• ☻ Marches de 6 km avec Générations 13 : de La Fourche au Tribunal de Paris

    Dans le cadre des "Marches de 6 km" qu'organise mon amie Anne à Générations 13, j'ai guidé une promenade dans le XVIIe arrondissement de Paris aboutissant au nouveau Tribunal de Paris où nous avons pu assister à une audience de la 23e chambre correctionnelle.

    Le rendez-vous était donné au métro Place d'Italie. De là, nous avons rejoint la station de métro La Fourche, départ de la balade.

    Depuis l'avenue de Clichy, nous enfilons la rue de la Condamine (de son prénom Charles Marie : explorateur et scientifique français du XVIIIe siècle) et passons devant quelques beaux immeubles en pierre de taille comme celui-ci aux N° 20-22 datant de 1901,

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     ou cet autre au N°43 de la rue Nollet qui croise la rue de la Condamine.

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    Un peu plus loin, la rue Truffaut (du nom du propriétaire de la rue) : au N°28, deux charmants pavillons datant de la première moitié du XIXe siècle encadrent une grille en fer forgé et permettent l'entrée à un petit hôtel particulier situé au fond de la cour. Ce fut, dit le net, la demeure des parents de Paul Verlaine entre 1857 et 1859.

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    Au N°20, une jolie grille en fer forgé à décor de feuillage

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    Nous empruntons ensuite la rue des Dames (ainsi nommée car elle conduisait autrefois à l'abbaye royale Notre-Dame de Montmartre, fondée au XIIe siècle par Louis VI).

    Au N°43, un immeuble très élégant possède un beau balcon en fer forgé.

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    Dix numéros plus loin, au N°53, un bâtiment en briques et pierre appartient à Enedis. Il s'agit d'une ancienne usine électrique. En 1900, cette société d’éclairage était l’une des six qui alimentait la Capitale.

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    Tout en haut du bâtiment, un fronton néoclassique, décoré de panneaux de céramique brune, précise la date de construction : "Anno 1890".

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    Les trois premiers niveaux sont bâtis en pierre de taille, mais laissent apparaître une structure métallique.

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    Au sommet des pilastres, des éclairs sculptés symbolisent la puissance électrique.

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    La salle des machines était derrière, dans un grand hall de 57 mètres de long, invisible depuis la rue. Puis se trouvait une cheminée de près de 50 mètres de haut, et derrière encore, la salle des chaudières, en sous-sol. L’ensemble était conçu pour "assurer le service de 45.000 lampes à incandescence de 10 bougies", et alimenter les quartiers des Epinettes, de Batignolles, de la Plaine-Monceau, de l'Europe, du Roule, de la Madeleine, des Grandes-Carrières et de la Chaussée-d'Antin.

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    Nous avons maintenant rejoint l'avenue de Clichy où se trouve la Mairie du XVIIe. Une "pelle Starck" en raconte l'histoire.

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    Voici à quoi ressemblait l'ancienne mairie à son inauguration en 1849 en présence du futur Napoléon III. On l'appelait "Le biscuit de Savoie" à cause de son campanile.

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    L'ensemble de l'édifice fut détruit en 1952, le campanile menaçant de s'effondrer. Regardez la photo ci-dessous où le campanile s'envole comme un ange !

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    Une nouvelle mairie, ultra moderne, vit le jour en 1973.

    Evidemment, ça change... mais il faut vivre avec son temps, non ?

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    La façade de ce bâtiment résolument moderne a été végétalisée grâce à l'adjonction d'immenses bacs à fleurs suspendus.

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    Nous avons visité l'intérieur sous le prétexte de toilettes (Anne prévoit toujours des pauses techniques dans les balades qu'elle propose) et nous avons eu raison car il y a là un superbe escalier, oeuvre de l'architecte d'intérieur Raphaël : des marches de marbres pour le côté classique, une rampe en bronze pour le côté novateur et une main-courante recouverte de cuir pour le confort.

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    Bien en évidence à l'entrée de la mairie, un panneau présente des photos de personnalités ayant habité le XVIIe arrondissement.

    Pour en découvrir la liste, cliquez ICI.

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    J'ai pris ces deux photos, côte à côte d'Auguste Bartholdi, l'homme de la statue de la Liberté à New-York, et de Claudine Coster, actrice et épouse de Robert Manuel.

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    Petit souvenir de notre visite à la Mairie

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    Triste actualité...

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    Dans la rue Bridaine que nous avons rejointe (Jacques Bridaine était missionnaire au XVIIIe siècle à l'église Sainte-Marie-des-Batignolles), deux immeubles remarquables.

    Au N°11, celui-ci avec ses bow-windows,

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    Au N°7, cet autre de style Art nouveau.

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    L‘arc de la fenêtre en fer à cheval du premier étage possède un décor sculpté, signé « Véraza », qui constitue l’élément le plus remarquable de cette façade.

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    Au bout de la rue, nous prenons la rue Lamandé (du nom d'un architecte français de la fin du XVIIIe siècle) où se trouve au N°15 l'Ecole polonaise. Celle-ci a été créée à Chatillon-sous-Bagneux en 1842. Le 3 avril 1843, fut donné un concert avec la participation de Frédéric Chopin ainsi que des artistes français parmi lesquels la célèbre actrice Rachel. L'argent ainsi récolté fut consacré aux besoins de l'école.

    L'Ecole fut déplacée ici dans le quartier des Batignolles en 1844.

    Les bâtiments de style Louis XIII en brique, pierre et ardoise, sont disposés autour d'une cour fermée par une grille - décorée de l'aigle polonais - encadrée par deux pavillons.

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    Elle fut fondée pour accueillir les enfants des immigrés polonais suite à l'échec de l'insurrection de 1830 contre le roi de Pologne Nicolas Ier, proche du tsar. Les étudiants et les enseignants de l'école polonaise participèrent plus tard à l’Insurrection de Janvier 1863 contre l'empire russe, à la guerre de 1870-1871 contre la Prusse et à la Commune de Paris. Ces événements ont été commémorés par une plaque placée sur le mur dans la cour de l'école.

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     Dans la cour, un buste de Séverin Gałęzowski (1801-1878), médecin-chirurgien et bienfaiteur de l'école, par Cyprien Godebski, sculpteur franco-polonais.

    J'adore l'enfant, en bronze, qui écrit sur la stèle en polonais : A LA FRANCE HOSPITALIERE.

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    Cliquez ICI pour accéder à un document très détaillé sur l'Ecole polonaise.

     Nous voici maintenant arrivés devant l'église du quartier, Sainte-Marie des Batignolles. La légende dit qu'un ouvrier aurait trouvé, lors des travaux de fondation, une statuette de la Vierge qui a disparu depuis. Plus sûrement, la Duchesse d’Angoulême avait souhaité que la dédicace de la nouvelle église soit faite à sa sainte patronne.

    L'aspect actuel de l'église, qui est construite en ciment armé et est de style néo-classique, date du milieu du XIXe siècle. Elle a la forme d'un temple grec. Son fronton triangulaire est soutenu par quatre colonnes. C'est l'une des rares églises qui ne possède pas de clocher. Elle possède cependant une cloche - Etiennette - dans un petit campanile construit en 1857 à la suite d'un projet de construction de deux clochers qui ne verront pas le jour.

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    L'intérieur n'a rien d'extraordinaire.

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    On peut cependant y voir une Assomption de la Vierge de style rococo (artiste anonyme) éclairée par un puits de lumière naturelle.

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    Juste derrière l'église, l'entrée du square des Batignolles

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    A l'origine, un vaste terrain vague servait d'entrepôt aux matériaux de démolition. En 1835, il fut transformé en place publique, la place de la Promenade. Chaque année, le premier dimanche après le 15 août, la fête patronale du village réunissait les Batignollais. Durant quinze jours, forains, acrobates, clowns, théâtres ambulants boutiques et attractions les plus variées s'installaient ici.

    Sous Napoléon III, la capitale se dote de nombreux parcs et jardins à l'image des squares anglais (l'Empereur avait ramené ce goût des jardins d'un voyage en Angleterre). C'est ainsi qu'en 1876 l'ingénieur Jean-Charles Alphand transforme la place en jardin.

    Nous empruntons l'allée centrale du parc, l'allée Barbara, qui rend hommage à l'autrice, compositrice et interprète (1930-1997) qui habitait à proximité.

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    Le square est agrandi en 1894, et le buste de Léon Dierx, parnassien sacré "Prince des Poètes" en 1898, inauguré en 1930. Le Parnasse est un mouvement qui s'oppose au Romantisme. On connait peut-être mieux Leconte-de-l'Isle ou José-Maria de Hérédia, non ?

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    Le parc a été conçu comme un jardin à l'anglaise, légèrement vallonné, avec une grotte, une rivière, une cascade et un lac miniature. Au fond, le kiosque traditionnel des jardins haussmanniens.

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    Une végétation très exotique y fut plantée à la fois pour émerveiller les sens mais aussi pour montrer la puissance du Second Empire, capable de faire vivre des espèces venant de tous les horizons climatiques.

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    Tout comme au parc Montsouris, au parc Montceau ou aux Buttes-Chaumont, les espaces aquatiques sont enjambés par des petits ponts munis de rembardes en ciment aux dessins végétaux.

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    De La Fourche au Tribunal de Paris (audience de la 23e Chambre correctionnelle) avec Anne

    Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

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    Coin-coin les Colverts !

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    L'étape suivante est la traversée du Parc Martin Luther-King voisin.

    Le parc rend hommage au pasteur Martin Luther-King (1929-1968), prix Nobel de la Paix en 1964. Il lutta contre la discrimination raciale aux Etats-Unis où la ségrégation était alors légale. Prônant l'action non violente pour obtenir l'égalité des droits civiques, il marqua particulièrement les esprits avec son discours "I have a dream" le 28 août 1963 à Washington.

    L'entrée n'est guère accueillante mais..., ne vous y fiez pas !

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    On aperçoit au loin et au centre de la photo, le nouveau Tribunal de Paris avec ses terrasses végétalisées.

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     Le parc est un terrain de jeux formidable pour les jeunes car il possède de nombreux équipements sportifs.

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     Le printemps montre le bout de son nez avec ce camélia en fleurs.

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    Il s'agit d'un quartier résolument moderne : le parc a ouvert en 2007 alors qu'aucun bâtiment n'était encore sorti de terre. Bâti sur une friche ferroviaire de 50 ha, le nouveau quartier de Clichy-Batignolles change rapidement de visage entre 2016 et 2020. On y compte actuellement quelque 7500 habitants.

    Cliquez ICI pour voir le plan du parc et ses aménagements : vous verrez le petit bonhomme le parcourir !

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    C'est grâce à notre amie Anne que nous avons fait cette belle balade.

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    Qui dit friche ferroviaire dit ballast : flore et faune adaptées sont réunies ici pour évoquer la mémoire du rail.

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    Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

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    Sympas ces immeubles bardés de bois dans l'écoquartier...

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    Cet ancien bâtiment - qui sert actuellement de toilettes - est celui de l'ancienne forge : il était utilisé au XIXe siècle par les ouvriers de la SNCF comme le maréchal-ferrant etc.

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    La passerelle et la forge accueillent maintenant un restaurant "Le Hoba" mais celui-ci est fermé le jeudi.

    Le HO, c’est ce belvédère avec une terrasse extérieure. Au menu de cette grande halle vitrée : un food court organisé autour de chefs·fes engagés·es à vous proposer une cuisine durable et un grand bar pour des rafraîchissements tout aussi frais et consciencieux. 

    En BA : cette ancienne forge du XIXe siècle vous accueille dans une ambiance plus intimiste autour d’une programmation riche qui ira au-delà de l’assiette et investira la cuisine ouverte et le forum d’échange. Et si vous voulez seulement vous rafraîchir, vous serez comme des coqs (et des poules) en pâte dans notre café central.

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    Nous arrivons au niveau de la pièce d'eau (alimentée par les eaux de la Seine décantée et filtrée par un système de plusieurs bassins successifs) qu'aucun chemin ne traverse.

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    Deux moyens pour la franchir : soit on prend la passerelle qui l'enjambe, soit les ascenseurs. C'est cette dernière solution que nous choisirons.

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    Vue sur le parc depuis la passerelle

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    Les voies de chemin de fer de la Petite Ceinture

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    On dirait bien que la pelouse est habitée...

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    En effet, des oies bernaches l'ont colonisée.

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    Chemin faisant nous arrivons à l'autre extrémité du parc où se trouve une sculpture représentant un grand livre. A l'occasion de sa visite d'Etat en 2014, Sa Majesté la Reine Elizabeth II a souhaité offrir un présent aux parisiens : il s'agit de l'Open Book, une création de Diane Maclean. "

    Symbole de l'amitié entre nos deux nations, cette sculpture est "Un livre ouvert que nous écrivons ensemble".

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    A l'intérieur du livre, un miroir teinté

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    Et vu de dos, de jolis reflets apparaissent reflétant, si l'on regarde bien, l'image du Tribunal de Paris.

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    Nous voici sortis du parc au niveau du Boulevard Berthier : là, se trouvent trois bâtiments dont les architectures s'affrontent : au premier plan les réserves (décors et costumes) de l'Opéra de Paris et les Ateliers Berthier-Odéon, annexe du célèbre théâtre parisien (anciens entrepôts de décors de l'Opéra de Paris), et au second plan à droite le Tribunal de Paris, œuvre de l'italien Renzo Piano (l'architecte du Centre Pompidou).. 

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    Un dernier regard sur le quartier Clichy-Batignolles

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    La traversée des maréchaux se fera sur ce pont.

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    Nous empruntons la rue du Bastion, longeant l'immeuble moderne du siège du Crédit Mutuel. Voyez-vous le tribunal se refléter dans la vitre... ?

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    Le N°36 de la rue du Bastion : un numéro qui n'a pas été donné au hasard : il s'agit bien sûr de la nouvelle Direction de la Police Judiciaire qui se situe désormais ici depuis son déménagement du N°36 Quai des Orfèvres en septembre 2017.

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    Evidemment, cela change de son ancien emplacement, sur l'île de la Cité !

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    Juste derrière, le Tribunal de Paris a été conçu par Renzo Piano et réalisé par Bouygues.

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    Nous passons devant la Maison des Avocats.

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    En bonne compagnie pour la pause du midi à la boulangerie du coin

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    Nous voici devant l'entrée du Tribunal composé de quatre blocs dont les terrasses sont arborées (mais fermées au public et même aux avocats : elles sont réservées aux magistrats, prestige oblige...) : il semble nous toiser du haut de ses 38 étages répartis sur une hauteur de 160 mètres.

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    L'intérieur du bâtiment, tout de verre vêtu, est un immense espace qui s'étend du sol au plafond sur les six étages desservis par des escaliers roulants. Anne a écrit sur la fiche qu'elle m'a donnée que ce palais de justice se devait d'être beau, spacieux, clair et rassurant pour les justiciables.

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    Un plafond de verre illumine l'ensemble.

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    A l'intérieur, des phrases extraites de la Déclaration universelle des droits de l'homme - 1948 (René Cassin)

    L'article 9

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    L'article 1

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    Nous avons pris les escalators pour bien profiter de ce grand espace inondé de lumière.

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    Article 6 : "Toute personne a le droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable."

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    Vue plongeante...

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    Françoise Feugeas, une fidèle des promenades d'Anne, a gentiment proposé d'organiser cet après-midi au tribunal pour nous permettre d'assister à une audience.

    Françoise nous donne d'abord quelques informations sur le nouveau tribunal : il est l'œuvre de Renzo Piano (87 ans à ce jour), a été inauguré en 2019 et a coûté 2,4 milliards d'euros. L'état va devoir payer pendant 27 ans un loyer de 90 millions d'euros par an avant d'en devenir le propriétaire. 700 personnes (?) y travaillent et 4000 personnes s'y croisent chaque jour. Les boxes de garde à vue se trouvent dans les sous-sols : ils remplacent la "souricière" de l'ancien Palais de Justice de la Cité. Il est donc impossible de croiser les détenus dans les couloirs. Il s'y pratique des audiences civiles et pénales. Il y a ici 800 bureaux de magistrats et 1200 bureaux de greffiers...

    Nous choisissons d'assister à une audience pénale dans la 23e chambre correctionnellecelle des comparutions immédiates (petite délinquance).

    Françoise nous montre un schéma de la configuration de la salle N°1.

    De La Fourche au Tribunal de Paris (audience de la 23e Chambre correctionnelle) avec Anne

    Bien sûr tous les téléphones ont été éteints : la photo ci-dessous vient du net.

     Voici la salle dans laquelle nous avons passé presque trois heures.

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    La session commence tous les jours autour de 13h30 et se termine après de longues heures de débats souvent tard, une fois que tous les dossiers ont été traités, parfois même après minuit, nous dit Françoise. 

    Le tribunal est composé aujourd'hui de jeunes femmes de moins de 30 ans : une Présidente et ses deux assesseures, une Procureure. Il y avait aussi une greffière qui parcourait la salle en apportant les dossiers concernés et une autre à l'ordinateur pour enregistrer les débats. Quant aux avocats, tous jeunes eux aussi, il y avait un seul homme mais au moins quatre femmes parmi ceux de la Défense tandis que la Partie Civile était assurée par un seul avocat (ce dernier n'a pas eu à intervenir dans la partie de l'audience à laquelle nous avons assisté).

    Les prévenus qui sortent de garde à vue sont amenés dans le box vitré par des policiers et - cela m'a frappée - ils se tiennent les mains dans le dos même s'ils ne sont pas menottés.

    Quant au public, il s'assoit sur les bancs qui, je vous l'assure, font mal aux fesses après plusieurs heures !

    Nous avons vu défiler quant à nous pas mal de prévenus, tous très jeunes (entre 18 et 25 ans), presque tous impliqués dans ce qu'on appelle "les produits" (le cannabis, la cocaïne, l'héroïne et la méthamphétamine), avec parfois un profil psychiatrique, souvent élevés par une mère seule.

    Le cas des deux cousins, eux aussi mêlés à un trafic de drogue, et qui sont solidaires entre eux, m'a particulièrement touchée.

    La Présidente et la Procureure avaient l'air chevronnées, en tout cas pas tendres. Nous n'avons pas eu le courage d'attendre les délibérations ce qui fait qu'on est restés un peu sur notre faim...

    Merci à Anne et à Françoise pour cette journée fort intéressante.

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    Si vous voulez, vous pouvez lire ci-dessous l'article de Emile Benech, journaliste à Ouest-France : il vous donnera une idée de ce qu'est une comparution immédiate et de ce à quoi nous avons assisté.

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    La comparution immédiate est une procédure rapide et de plus en plus utilisée, créée pour désengorger la justice française, en difficulté. À la 23ème chambre, on voit donc passer beaucoup de monde, d’horizons parfois différents, mais souvent ancrés dans la même précarité.

    A 13h30, l’audience doit commencer. L’huissier coordonne les derniers préparatifs avec habilité. Il jongle entre ses dossiers, afin de savoir quel prévenu faire entrer en premier, sachant que tel avocat manque à l’appel, que tel dossier est introuvable, ou que tel prévenu n’a pas encore effectué son enquête de personnalité. Il se passe encore 30 minutes d’attente avant que le tribunal entre. Le tribunal, c’est trois juges : un président, dans le cas présent une présidente, et deux assesseurs. Lorsque ces derniers arrivent, l’huissier lance un tonitruant « Levez-vous, le tribunal ! » Le tribunal s’installe, la salle s’assied. La présidente explique brièvement la séance d’aujourd’hui. Elle sera chargée, puisqu’il s’agit d’entendre quinze prévenus en cinq heures. Vingt minutes seraient donc allouées par prévenu en moyenne.

    Le palais a beau avoir changé, s’être agrandi, être plus moderne, son principe reste inchangé. Dans la salle d’audience 2.05 du tribunal de grande instance de Paris (TGI) séjourne la 23ème chambre correctionnelle. Celle des comparutions immédiates, la procédure la plus rapide du système correctionnel français. Elle consiste à faire juger un prévenu directement après sa garde à vue, sur décision du procureur. Le délit, puisque la 23ème chambre ne s’occupe ni des crimes ni des contraventions, doit être puni d’au moins 2 ans de prison, ou six mois s’il s’agit d’un flagrant délit. Ces audiences, se passant autrefois sur l’île de la Cité, dans le palais de justice historique, ont déménagé et se déroulent aujourd’hui dans la super structure judiciaire finie l’année dernière. Cette dernière, haute de 160 mètres, trois fois plus grande que le palais de justice, doit représenter la justice de demain. L’effet visuel est assuré par les grands espaces et la blancheur du palais, où les boiseries et les plafonniers ont laissé place aux escalators et aux grands espaces aseptisés. Entrer dans la salle 2.05, c’est aussi voir la modernisation de l’architecture judiciaire. L’espace est resserré, le tribunal a quitté sa posture dominatrice, et a été- un peu- abaissé. Les prévenus paraissent dans un box vitré, mais, à la suite d’un mouvement des avocats, ouvert. Pour que la défense puisse s’adresser à ses clients sans barrière. L’un des avocats commis d’office s’en réjouit brièvement, un gain « d’humanité » selon lui. La procureure, en face de lui, semble grincer des dents.

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    La salle d’audience 2.05 du TGI de Paris : la vitre qui le clôture a été retirée suite à un mouvement de grève des avocats.

    Lorsqu’on assiste à une audience d’une chambre correctionnelle comme la chambre des comparutions immédiates, on s’attend à avoir en face de nous des délinquants, des vrais. Et il y en a. Mr Bouazar (Tous les noms ont été changés) semble en faire partie, d’ailleurs. Il est soupçonné de violence sur quatre policiers dans l’exercice de leurs fonctions. Il aurait agressé ces policiers, puis, enfin maitrisé, les aurait menacés de mort en criant : « je suis Daech ». A l’audience, Mr. Bouazar est agité, il demande la parole, puis ne la souhaite plus. Son avocate lève les yeux, et demande contre l’avis du prévenu une expertise psychiatrique. Celle-ci sera retenue, avec un renvoi afin de permettre aux présumées victimes d’assister à la comparution. Sur les onze prévenus de cette audience, seuls trois étaient pourtant soupçonnés de délits violents.

    Durant les coupures, brèves mais récurrentes, Me Richman, avocat pénaliste, raconte. Lui, qui a un cabinet qui marche plutôt bien, continue à venir pour s’occuper de commissions d’office parce qu’il juge ça nécessaire. Il a « de la bouteille », et s’en sert ici. Plus jeune, il n’arrivait pas forcément à trouver de bonne stratégie de défense pour ses clients. Aujourd’hui, il pense que son travail est plus d’apprendre à son client à dire la vérité.

    Idir, lui, a 19 ans. La police l’arrête dans une voiture le voyant pianoter sur un téléphone portable. Le jeune homme a l’air tendu, s’en suit une fouille, et l’on découvre sur lui 15 grammes de cocaïne. Il explique avoir été forcé de ramener la drogue d’un point à un autre après avoir commis une erreur. A-t-il le profil d’un dealer ? Pas vraiment, selon l’avis- fait assez rare pour être énoncé- et du procureur et de la défense. Il vit chez ses parents, bien intégré, a un casier vierge et suit un BTS d’informatique à l’université Paris 2. Mais cela ne suffira pas à convaincre le tribunal. Après délibération, le verdict tombe, Idir purgera une peine d’un an de prison.

    On fait surtout face, lors de cette audience, à une précarité installée. Nombre de ceux qui vont être entendus aujourd’hui sont sans domicile fixe. Le premier, c’est Kristian. Ce polonais de 23 ans, qui a besoin d’un interprète, est ici pour le vol d’un fût de bière au Carrefour et pour avoir, sous l’effet de l’alcool tenté d’allumer un feu dans sa cellule. Kristian a du mal à s’exprimer, mais il explique avoir des problèmes psychologiques suite à ses dernières années passées dans la rue. Il a essayé de se jeter d’un pont l’année dernière. Après délibération, le tribunal décidera d’une peine de 8 mois de prison.

    Au fur et à mesure des auditions, on sent des tensions s’installer. Le manque de temps, puisque les dossiers s’enchainent, mais pas assez vite, et que l’audience prend beaucoup de retard. L’émotion des auditeurs, qui parfois apparentés aux prévenus, et qui lâchent des exclamations ou des pleurs lors des rendus de délibérés. La sévérité du parquet, aussi, qui demande exclusivement des peines de prisons fermes avec mandat de dépôt immédiat, ce qui agace les avocats des prévenus. Ces derniers ne font rien pour s’en cacher, et les échanges avec la procureure vibrent de plus en plus. Le tout rend l’ambiance chargée, électrique.

    D’autres prévenus ayant des problèmes financiers sont présents. Ici, nous avons Mr. Zoubir et Mr. Amrani. Le premier, 70 ans et le second, 57, sont soupçonnés d’avoir cambriolé 4 hôtels entre le 4 et le 24 décembre. Mr Zoubir, cheveux blancs, chemise noir et pull kaki explique qu’il touche 460 euros par mois. Ce sont ses enfants qui l’aident à finir le mois. Il croise alors le regard de sa fille, présente dans la salle, et les deux éclatent en sanglot. Mr Amrani prend la parole à la fin de son audience. Sa voix est tremblante, son avocate dit à voix basse ne pas comprendre comment la présidente de la séance peut le mettre dans cet état. Il exprime ses regrets et sa honte. Verdict : 1an d’emprisonnement ferme.

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    Graphique rassemblant les grands chiffres des comparutions immédiates, réalisé par L'Observatoire International des Prisons

    Il est maintenant vingt heures, l’audience, a pris une heure et demi de retard. La salle s’est progressivement vidée, il ne reste guère que cinq six personnes dans les bancs des auditeurs libres, diminuant par extension la tension. Mais la fatigue, elle, se ressent. Et pour la procureure, qui n’a que peu de repos, et pour les avocats, qui alternent à tour de rôle leur présence. Et, bien sûr, pour le tribunal, qui appelle, qui interroge, et qui, au final, juge.

    Christophe et Samir, tous deux sans domicile fixe, ont essayé de dérober le portefeuille d’un septuagénaire. Ça n’était pas leur première fois. L’un est présent sur le territoire de manière illégale. Tous deux, s’ils gardent une posture droite, ont la voix tremblante. Ils reconnaissent les faits, et prennent respectivement 1an d’emprisonnement ferme.

    Si l’on fait le bilan de cette journée : des quinze prévenus initiaux, quatre ont demandé, et obtenu, un report de leur audience. Les onze autres seront entendus. Trois d’entre eux avec une caractérisation de violence, un pour trafic de stupéfiants, les sept autres pour vol. cinq étaient sans domicile fixe. Tous, sauf le prévenu inculpé pour trafic de stupéfiants, étaient dans un état de précarité, c’est-à-dire, selon la définition du Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. ». Ils vivaient tous (à l’exclusion du prévenu spécifié précédemment) sous le seuil de pauvreté. Ils ont tous été jugés coupables, et ont tous été condamnés à une peine de prison ferme.


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  • Commentaires

    1
    Viala
    Mardi 19 Mars à 19:14

    Montage très complet et trés documenté de la marche et du tribunal . Cela représente un énorme travail . La partie sur le justice éclaire bien les carences de notre société ( personnes à la rue,absence de papiers,  précarité financière, enfances et adolescences difficiles ( absence de père, placements, mères dépassées , difficultés scolaires liées aux migrations surtout pour la langue ) tentations de l'argent facile ( vols, traffics) . J'espère que ce blog sera lu car il le mérite .

      • Mercredi 20 Mars à 06:46

        Merci beaucoup Anne...

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