• "Le MuséoParc Alésia" d'Alise Sainte-Reine

     Ce mercredi, étant en Bourgogne pour affaires..., nous en avons profité pour faire une balade en direction d'Alise Sainte-Reine où s'est ouvert en mars dernier un MuséoParc ayant pour thème la bataille d'Alésia. Sur notre route, Bussy-le-Grand possède une belle église entourée d'un cimetière superbement situé face au Château de Bussy Rabutin.

     Bussy le grand (vue sur la campagne)

     Le château de plus près...

     Bussy le grand (Le Château de Bussy Rabutin)

     Bussy le grand (l'église)

     L'église renferme une belle chaire en bois polychrome du XVIIème siècle ainsi qu'un cyborium en pierre destiné à conserver les huilles saintes.

    Bussy le grand (Intérieur église)

     Bussy-le-grand--Cyborium-.jpg

     Mais continuons notre promenade. Depuis le site de l'ancienne ville gallo-ramaine d'Alise, le paysage est magnifique. Normal : nous sommes en Bourgogne !

     Alise Sainte-Reine (vue sur la campagne)

     Bon, évidemment je triche grâce à internet pour vous montrer cette vue d'avion beaucoup plus spectaculaire et surtout plus explicite que les ruines que l'on voit à ras du sol... Au premier plan, le théâtre, puis derrière un ensemble constitué du temple, de la Basilique civile et du forum et enfin, au fond, les maisons du village.

     La-ville-Gallo-ramaine-vue-d-avion.JPEG

    Dans le village, la cave aux amphores était la réserve d'un marchand de comestibles. Dans les niches, prenaient place de grandes jarres que l'on remplissait probablement d'huile.

     Alise-Sainte-Reine--Cave-aux-jarres-d-huile-.jpg

     La ville gallo-romaine née après la défaite de Vercingétorix fût prospère notamment grâce à l'activité d'artisans bronziers. Composés d'une grande dalle calcaire supportée par des blocs verticaux, les "fours des bronziers" permettaient de faire du feu pour la production en série d'objets en bronze.

     Alise-Sainte-Reine--Les-fours-bronziers-.jpg

     Mais revenons en arrière, plus précisément pendant l'été de l'année 52 avant J.-C.

     César, qui a entrepris la conquête des Gaules, vient d'être défait à Gergovie par une jeune chef arverne nommé... Vercingétorix. Celui-ci, après que sa cavalerie ait été décimée par les romains près de Montbard, se retranche avec ses troupes dans l'oppidum d'Alésia situé sur le mont Auxois.

     Et c'est là que César vient l'assiéger...

    Un très beau musée retrace ce siège et la défaite qui s'ensuivit pour le chef arverne. L'architecte en est le suisse Bernard Tschumi. Pour info, c'est le même architecte qui a fait le zénith de Rouen. Le voici devant le "MuséoParc Alésia".

     Bernard-Tschumi-architecte-du-MuseoParc-Alesia.jpg

     On accède au musée depuis le parking par une allée bordée d'arbres.

     Muséo parc Alésia - Le bâtiment

     Comme vous le voyez, le bâtiment circulaire (de 52 mètres de circonférence, un clin d'oeil à la date de la bataille...), possède une terrasse arborée, ce qui lui permet de bien s'intègrer à la nature. Son revêtement de bois (une résille de mélèze) est un rappel aux fortifications que César fit construire pour encercler les armées gauloises. Il constitue aussi un véritable bouclier thermique limitant la consommation énergétique du musée.

     Muséo parc Alésia - Le bâtiment de près

     L'intérieur est très épuré : du béton "calepiné" partout. Moi, j'aime. Une rampe d'escalier en pente douce permet d'accéder au premier étage où se trouve l'espace d'exposition.

     Muséo parc Alésia - intérieur du bâtiment

     Une petite faim nous tenaillant, nous prenons place à la terrasse du restaurant située en rez-de-chaussée et agréablement ombragée par un "toit" ajouré en poutres de bois.

     Muséo parc Alésia - la terrasse

     Puis, nous nous lançons à l'assaut du premier étage !

     A l'entrée, une sérigraphie représente Jules César déroulant le manuscrit de "De Bello Gallico", autrement dit "La guerre des gaules", unique témoignage des événements.

     Muséo parc Alésia - César

    La "galerie du combat" mène à l'exposition mais attention : elle est redoutable... Il s'agit de passer entre les gaulois (en bleu à gauche) et les romains (à droite en rouge) !

     Museo-parc-Alesia---les-combattants.jpg

     Le décor est planté !

     Un-soldat-gaulois.jpg

     A gauche le pied d'un combattant gaulois, à droite celui d'un soldat de César.

     Pieds-combattants.jpg

    Après avoir parcouru la frise chronologique rappelant l'histoire de la crise que subit Rome au long de son histoire, nous découvrons un mur mettant en présence les deux armées. Gaulois à droite, romains à gauche.

     Ici, le "train" des bagages des gaulois

     Muséo parc Alésia - le train des bagages des gaulois

     Là, le "train" des bagages des romains. Ya pas photo : les romains sont plus disciplinés !

     Muséo parc d'Alésia - le train des baggages des romains

     Des vitines présentent par ailleurs l'habillement et l'armement des deux armées. Ce sont majoritairement des reconstitutions : il y a relativement peu d'objets authentiques mais l'ensemble est très réussi.

     Ici, un bouclier gaulois reconstitué

     Muséo parc Alésia - reconstitution d'un bouclier gaulois

     Là, des "caligae" romaines

     Muséo parc d'Alésia - Caligae

     Enseignes romaines reconstituées

     Muséo parc d'Alésia - enseignes romaines

     Enseignes gauloises reconstituées

     Muséo parc d'Alésia - Enseignes gauloises

     Dans l'oppidum d'Alésia, Vercingétorix s'est retranché avec 60 à 80.000 hommes... et il attend le renfort d'une armée alliée de quelque 240.000 hommes et 8000 cavaliers.

     Plutarque raporte dans sa "Vie de César, XXVII, 1 - 8"

    « Alésia passait pour imprenable en raison de la taille de ses remparts et du nombre de ses défenseurs »

     César, lui, a construit une double rangée de fortifications : une "contrevallation" (pour affamer l'ennemi à l'intérieur de l'oppidum) et une "circonvalation" (pour se protéger de l'arrivée des renforts éventuels).

     et César dans "la Guerre des Gaules, VII, 73-7"

    « Mis au courant par des déserteurs et des prisonniers, César entreprit les travaux que voici. Il creusa un fossé de vingt pieds de large…, il creusa deux fossés larges de quinze pieds et chacun de profondeur égale, il remplit le fossé intérieur, dans les parties qui étaient en plaine et basses, d’eau qu’il dériva de la rivière. Derrière ces fossés, il construisit un terrassement surmonté d’une palissade, dont la hauteur était de douze pieds […] On coupa donc des troncs d’arbres ayant des branches très fortes et l’extrémité de celles-ci fut dépouillée de son écorce et taillée en pointe ; d’autre part, on creusait des fossés continus profonds de cinq pieds. On y enfonçait ces pieux, on les reliait entre eux par le bas, pour empêcher qu’on les pût arracher, et on ne laissait dépasser que le branchage. Il y en avait cinq rangées, reliées ensemble et entrelacées : ceux qui s’engageaient dans cette zone s’empalaient à la pointe acérée des pieux. On les avait surnommés les cippes. Devant eux […] en rangées obliques et formant quinconce, des trous profonds de trois pieds […] On y enfonçait des pieux lisses de la grosseur de la cuisse, dont l’extrémité supérieure avait été taillée en pointe et durcie au feu ; on ne les laissait dépasser le sol que de quatre doigts […] Le reste était recouvert de branchages et de broussailles afin de cacher le piège. On en fit huit rangs, distants les uns des autres, de trois pieds. On les appelait lis, à cause de leur ressemblance avec cette fleur. En avant de ces trous, deux pieux longs d’un pied, dans lesquels s’enfonçait un crochet de fer, étaient entièrement enfouis dans le sol ; on en semait partout et à intervalles rapprochés ; on leur donnait le nom d’aiguillons [...] « Ces travaux achevés, César, en suivant autant que le lui permit le terrain la ligne la plus favorable, fit sur quatorze milles de tour, une fortification pareille à celle-là, mais inversement orientée, contre les attaques du dehors »

     Museo-parc-d-Alesia---plan-de-l-oppidum-et-des-fortificat.jpg

     Des fortifications ont été reconstituées sur une centaine de mètres : succession de fossés remplis d'eau, de barrières, de pieux, de palissades et de tours de guet : tout y est !

     Muséo parc d'Alésia - les fortifications 2

     Pas engageants les abords des fortifications...

     Muséo parc d'Alésia - les fortifications

     Entre les deux rangs de fortifications, le camp des romains. L'après-midi, le musée organise une animation entre des soldats romains et des soldats gaulois : le centurion donne ses ordres en latin pour faire plus vrai ! Nonobstant la chaleur étouffante ce jour-là, c'est amusant.

     Muséo parc d'Alésia - animation soldats

     L'armée de César se compose de 10 à 12 légions, soit 40 à 70.000 hommes. Elle est organisée en cohortes, manipules, centuries et décuries. La décurie se compose de 10 hommes. La manipule (2 centuries) comporte un porte-enseigne, un musicien et un agent de liaison. Chaque centurie (comprenant 8 à 10 décuries) est commandée par un centurion. Tout ce petit monde loge dans des tentes plantées dans l'espace inter-fortifications tout autour de la tente de Jules César.

     Muséo parc d'Alésia - le camp de Jules César

     Le siège dure 2 mois et se solde par la défaite des gaulois. Comme le dit la légende, Vercingétorix dépose ses armes aux pieds de César.

     Peinture de Lionel Royer (1899) : la rédition de Vercingétorix

     Vercingetorix-depose-les-armes.jpg

     Le Conseil général de Côte d'Or place le site de la bataille d'Alésia à Alise Sainte-Reine. Normal, non ?

     Voici une vue du site présumé de la bataille depuis les fortifications du musée.

     Muséo parc d'Alésia - site d'Alise Sainte-Reine

     Une statue de Vercingétorix (par Aimé Millet et Eugène Viollet-le-Duc) commandée par Napoléon III qui se passionnait pour l'histoire romaine et la Guerre des Gaules domine le mont Auxois. Elle ressemble étrangement à l'empereur...

     Alise-Sainte-Reine--Statue-de-Vercingetorix-1-.jpg

     Alise-Sainte-Reine--Vercingetorix-2-.jpg

     D'autres archéologues contestent ce lieu : ce sont principalement les partisans du site de Chaux-des-Crotenay dans le Jura qui est beaucoup plus escarpé mais qui s'adapte comme un gant aux écrits laissés par César et les auteurs de l'époque. C'est l'archiviste et paléographe André Berthier (1907 - 2000) qui est à l'origine de cette "école". C'est par une étude à distance (depuis Constantine où il était en poste dans les années 60) qu'André Berthier réalise une carte topographique idéale de l'emplacement de la bataille d'Alésia. Il étudie ainsi de nombreux emplacements et arrive à la conclusion que c'est à Chaux-des-Crotenay que s'est livrée la bataille. A partir de 1964, plusieurs autorisations de fouilles lui sont accordées, notamment par André Malraux pour de très brèves périodes.

     A ce jour, les autorisations de fouilles demandées par les archéologues de l'école d'André Berthier sont régulièrement refusées... L'avenir tranchera peut-être ? mais gageons que la partie sera rude maintenant que le musée est construit !

     A Alise Sainte-Reine, un autre projet doit voir le jour en 2016 : celui d'un  musée archéologique qui évoquera, à partir de nombreux objets et vestiges, la vie des gaulois de depuis la préhistoire.

      On visite le MuséoParc à l'aide d'un audioguide et ma foi, c'est très bien fait. Les enfants peuvent choisir une version qui leur est adaptée. Ah j'oubliais : il y a aussi un film d'une vingtaine de minutes qui retrace la bataille, sur écran géant !

    A voir sans restriction !

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