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Kesako l'ukiyo-e... ?
Non non, ce n'est pas du chinois... c'est du japonais !
Fière de ma science toute nouvelle (elle date d'hier...), je vous en fais profiter : l'ukiyo-e (terme japonais signifiant "image du monde flottant") est un mouvement artistique japonais de l'époque d'Edo (*) comprenant non seulement une peinture populaire et narrative originale, mais aussi et surtout des estampes japonaises gravées sur bois.
(*) Edo est l'ancien nom de Tokyo. L'époque d'Edo se situe entre 1603 à 1868.
Comme dirait Monsieur Jourdain, j'aimais l'ukiyo-e sans le savoir depuis plus de 30 ans, date à laquelle j'avais découvert un peintre japonais nommé Hokusaï à travers une exposition du Centre Culturel du Marais. Par la suite, j'avais revu certaines de ses estampes en visitant la maison de Claude Monnet à Giverny (il en possédait une belle collection qui est maintenant exposée dans la montée d'escalier).
Hokusaï est, entre autres, célèbre pour son estampe de "La Vague" qui est la première d'une série de 36 vues qu'il a réalisées sur le mont Fuji.
Tiens tiens : qui dit Claude Monnet dit "impressionisme" et justement, ça tombe bien : c'est de cela que je voulais vous parler aujourd'hui ! Tout du moins de l'un de ses plus célèbres représentants qui est à l'affiche à Paris en cet automne : la Pinacothèque présente en effet jusqu'au mois de mars 2013 une quarantaine des tableaux de Van Gogh en regard d'estampes du peintre japonais Hiroshige (prononcer Hiroshigué), dessinateur, graveur et peintre d'estampes du XIXème siècle qui l'a beaucoup inspiré à l'époque du Japonisme. Les japonais comparent Hiroshige à Léonardo da Vinci...
En fait, avec mon amie Marie-Claire, nous avions décidé aujourd'hui de sortir "en filles" histoire de refaire un peu le monde (qui ne tourne pas toujours aussi rond qu'on le souhaiterait...) en agrémentant le tout d'un petit restau sympa... Bonne idée, non ?
Mais passons aux choses sérieuses : la découverte du Japon par Van Gogh se fait à travers les oeuvres de plusieurs artistes japonais dans la boutique d’un marchand parisien d’estampes et de gravures japonaises, Samuel Bing. Là, il peut consulter librement tout ce qu'il veut, fouiller dans les armoires et admirer sans limite les réserves de ce "fou" du Japon. Il achète d'ailleurs avec son frère Théo toute une série d'estampes japonaises qu'il expose au printemps 1887 au café du Tambourin à Montmartre.
Pour s'imprégner de leur style, il copie quelques unes des estampes des maîtres japonais.
A gauche, Hiroshige : pruneraie à Kameido
A droite, Van Ghog : japonaiserie (pruniers en fleurs)
A cette étape de sa vie, Van Gogh est déjà névrosé. Quand il est à Arles dans le Midi, dans sa tête il est au Japon, ou tout au moins dans le Japon tel qu’il l’imagine. Chacun des plans qu’il choisira pour ses paysages ou dans ses scènes de genre sera toujours en référence à l’art de Hiroshige.
L'affiche de l'exposition Van Gogh s'intitule "rêves de Japon"...
Hiroshige
Plâtriers travaillant au château Yoshida et vue sur le pont au dessus du fleuve Toyo (1833-1834)
Van Gogh
Champ de blé clôturé sous le soleil et les nuages (1889)
Hiroshige
Hommes allumant leur pipe devant le mont Asama (1838-1842)
Van Gogh
Le bon samaritain (1890)
Hiroshige
Groupe d'hommes aveugles et temple Yugyo (1833-1834)
Van Gogh
Pont basculant à Nieuw-Amsterdam (1889)
Hiroshige
Le Pont Inari et le sanctuaire de Minato sur la gauche vus
à travers les mâts des bateaux à Teppozu (1857)Van Gogh
Vue sur les Saintes Maries de la mer (1888)
Hiroshige
Mont Fuji au matin à Hara (1833-1834)
Van Gogh
Le semeur (1888)
Hiroshige
Plage des Maiko dans la province des Harima (1853)
Van Gogh
Oliveraie (1889)
Hiroshige
Vue d'Ueno, de l'autre côté de l'étang de Shinobazu (1857)
Van Gogh
Pins au coucher du soleil (1889)
L'exposition "Van Gogh Rêves de Japon" est très bien présentée : les tableaux de Van Gogh inspirés de Hiroshige sont présentés en regard de panneaux verticaux décorés de papier japonais où ont été imprimées des reproductions des estampes du peintre. Juste en face dans la même rue, vous pouvez aussi aller découvrir les estampes originales de Hiroshige : l'exposition s'intitule "Hiroshige, l'art du voyage".
Inutile de vous dire que nous avons beaucoup aimé ces deux expositions.
Les expositions sont ouvertes à la Pinacothèque jusqu'au 17 mars 2013
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