• "Petit traité du bien vieillir" par Françoise Dorin et Jean Piat

    Pour fêter l'anniversaire de Philippe, nous sommes allés à la Comédie des Champs Elysées applaudir Jean Piat  dans une pièce de Françoise Dorin (dont il partage la vie depuis plus de 30 ans). Celle-ci a créé la pièce tout spécialement à son intention. Si je disais à Monsieur Jean Piat qu'il ne fait pas son âge, il me rétorquerait que je suis hypocrite et pourtant aussi incroyable que cela puisse paraître, il tient la scène pendant près d'une heure et demie malgré ses 87 printemps... Un "one man show" étonnant qui s'appelle 

     Vous avez quel âge ?

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    Françoise Dorin prend le prétexte d'une conférence que l'acteur est sensé avoir donnée et qui lui vaut un coup de téléphone de Mme le Ministre à la Jeunesse et aux Sports. Son souhait est qu'il crée un Ministère à la Vieillesse et de son sort. D'où toute une réflexion sur les méfaits et les bienfaits de l'âge... pour laquelle Françoise Dorin s'appuie sur de nombreuses citations littéraires.
     
    Un extrait de la pièce de Françoise Dorin
     
    ♦ Il me semble qu’ils fabriquent des escaliers plus durs qu’autrefois. Les marches sont plus hautes, et il y en a davantage. En tout cas, il est plus difficile de monter deux marches à la fois. Aujourd’hui, je ne peux en prendre qu’une seule.   
    ♦ A noter aussi les petits caractères d’imprimerie qu’ils utilisent maintenant. Les journaux s’éloignent de plus en plus de moi quand je les lis je dois loucher pour y parvenir. L’autre jour, il m’a presque fallu sortir de la cabine téléphonique pour lire les chiffres inscrits sur les fentes à sous. Il est ridicule de suggérer qu’une personne de mon âge ait besoin de lunettes, mais la seule autre façon pour moi de savoir les nouvelles est de me les faire lire à haute voix, ce qui ne me satisfait guère, car de nos jours les gens parlent si bas que je ne les entends pas très bien. 
     
    ♦ Tout est plus éloigné. La distance de ma maison à la gare a doublé, et ils ont ajouté une colline que je n’avais jamais remarquée avant. En outre, les trains partent plus tôt. J’ai perdu l’habitude de courir pour les rattraper, étant donné qu’ils démarrent un peu plus tôt quand j’arrive. 

    ♦ Ils ne prennent pas non plus la même étoffe pour les costumes. Tous mes costumes ont tendance à rétrécir, surtout à la taille. Leurs lacets de chaussures aussi sont plus difficiles à atteindre. 
     
    ♦ Le temps même change. Il fait froid l’hiver, les étés sont plus chauds. Je voyagerais, si cela n’était pas aussi loin. La neige est plus lourde quand j’essaie de la déblayer. Les courants d’air sont plus forts. Cela doit venir de la façon dont ils fabriquent les fenêtres aujourd’hui. 
     
    ♦ Les gens sont plus jeunes qu’ils n’étaient quand j’avais leur âge. Je suis allé récemment à une réunion d’anciens de mon université, et j’ai été choqué de voir quels bébés ils admettent comme étudiants. Il faut reconnaître qu’ils ont l’air plus polis que nous ne l’étions ; plusieurs d’entre eux m’ont appelé “monsieur”; il y en a un qui s’est offert pour m’aider à traverser la rue.
     
    ♦ Phénomène parallèle : les gens de mon âge sont plus vieux que moi. Je me rends bien compte que ma génération approche de ce qu’il est convenu d’appeler “un certain âge”, mais est-ce une raison pour que mes camarades avancent en trébuchant dans un état de sénilité avancée ? Au bar de l’université, ce soir-là j’ai rencontré un camarade. Il avait tellement changé qu’il ne m’a pas reconnu. 
     "tu as un peu grossi, Georges", ai-je remarqué.
     - c’est la nourriture actuelle, répondit Georges. Elle fait engraisser. 
     "il y a combien de temps que nous ne nous sommes vus Georges ? Ca doit faire plusieurs années..." 
    - je crois que la dernière fois c’était après les élections, dit Georges. 
    "quelles élections ?"
    Georges réfléchit un moment. 
    - celles de Coolidge “dit-il. 
    Je demandais deux autres whiskys. 
    “as tu remarqué, dis-je que ces martinis sont beaucoup moins forts qu’ils n’étaient ?"
    - ah ! Ce n’est plus comme au bon vieux temps de la prohibition, me répondit Georges. Tu te rappelles quand nous commandions très fort de la fleur d’oranger pour boire en douce deux bonnes fines ? Ah ! 
    "mais, dis donc... je me rappelle aussi que tu étais un fameux avaleur de pâtisserie, Georges ! Tu y tâtes toujours?"
    - non, je suis trop gras... La nourriture actuelle est trop riche. 
    "je sais tu viens de le dire il y a un instant ..."
    - j’ai dis ça ? 
    "que dirais-tu d’un autre whisky ? Tu as remarqué qu’ils ne sont pas aussi forts qu’autrefois ?"
    - dis donc ... tu me l’as déjà dis ... 
    "ah ! ..."
     
      ♦ Ce matin en me rasant, je pensais à ce pauvre vieux Georges : je m’arrêtais un moment et regardais mon image dans la glace. Ils ne font plus les mêmes miroirs qu’autrefois. "

    Un extrait vidéo avec une interview de Jean Piat
     

     
     Quelques bonnes répliques
     
    François Mauriac
    C'est pas parce qu'on a un pied dans la tombe qu'il faut se laisser marcher sur l'autre !
    Agatha Christie
    Epousez un archéologue : plus vous vieillirez, plus il vous aimera !
    (la romancière a épousé en secondes noces un archéologue.)
    Jean Gabin
    A partir d'un certain âge, pour avoir l'air frais, il faut venir du dehors !
    Sacha Guitry
    C'est entre 30 et 31 ans que les femmes vivent les 10 meilleures années de leur vie !
     

    Pour éviter la mort, il n'y a qu'une solution, c'est de vieillir !

     Une leçon de sagesse que nous donne Françoise Dorin dans cette pièce portée par un Jean Piat aux yeux toujours aussi bleus et malicieux que du temps où je le vis dans Cyrano de Berjerac dans l'autre "Comédie" (il y a quelques années il est vrai...) et surtout avec une voix qui n'a pas changé, toujours aussi sûre : un morceau de bravoure.

     Bravo Monsieur Piat !

    Une soirée délicieuse en très bonne compagnie


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