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☻ Escapade entre sœurs en Bourgogne : Jour 2 - Auxerre (la ville, la Cathédrale et l'Abbaye)
L'épisode précédent (la visite de Chablis et du musée Pierre Merlier), c'est ICI.
Ce matin, nous poursuivons notre périple bourguignon avec la visite d'Auxerre où nous sommes arrivées hier soir. Ma chambre donne sur cette rue conduisant à la place Charles Surugue.
Au centre de celle-ci, une fontaine surmontée d'une statue en bois peint représente Cadet Roussel, de son vrai nom Guillaume Joseph Rousselle, huissier de justice à Auxerre au XVIIIe siècle, rendu célèbre par la chanson si bien connue de tous les enfants, écrite par Gaspard de Chenu.
Cadet Roussel y est représenté en compagnie des ses “trois gros chiens”, de “ses trois beaux chats” et d’une hirondelle, comme dans la chanson.
Que représente ce visage au sein d'une sorte d'écu : peut-être le chansonnier ?
Nous avons déjà emprunté la rue de l'Horloge hier soir mais c'est un vrai plaisir de la prendre tellement elle est jolie.
Chemin faisant, nous arrivons en vue de la Cathédrale Saint-Etienne que nous avons vue hier de l'extérieur. C'est au début du Ve siècle qu'un premier édifice fut bâti à cet emplacement.
Le portail Sud présente des scènes de la vie de Saint Jean-Baptiste et de la Vierge.
Malheureusement, la révolution est passée par là...
Séduit par l'art "français" d'Ile-de-France appelé plus tard "gothique", le jeune et dynamique évêque Guillaume de Seignelay décide au début du XIIIe siècle de remplacer l'ancien édifice roman du XIe siècle dont subsistent aujourd'hui les cryptes et leurs superbes peintures murales.
La nef et sa voûte datent des XIVe et XVe siècles et forment une belle unité avec le chœur du XIIIe.
L'élévation de la nef est à trois niveaux : grandes arcades, triforium aveugle et fenêtres hautes.
Magnifique, non ?
Le chœur est superbement éclairé par de grandes verrières mais cette photo ne rend pas l'impression que l'on éprouve sur place.
De très beaux vitraux du XIIIe siècle également dans le déambulatoire.
La verrière du transept n'a rien à leur envier.
Cliquez sur l'image pour mieux admirer les détails.
C'est ici que toutes les voûtes se rejoignent...
Un vitrail beaucoup plus moderne maintenant : celui de Jeanne d'arc à cheval par Edouard Socard, maître verrier parisien en 1914.
Ici un tableau rendant hommage à Saint-Etienne dont la cathédrale a pris le nom. Il s'agit de la lapidation de Saint-Etienne (anonyme du XVIe siècle).
Etienne est condamné à la lapidation non pas pour blasphème contre le Temple mais contre Dieu (on ne prononce pas le nom de Dieu dans la religion juive), pour avoir prononcé ces mots : "les cieux ouverts et le Fils de l'Homme à la droite de Dieu." Les archéologues fixent le lieu de son martyre sur le site de la basilique Saint-Etienne de Jérusalem.
Tout autour du déambulatoire,
de curieuse têtes sculptées plus ou moins grimaçantes : quel est ce personnage qui porte un château sur la tête... ? Je n'ai pas trouvé de réponse.
Ici, un ange visiblement
Jolies arcades...
Ici, un diable à forme humaine
Aurait-il pris ici la forme d'un crapaud... ?
Ou d'un animal plutôt inquiétant, même si non identifié... ?
Des végétaux maintenant, dans lesquels se cachent des oiseaux...
Ou bien même un visage !
Dans cette église l'orgue n'est pas placé comme traditionnellement, au fond de l'église. Il est ici disposé sur l'aile Nord de la Cathédrale tandis que le pupitre de l'organiste se trouve dans le transept.
On pense que la cathédrale fut dotée d’un orgue dès le 14ème siècle. Après de très nombreuses restaurations, le facteur Dominique Oberthur de Saintes l'a reconstruit en 1986 au même emplacement dans un nouveau buffet résolument moderne.
La statue de Notre-Dame des Vertus (XVIe siècle) a miraculeusement échappé à la Révolution.
Descente vers la crypte romane édifiée entre 1023 et 1030. Elle servait de soubassement au chœur de la cathédrale romane bâtie par l'évêque Hugues de Châlons.
Celle-ci est très vaste.
Trois nefs séparées par des piles carrées flanquées de demi-colonnes engagées,
un déambulatoire,
et une chapelle absidiale (la Chapelle de la Trinité) recouverte de fresques datant probablement du XIe siècle.
Dans le cul de four de l'abside, un Christ en majesté assis sur un trône dans une forme polylobée. Sous sa main gauche un livre ouvert portant un Alpha et un Oméga (le Christ dans l'apocalypse dit "Je suis l'Alpha et l'Oméga"). Dans sa main gauche, il tient le globe surmonté de la croix, signe de sa souveraineté universelles. De sa main droite, il bénit de trois doigts (représentation de la Trinité). Les deux chandeliers à sept branches signifient que le Christ est le véritable grand prêtre.
Sur la voûte, une fresque structurée par une grande croix avec au centre un cavalier, le Christ, monté sur un très beau cheval blanc.
Celui-ci est entouré par quatre autres cavaliers ailés : les quatre cavaliers de l'apocalypse.
Un dernier regard à la crypte avec ce pilier de baie géminée portant un chapiteau à triple collerette.
Et c'est la sortie...
Nous retournons dans la Cathédrale pour visiter son Trésor : j'y ai vu quelques très beaux objets.
Mon œil s'est arrêté sur cette Châsse-reliquaire en émail de Limoges du XIIIe siècle.
Et sur ce crucifix en cuivre doré et émail champlevé du XIVe siècle.
Statuette de Saint-Etienne en faïence du XVIIe siècle : il est représenté ici avec les pierres de son supplice.
Vierge à l'Enfant - Faïence du XVIIe siècle
Bénitier : Saint Bruno - faïence du XVIIe siècle
Je le saurai que Saint-Etienne a été lapidé - enfin, pas tant que lui !
Adam et Eve chassés du Paradis - La chute d'Adam - cuivre repoussé (XVIIe siècle)
Le chef-d'œuvre du Trésor de la Cathédrale est une peinture sur ardoise représentant La mise au tombeau du Christ de Luca Penni (Ecole de Fontainebleau - première moitié du XVIe siècle).
Nous continuons à arpenter les rues de la ville, nous dirigeant maintenant vers l'abbaye Saint-Germain.
L'enseigne d'un maître-verrier
A l'horizon, le clocher de l'Abbaye
L'abbaye Saint-Germain est une ancienne abbaye bénédictine qui tire ses origines de l'oratoire Saint-Maurice, fondé au Ve siècle par Saint Germain d'Auxerre, évêque d'Auxerre de 418 à 448. C'est aussi le Musée d'art et d'histoire de la ville.
Germain est l'une des figures marquantes de l'épiscopat gaulois. Menant au départ une vie plutôt dissolue, il "rentre dans le rang" en 418 après avoir été consacré évêque d'Auxerre et part lutter contre l'hérésie en Bretagne (actuelle Angleterre). Il forme Saint Patrick, évangélisateur de l'Irlande en 432. Au cours d'un voyage à Ravenne, il meurt mais son corps est rapatrié à Auxerre comme il le souhaitait : il est enterré dans l'oratoire qu'il avait dédié à Saint Maurice.
Voici le chœur de l'église Saint-Germain : il est isolé de la nef par une très élégante grille en fer forgé.
Vue d'ensemble du transept (photo patrimoine-histoire.fr)
Statue "Ecce Homo" du XVIe siècle en pierre polychrome
Vue sur la nef depuis l'entrée de la crypte archéologique
Linteau de porte romane : Au centre, une tête humaine menacée par deux lions et à droite un avare menacé par un démon.
Trois petits tours et puis s'en vont !
Nous entrons ensuite dans le cloître, qui invite à la méditation : des chaises-longues y sont en effet installées pour permettre au pèlerin de se recueillir ou au visiteur d'admirer la façade de l'abbaye.
La tour Saint-Jean, à droite de l'image, est maintenant, depuis la Révolution, détachée de l'abbaye.
Les colonnes du cloître actuel (édifié par les Mauristes à partir de 1779) cachent en partie l'entrée de la Salle capitulaire d'origine.
Chapiteau ornant l'entrée de la salle capitulaire
La Salle Capitulaire : après l'église, cette salle est la plus importante du monastère. Les moines s'y réunissent tous les matins pour écouter un chapitre de la règle de saint Benoît.
Chapiteaux de la Salle capitulaire
Dans la Salle capitulaire, on peut voir une "pierre-reliquaire" creusée dans un bloc de calcaire, mentionnée pour la première fois dans un texte du XIIe siècle. Ses quatre compartiments étaient destinés à recueillir différentes petites reliques.
Le cellier (lieu où l'on conservait les aliments) donne la mesure de l'importance du monastère. Il présente ici une exposition contemporaine constituée de vidéos.
En montant cet escalier, on accède au musée d'art et d'histoire de la ville.
Nous voici à l'époque de la Gaule romaine avec cette statue de Mercure, dieu des voyageurs, en calcaire, provenant d'un quartier d'habitat. En parti nu, dans une pose en partie déhanchée, Mercure porte un vaste manteau agrafé sur l'épaule droite, sa chevelure bouclée apparaît sous un pétase (chapeau à larges bords que portaient les voyageurs) aux ailes courtes.
Déesses-mères
La Gaule romaine a produit une grande quantité de ces déesses-mères au visage impassible, portant un ou deux enfants qu'elles allaitent ou non. Elles symbolisent à la fois la terre-mère et la fécondité dans son sens le plus universel et pas seulement la maternité, plus facilement attribuée, en Gaule, à Vénus.
Risus (buste d'enfant rieur)
Les risus étaient déposés au pied des berceaux pour arrêter les pleurs des bébés. Leur large sourire faisait aussi fuit les mauvais esprits.
En voyant cet escalier, vous aurez compris que si vous voulez visiter le musée d'art et d'histoire d'Auxerre, il faudra vous y rendre par vos propres moyens...
Une ville superbe que je ne suis pas prête d'oublier !
L'épisode suivant (ICI), c'est la visite de Joigny.
Tags : Auxerre, Cathédrale, Trésor, Abbaye Saint-Germain, musée d'art et d'histoire
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