée en pays de Loire, nous nous sommes arrêtés sur la route du retour à Germigny-des-Prés, petit village rendu célèbre par son église carolingienne renfermant une mosaïque de style byzantin, aussi ancienne que l'église, et unique en France.
Germigny-des-Prés doit son nom à Germinacus, un général romain de l'époque gallo-romaine. Ce dernier a fondé ici une villa gallo-romaine (le mot "villa" désigne une exploitation agricole) qui va échoir par voie d’héritage et par rachat à l’abbaye de Fleury à Saint-Benoit-sur-Loire, voisine.
C'est l'un de ses abbés, Théodulphe, également évêque d'Orléans, chargé par Charlemagne de réformer le système scolaire, qui fit construire l'oratoire - c'est-à-dire une chapelle privée - au tout début du IXe siècle. Il venait en effet régulièrement se reposer à la villa.
A l'origine, l'oratoire avait la forme d'une croix grecque puis, au fil des années, il a pris la forme caractéristique des églises d'aujourd'hui, la croix latine.
L'oratoire est cerné de tamaris.
Nous avons fait tout d'abord le tour de l'église.
Au-dessus de la porte d'entrée latérale, une inscription en latin : grâce à mes lointains souvenirs de terminale et un petit peu grâce à Google traduction, j'ai réussi à en trouver la traduction. Ça vaut ce que ça vaut !
"Moi Théodolphe, j'ai consacré ce temple à Dieu, et chaque fois que tu y vas, je te prie, souviens-toi de Dieu."
C'est tout au bout, dans l'abside, que se trouve la fameuse mosaïque d'époque carolingienne. Au passage, on peut voir des lustres qui habillent le plafond. Ils sont une création des "Ateliers Loire Chartres" (2003) et évoquent par leur forme les couronnes royales carolingiennes.
J'ai remarqué l'élégance des bancs de l'église, qui sont modernes bien sûr.
L'entrée de l'abside est barrée par une corde afin de protéger la Piéta qui y est exposée.
Celle-ci date du XVIe siècle et est en bois de chêne. Fabriquée dans un atelier de sculptures bourguignon, elle représente la Vierge éplorée tenant le corps de son fils à la descente de croix.
On raconte que ce sont des enfants du village qui ont permis de retrouver la mosaïque en cul-de-four qui orne le plafond de l'abside. Ils jouaient avec des "cubes de verre" trouvés dans l’église. Imaginez la surprise des archéologues lorsque, au XIXe siècle, sous le badigeon, ils ont mis à jour une mosaïque datant de dix siècles... Celle-ci avait, en effet, été recouverte en 1792 d’un badigeon pour éviter les pillages. De mauvaise qualité, celui-ci s’est effrité avec le temps et des tesselles sont tombées. L’église est alors classée, restaurée, reconstruite en partie : c’est l’une des plus anciennes de France.
La mosaïque représente l'Arche d'alliance (le coffre contenant les Tables de la Loi transmises à Moïse). Cette dernière est surmontée de deux chérubins et est encadrée de deux archanges entre lesquels apparaît la main de Dieu.
130.000 tesselles composent cette mosaïque d’inspiration byzantine : des cailloux de la Loire, des morceaux de céramique antique, des tesselles en verre teinté ou recouvertes d’une feuille d’or. Théodulphe refusait les images de Dieu, du Christ, de la Vierge et des Saints. Il souhaitait ne pas les représenter sous forme humaine pour ne pas favoriser l’idolâtrie. Pour montrer la présence de Dieu, il a donc choisi la représentation de l’Arche d’alliance (ces renseignements proviennent de Justine Prely, jeune guide conférencière à l’office de tourisme du Val de Sully).
Sous la mosaïque se trouve une inscription : “Vois ici et contemple le saint oracle et ses chérubins : Ici resplendit l’arche du testament divin. Devant ce spectacle, efforce-toi de toucher par tes prières le maître du tonnerre, Et ne manque pas, je t’en prie, d’associer Théodulphe à tes vœux.”
L'arche et les chérubins qui en ornent le couvercle
Détail de l'un des deux archanges
Une inscription en haut d'un pilier à droite du chœur stipule que l'église a été consacrée le troisième jour des nones de janvier 806. L'inscription sur le pilier de gauche est un faux fabriqué en 1847 lors des premières restaurations de l'église.
On voit bien sur cette photo l'éclairage donné par la tour-lanterne située au centre de la croix grecque.
Au fait, je pense que j'ai photographié le faux !
Dans une absidiole latérale, une statue de Sainte-Anne, la mère de Marie, datant du début du XVe siècle.
Mais quelle idée de toujours mettre les œuvres d'art rare en contre-jour au lieu de les éclairer par une petite lampe !
C'est fini pour la visite de l'oratoire.
Joli, tout de même, non ?
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