• Aujourd'hui je me suis rendue dans le Marais, un quartier où j'adore flâner, pour aller assister à une conférence offerte par la Mairie de Paris via la Carte citoyenne que je viens d'acquérir.

    Une balade dans le Marais

    Cette carte est accessible à tous les parisiens de plus de 7 ans et donne accès, pour les plus de 55 ans, à un Programme Senior+ d'activités sportives mais aussi, pour tous, à un panel d'activités culturelles chaque mois.

    La conférence traitait des oiseaux à Paris et se tenait à la Maison des Acteurs du Paris durable située au 21 de la rue des Blancs Manteaux.

    J'y ai appris qu'on avait recensé plus de 170 espèces d'oiseaux à Paris et que la ville comptait 60 à 70 espèces nicheuses. Certains oiseaux construisent des nids (certains poussent même le détail jusqu'à y faire un toit comme la pie bavarde : elle se met ainsi à l'abri des prédateurs), d'autres sont cavicoles (on dit aussi cavernicoles) comme le pic-épeiche.

    Parmi les espèces d'oiseaux, certaines ne sont visibles qu'une partie de l'année car il s'agit d'oiseaux migrateurs. Les meilleurs endroits pour voir les oiseaux à Paris sont les grands parcs, le cimetière du Père Lachaise (!) dont les tombes servent de nichoir aux oiseaux recherchant des rochers ou des éboulis et les zones possédant des points d'eau comme le Bois de Vincennes, le parc Martin Luther King dans le 17ème, le parc Montsouris etc etc...

    Nous avons vu et écouté

    La grive musicienne qui est capable d'imiter le chant d'autres oiseaux...

    Le rouge-gorge et bien d'autres encore...

    A la sortie de cette conférence qui a duré une heure et demie, je me suis promenée dans le quartier m'arrêtant à la rue des Blancs Manteaux, intriguée par ce nom...

    Le terme Blancs-Manteaux est, à l'origine, le surnom donné, dans un premier temps à Marseille en 1223, puis de 1258 à 1277 à Paris, aux moines mendiants de l'ordre des Servites de Marie en raison de la couleur de leur habit, le blanc, symbole de la virginité de Marie. Ceux-ci établirent leur monastère dans la rue de la Petite Parcheminerie (nommée ainsi à cause des établissements où l'on préparait la peau servant à faire des parchemins), qui prit plus tard le nom de rue des Blancs Manteaux.

    Une balade dans le Marais

    Située juste à côté du Mont-de-Piété au numéro 16 de la rue des Blancs Manteaux,

    Une balade dans le Marais

    j'ai visité l'église Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux dont la façade, très classique, donne sur la rue.

    Une balade dans le Marais

    Beaucoup de luminosité à l'intérieur malgré le temps plus que moyen.

    Une balade dans le Marais

    Ce vitrail de Raphaël Lardeur (1946) représente Saint-Louis fondant le monastère de Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux.

    Une balade dans le Marais

    Dans l'église, un statue de Vierge à l'enfant du XIVème siècle

    Une balade dans le Marais

    J'ai remarqué aussi un beau confessionnal en bois dont le motif central est très ouvragé.

    Une balade dans le Marais

    Serait-ce la colombe de Noé... ?

    Une balade dans le Marais

    Deux tableaux ont retenu mon attention.

    Celui-ci est de Pierre Le Dard (XVIIème siècle) et représente l'Annonciation.

    Une balade dans le Marais

    L'autre représente la Multiplication des pains (Claude II Audran - 1683).

    Une balade dans le Marais

    La porte d'entrée de l'église donnant sur la rue des Francs-Bourgeois possède une niche possédant une copie de la Vierge à l'enfant du XIVème siècle située dans l'église.

    Une balade dans le Marais

    Une balade dans le Marais

    Pour terminer, une vue de l'église depuis le Square Charles-Victor Langlois.

    Une balade dans le Marais

    Poursuivant ma promenade - malgré le temps plus que maussade - me voici arrivée au Marché des Blancs Manteaux.

    En 1811, le gouvernement impérial décide de faire construire à Paris cinq marchés de quartier. La première pierre est posée le 15 août 1813 par Eloi Labarre et l'édifice est achevé par Pierre-Jules Delespine en 1819.

    Une balade dans le Marais

    Non loin de là, au 47 de la rue Vieille-du-Temple, se trouve l'Hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande : il s'agit de l'une des plus belles demeures construites dans le Marais au XVIIème siècle. Les Amelot sont l'une des plus puissantes familles de robe de l'époque à Paris.

    Une balade dans le Marais

    Une balade dans le Marais

    Le bas-relief de Thomas Regnaudin représente deux "renommées" - des divinités ailées.  Ce ne sont pas des anges mais l'avatar des "déesses aux cent yeux et aux cent bouches", armées de "divines trompettes", les fameuses trompettes de la renommée. 

    Une balade dans le Marais

    Côté cour, le fronton est aussi décoré : en sculpture (par Thomas Regnaudin) se trouvent les fondateurs de Rome, Romulus et Rémus, en compagnie de leur louve nourricière.

    Une balade dans le Marais

    Une balade dans le Marais 

    Du fait de la faible profondeur de la parcelle, l'hôtel possède deux cours et non l'organisation classique "entre cour et jardin". Je ne pourrai malheureusement que jeter un coup d'oeil dans la première où sont installés les locaux de Channel.

     

    Une balade dans le Marais

    Quatre angelots soutiennent deux à deux le fronton central.

    Une balade dans le Marais

    De chaque côté des murs latéraux, des cadrans solaires indiquent les différentes heures du jour.

    Une balade dans le Marais

    Celui-ci couvre une grande partie de la journée (de 10h à 19h).

    Une balade dans le Marais

     Des macarons masculins ou féminins ornent également les façades de l'Hôtel.

    Balade dans le Marais

    Balade dans le Marais

    Avant de repartir, un coup d'oeil sur le portail d'entrée en bois. D'ici on aperçoit, voisin, le marché des Blancs-Manteaux.

    Balade dans le Marais

    Les deux vantaux de la porte sont très finement sculptés.

    Balade dans le Marais

    Au centre, deux angelots tiennent les armoiries de la famille Amelot de Bisseuil dont on distingue bien dans la photo qui suit le A et le B entrelacés.

    Balade dans le Marais

    En bas de la porte, de curieuses Gorgones (ou Méduses) tirant la langue. Heureusement le temps a gommé les pouvoirs de ces créatures malfaisantes connues pour pétrifier celui qui les regarde...

    Balade dans le Marais

    Je suis donc sortie indemne de cette très belle visite dans le Marais ! 


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  • Une soirée théâtre aujourd'hui pour aller applaudir - et ils le méritent - les acteurs de la Compagnie du Grenier de Babouchka dans une pièce de Marcel Aymé, Clérambard.

    Philippe, Arlette et Michelle, découvrent la nouvelle salle, très classe, du Théâtre 13 récemment rénové, une salle qui était presque pleine. Il faut dire que le théâtre fait les places à 13 euros pour tous le 13 de chaque mois.

    Qui dit mieux ?

    Clérambard de Marcel Aymé au Théâtre 13

    Le Comte de Clérambard, étouffé par les dettes, réduit sa famille à manger du chat et à tricoter des pull-overs qu'il vend pour sauver les murs de son château. Alors qu'il vient de tuer le chien du curé pour le manger, lui apparaît Saint François d'Assise qui lui confie un livre sur sa vie : dès lors, complètement transformé, il se met à imposer la sainteté à son entourage jusqu'à vouloir marier son fils, un grand benêt de 22 ans, avec une prostituée qui est, pour lui, une victime innocente et ferait bien partager à tous les siens les délices de la pauvreté et de la mendicité...

    Folie douce, démence ou miracle, comment va-t-il se sortir de cette soudaine rédemption ?

    Un extrait qui donne bien le ton de cette pièce jubilatoire.

    Nous avons adoré !


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  • J'avais tellement aimé "Charlotte" que j'ai tenté un autre livre du même auteur. Celui-ci, qui est écrit dans un style totalement différent,raconte un fait de société somme toute assez classique de nos jours.

    La tête de l'emploi de David Foenkinos

     La descente aux enfers d'un homme d'une cinquantaine d'années qui, alors qu'il pense que tout va bien dans sa vie - il a un bon boulot, une femme qu'il aime, une fille qui a réussi - perd successivement son travail et sa femme (sans lien apparent).

    Et pourtant c'est sur un ton de comédie et non de drame que David Foenkinos nous décrit le quotidien de Bernard (un prénom dont l'auteur dit qu'il a tout de suite pensé qu'il aurait le potentiel de l'échec... !) depuis le moment où il doit changer de poste au sein de sa banque (il doit prendre, en sus de son propre poste de conseiller financier, le poste de guichetier laissé vacant à cause de restrictions de personnel) jusqu'au moment où sa femme et lui décident de "faire un break", ce qui le conduira d'ailleurs à retourner vivre chez ses parents. Là, il va rencontrer une autre femme avec laquelle il va vivre une passion aussi fulgurante qu'éphémère.

    Ce qui m'a bien plu, c'est le côté "vrai" des situations. Dans ma propre banque je me suis aperçue que depuis quelques temps mon conseiller financier tenait, à tour de rôle avec ses autres collègues, le guichet de l'accueil. Je ne lui conseillerai peut-être pas de lire "La tête de l'emploi" !

    Un livre très plaisant à lire (même si la fin est un peu bâclée).

    L'interview de David Foenkinos à propos de la sortie de son livre


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  • C'est bien au 123 boulevard de Port-Royal et non au même numéro du boulevard de Montparnasse qu'Anne-Marie nous avait donné rendez-vous pour une visite de l'abbaye de Port-Royal...

    Quelle étourdie !

    Arrivée un petit peu en retard donc - mais pas trop - j'ai pu très vite reprendre le cours de la visite qui débutait dans le cloître. Le groupe écoute déjà religieusement - cela s'impose - le guide choisi par Anne-Marie, un monsieur que nous connaissons déjà pour avoir eu l'occasion de l'écouter dans d'autres visites guidées.

    Il nous a prévenus, à juste titre : nous allons sans doute avoir besoin de Doliprane ! Je ne vous dis pas le mal que j'ai eu à écrire ce petit post car l'histoire qui va suivre est un tantinet compliquée...

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    L'abbaye cistercienne de Port-Royal a été fondée en 1204 par Mathilde de Garlande, une femme de la grande noblesse proche de la famille royale (d'où le nom de "Royal"). On l'appelle alors Port-Royal des Champs car elle est située dans la vallée de Chevreuse.

    En 1625, sous le règne de Louis XIII, une "annexe" - Port-Royal de Paris - est créée tant à cause de l’exiguïté des bâtiments que pour sauver les religieuses de Port-Royal des Champs décimées à la suite d'une sévère épidémie de paludisme liée au caractère marécageux du site.

    C'est cette abbaye parisienne que nous visitons aujourd'hui.

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Le cloître n'a que trois côtés car la chapelle est adossée au quatrième.

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal 

    Profitons vite du jardin avant que n'arrive la pluie...

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    A la mort de Pierre Lescot (l'architecte de l'aile Renaissance du Louvre), c'est son neveu Léon qui hérite de l'Hôtel de Clagny construit par celui-ci entre 1566 et 1569 au Faubourg Saint-Jacques à Paris.

    Par acte du 19 juillet 1624, Léon échange l’hôtel de Clagny avec Angélique Arnauld, abbesse de Port Royal des Champs depuis son plus jeune âge (à 11 ans pour être précise : contrainte et forcée par sa famille, elle ne trouva réellement la vocation que bien plus tard), contre une rente de 1500 livresLes religieuses s’installent ainsi dans l'Hôtel de Clagny qui, après avoir subi quelques transformations, devient l’Abbaye de Port-Royal.

     En 1630, Angélique Arnauld décide de placer sa communauté dans le giron janséniste, en offrant à sa communauté l’abbé de Saint-Cyran comme directeur de conscience. La communauté devient ainsi le haut-lieu du Jansénisme (nom formé à partir de celui du théologien hollandais Cornélius Jansen dont la doctrine est dérivée des thèses de Saint-Augustin). Je dirai - pour faire simple - que selon les thèses jansénistes l’homme ne tient son salut que de la grâce divine, dont il doit cependant se montrer digne en vainquant sa propre concupiscence.

    La Mère Angélique Arnauld par Philippe de Champaigne

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Outre le caractère réfractaire des croyances jansénistes, l'abbaye abrite aussi à l'époque un lieu d'enseignement, une sorte d'école où les Solitaires participent aux prières des religieux, reçoivent et donnent un enseignement. Dans ce qui s'appela les "petites écoles", Racine en fut l'un des élèves et Pascal l'un des professeurs.

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    La construction de la chapelle de Port-Royal de Paris fut confiée à un tout jeune architecteAntoine Le Pautre (1621-1679), dont ce fut le premier chantier. Il est également l'architecte du très bel l'Hôtel de Beauvais dans le Faubourg Saint-Antoine ainsi que de la Cascade du Parc de Saint-Cloud.

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    La rigueur du Jansénisme ne lui permit malheureusement pas de s'exprimer comme il l'aurait souhaité : il ne put réaliser en particulier le portique décoré de balustrades ni le riche décor architectural (avec les statues) qu'il avait prévus... Notre guide nous a fait passer une documentation où l'on peut comparer les projets de l'architecte avec la réalisation finale.

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Le projet

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    La réalisation

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Dans le cloître, deux statues assez jolies : l'une d'elles représente un grand prêtre israélite et pour l'autre je n'ai pas trouvé. Le guide a parlée de prophètes...

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal 

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Dans les locaux de l'abbaye, deux escaliers en bois à balustre rampante dont un en forme de poire, d'époque bien sûr. Ma photo ne rend malheureusement pas l'explication que le guide nous en a donné...

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Voici la salle capitulaire (ou salle du chapitre) : il s'y trouve une reproduction du tableau de la Mère Angélique Arnauld par Philippe de Champaigne.

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

     

    En 1662, l'abbaye de Port-Royal de Paris fut le siège d'un miracle.

    La fille de Philippe de Champaigne (peintre de la Royauté), Catherine, qui avait pris le voile à l'abbaye de Port-Royal de Paris en 1656 sous le nom de soeur Catherine de Sainte-Suzanne, était paralysée des jambes depuis deux ans. Elle dit avoir été guérie spontanément le 6 janvier 1662, au terme d’une ultime neuvaine.

    Pour remercier les religieuses, Philippe de Champaigne leur offrit un tableau représentant Soeur Catherine de Sainte-Suzanne, assise jambes étendues, à côté de la nouvelle abbesse, mère Agnès Arnauld (il s'agit de la soeur d'Angélique Arnauld décédée l'année précédente). Ce tableau porte le nom d'Ex-voto de 1662, un ex-voto qui pourrait apaiser les menaces pesant sur le couvent (voir plus bas)...

    L’humilité, le dépouillement et l’austérité du lieu répondent à celles des moniales, qui ont consacré leur vie à Dieu : robe de bure, plancher cloué, mur nu, fissure au mur. Le mobilier est très simple et composé d’un fauteuil, d’un tabouret et d’une chaise, sur laquelle repose un livre, probablement le livre de prière de sœur Catherine.

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Notre visite s'est terminée par celle de la chapelle - d'une grande sobriété - dans l'esprit de Port-Royal, dont nous voyons ici la nef unique. 

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Derrière le rideau, une grille...

    Visite guidée de l'abbaye de Port-Royal

    Pour en terminer avec l'histoire de Port-Royal, il faut dire que cela se passa assez mal pour les religieuses. L'Etat n'accepta pas leurs idées car leur caractère dissident rappelle, entre autres, l'époque des Guerres de religion.

    Louis XIV obligea les religieux, les clercs et les maîtres d'école à imposer leur signature au bas de ce texte :

    « Je me soumets sincèrement à la Constitution du pape Innocent X du 31 mai 1653, selon son véritable sens, qui a été déterminé par la Constitution de notre Saint-Père le pape Alexandre VII du 16 octobre 1656. Je reconnais que je suis obligé en conscience d'obéir à ces Constitutions, et je condamne de cœur et de bouche la doctrine des Cinq propositions de Cornelius Jansenius contenues dans son livre intitulé Augustinus, que ces deux papes et les évêques ont condamnée ; laquelle doctrine n'est point celle de saint Augustin, que Jansenius a mal expliquée, contre le vrai sens de ce saint docteur. »

    En 1709, Louis XIV ordonnera la destruction de l'abbaye, mettant fin au Jansénisme. Une des plus grandes crises spirituelles de l'Ancien Régime prend fin.

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    Après la Révolution, l'abbaye devint une prison (entre 1790 et 1795) : la prison de Port-Libre. L'on y enferma en particulier les vingt-sept fermiers généraux (qui prélevaient l'impôt), Malesherbes le botaniste et homme politique proche de Louis XVI, Le Chapelier (vous savez, celui de la loi), le garde des sceaux Miromesnil, et même le scientifique Lavoisier qui - ayant demandé un sursis afin de terminer une expérience - il fut répondu : "la République n'a pas besoin de savants ni de chimistes". Il finira guillotiné...

    Honoré Riouffe, historien et homme politique incarcéré en 1793, fait paraître une relation de son incarcération, Mémoires d'un détenu, qui connaît un grand succès.

    « Rien ne ressemblait moins à une prison : point de grilles, point de verrous, les portes n'étaient fermées que par un loquet. De la bonne société, excellente compagnie, des égards, des attentions pour les femmes. On aurait dit qu'on n'était qu'une même famille réunie dans un vaste château. C'était le rendez-vous de la gaieté. On s'y retirait après l'appel, et on y prenait le frais jusqu'à onze heures du soir. »

    Mais, après la loi du 22 prairial, Port-Libre devint, comme les autres prisons, « l'antichambre de la Conciergerie et du tribunal révolutionnaire. » La plupart des détenus n'en sortirent que pour aller à l'échafaud.

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    En 1795 , l'ancienne abbaye fut transformée en "maison d'allaitement" pour enfants abandonnés qui devint en 1801 l'Hospice de la Maternité auquel fut adjoint un hôpital d'accouchement en 1814.

    C'était l'un des plus tristes asiles de la misère humaine : il renfermait cinq cent quinze lits et recevait annuellement deux mille femmes enceintes. On l’appelait vulgairement la Bourbe, à cause du nom ancien de la rue voisine, absorbée aujourd'hui dans le boulevard de Port-Royal.

    A cet hôpital fut annexée une école pratique d'accouchement, où quatre-vingts élèves recevaient au XIXe siècle l'instruction nécessaire à la profession de sage-femme.

    Le lieu correspond aujourd'hui à la maternité Port-Royal (Clinique Baudelocque).

    That's all folks !


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  • Un groupe d'une vingtaine de personnes s'était donné rendez-vous ce vendredi après-midi sur la Place de la République pour une visite guidée proposée par l'UPP (l'Université Permanente de Paris) du quartier du Temple. Derrière le groupe, les bâtiments, datant du XIXème siècle, des anciens Magasins Réunis font face à la Caserne Vérines de l'autre côté de la rue du Faubourg du Temple.

    Du carreau du temple à la place de la République

    La place de la République, située à l'emplacement de l'ancienne porte du Temple et de l'enceinte de Charles V, est une création du Baron Haussmann. A l'extérieur, c'était la campagne à l'époque : mais ceci, c'était au XVIème siècle...

    Du carreau du temple à la place de la République

    Au XIXème siècle, on appelle ce quartier le Boulevard du Crime, non pas parce qu'il était mal famé mais parce qu'ici se trouvaient des théâtres mélodramatiques dans lesquels étaient fréquemment représentés des crimes.

    Il y avait ainsi le Théâtre-Lyrique, le premier théâtre de l'Ambigu, le Cirque-Olympique, les Folies-Dramatiques, la Gaîté, les Funambules, les Délassements-Comiques, le théâtre des Associés, le théâtre des Pygmées, le Petit-Lazari ainsi que de nombreux cafés-théâtres.

    Le Boulevard du Temple et ses théâtres en 1862

    Du carreau du temple à la place de la République

    Le réaménagement en 2011 de la place de la République a rendu l’espace aux piétons, renouant ainsi avec l’esprit populaire qui régnait lorsque le quartier du carreau du Temple était dédié à la fripe et au théâtre de boulevard.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Le monument à la République est dû aux frères Morice (Léopold pour la statuaire et Charles pour le soubassement) et date de 1883.

    Marianne, qui symbolise la République, tient dans la main droite un rameau d'olivier, symbole de paix.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Elle est coiffée d'une couronne végétale et porte le bonnet phrygien, symbole de la liberté : il a été porté successivement par les esclaves affranchis dans l'Empire romain puis par les sans-culottes pendant la Révolution.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Sur le soubassement, des allégories de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité.

    La Liberté porte un flambeau dans la main gauche tandis que sa main droite est posée sur son genou, tenant une chaîne brisée.

    Du carreau du temple à la place de la République

    L'Egalité tient dans sa main droite le drapeau de la République et dans sa main gauche un niveau de charpentier, symbole d'égalité.

    Du carreau du temple à la place de la République

    J'aime beaucoup La Fraternité qui est représentée par une jeune femme au regard bienveillant sur deux enfants en train de lire un livre, allégories de la Connaissance.

    Du carreau du temple à la place de la République

    En bas du piédestal, un lion tient l'urne du Suffrage Universel.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Quittant cette belle place, nous empruntons maintenant le Passage Vendôme - construit en 1827 - pour rejoindre la rue Béranger.

    Du carreau du temple à la place de la République

    En cette période de l'année, il est un peu désert...

    Du carreau du temple à la place de la République

    La rue Béranger est ainsi nommée en l'honneur du chansonnier Pierre-Jean de Béranger qui remporta un énorme succès à son époque : Chateaubriand, Goethe, Sainte-Beuve, Mallarmé, Stendhal, Eugène Sue pour ne citer qu’eux admirèrent ses talents de poète.

    Pierre-Jean de Béranger en 1839

    Du carreau du temple à la place de la République 

    Il a écrit un nombre incommensurable de chansons.

    J'en ai choisi une assez rigolote. 

    MA GRAND'MERE

    Ma grand’mère, un soir à sa fête,
    De vin pur ayant bu deux doigts,
    Nous disait en branlant la tête :
    Que d’amoureux j’eus autrefois !
    Combien je regrette
    Mon bras di dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Quoi ! maman, vous n’étiez pas sage ?
    — Non vraiment ; et de mes appas
    Seule à quinze ans j’appris l’usage,
    Car la nuit je ne dormais pas.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Maman, vous aviez le cœur tendre ?
    — Oui, si tendre qu’à dix-sept ans,
    Lindor ne si fit pas attendre,
    Et qu’il n’attendit pas longtemps.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Maman, Lindor savait donc plaire ?
    — Oui, seul il me plut quatre mois ;
    Mais bientôt j’estimai Valère,
    Et fis deux heureux à la fois.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Quoi ! maman, deux amants ensemble !
    — Oui, mais chacun d’eux me trompa.
    Plus fine alors qu’il ne vous semble,
    J’épousai votre grand-papa.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Maman, que lui dit la famille ?
    — Rien, mais un mari plus sensé
    Eût pu connaître à la coquille
    Que l’œuf était déjà cassé.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Maman, lui fûtes-vous fidèle ?
    — Oh ! sur cela je me tais bien.
    À moins qu’à lui Dieu ne m’appelle,
    Mon confesseur n’en saura rien.
    Combien je regrette

    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Bien tard, maman, vous fûtes veuve ?
    — Oui ; mais, grâces à ma gaîté,
    Si l’église n’était plus neuve,
    Le saint n’en fut pas moins fêté.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Comme vous, maman, faut-il faire ?
    — Eh ! mes petits-enfants, pourquoi,
    Quand j’ai fait comme ma grand’mère,
    Ne feriez-vous pas comme moi ?
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    On rapporte une anecdote sur lui. 

    Béranger se promène dans la rue. Un miséreux lui tend son chapeau et le poète laisse tomber deux sous. Un homme se précipite et dit au pauvre diable : "Cédez-moi les deux sous que vient de vous donner ce monsieur, et je vous remets à la place une pièce de cinq francs."

    "Et pourquoi ?" fit l'homme.
    "Parce que ce « monsieur », c'est Béranger !"

    "Béranger ! reprit l'autre, en retirant ses deux sous, je les garde !"

    Voici sa maison dans la rue en question. Elle fut habitée précédemment par Abraham Peyrenc de Moras, un financier français du XVIIIème siècle, avant que celui-ci ne déménage pour aller s'installer à l'Hôtel Biron (actuellement Musée Rodin).

    Du carreau du temple à la place de la République

    Une plaque commémore l'événement.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Chemin faisant, nous voici maintenant arrivés au Carreau du Temple, un quartier où je ne viens quasiment jamais...

    Du carreau du temple à la place de la République

    Notre guide nous explique toute l'histoire du lieu, nous transportant du XIIème siècle à nos jours...

    Historique

    Au début du XIIème siècle, les chevaliers de l’Ordre du Temple de Jérusalem (les Templiers) reçoivent, en donation du roi, les terres qui constituent l’enclos du Temple. Celui-ci est entouré d’une enceinte de 8 mètres de haut, renforcée au XIIIème siècle par un donjon, la tour du Temple. L’enclos couvre au XIVème siècle un espace d’environ 6 hectares, compris aujourd’hui entre les rues du Temple, de Bretagne, de Picardie et Béranger. Il bénéficie jusqu’à la Révolution de privilèges et les boutiques s’y louent à prix d’or.

    Du carreau du temple à la place de la République

    La Ville de Paris fait construire un marché couvert entre la rue du Temple et la Rotonde. Ce marché édifié entièrement en charpente de bois, œuvre de l’architecte Jacques Molinos, rencontrera un grand succès.

    Vue de l'ancien marché couvert démoli en 1863

    Du carreau du temple à la place de la République

    Le marché est alors constitué de quatre carrés ayant chacun sa spécialité.

    ► Carré du Palais-Royal : tapis, soieries, rubans, gants, plumes et articles à la mode.

    ► Carré de Flore : linge de maison
    ► Carré du Pou-volant : ferraille et friperies
    ► Carré de la Forêt-Noire : cuir

    Entre ces 4 halles et la Rotonde se trouvait un « carreau », terre-plein où fonctionnait une bourse du vêtement d’occasion. De là dérive, parait-il, l'expression "Rester sur le carreau" pour dire que ce n'est pas le meilleur endroit.

    La Révolution se saisit de l’enclos. La famille royale est enfermée dans le donjon le 13 août 1792 jusqu’à son exécution le 19 décembre 1795. 

    Louis XVI à la tour du Temple par Jean-François Garneray

    Du carreau du temple à la place de la République

    Marie-Antoinette à la tour du Temple par Kucharski

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    Création de l’actuel bâtiment

    La ville dans le cadre de la rénovation urbaine voulue par Napoléon III et le préfet Haussmann, décide de le remplacer par une structure métallique, plus sûre face aux fréquents incendies, et lance un concours d’architecture qui sera remporté par l’architecte Jules de Mérindol en 1860.

    Sa façade monumentale s’ouvre sur la rue du Temple. Le marché avec ses pavillons de métal, de verre et de briques, peut accueillir plus de 2000 places pour les vendeurs.

    Le marché du Temple en 1863 : la partie bleue est la partie actuelle restante (non détruite en 1905).

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    Cependant, le marché décline et en 1892 il ne reste plus qu'une centaine de marchands.

    En 1982, toujours très attachée à ce lieu, la population locale réussit à faire inscrire à l’inventaire des Monuments historiques l’unique bâtiment restant, écartant ainsi définitivement tout risque de démolition future.

    La restructuration et la rénovation du Carreau du Temple a été menée entre 2007 et 2014 par le studioMilou architecture. Respectant autant que possible les orientations initiales du projet, le Carreau du Temple propose des activités culturelles, sportives et accueillera de nombreux événements grands publics.

    La structure de fer est interrompue ça et là par les portes d'entrée en pierre et c'est du plus bel effet.

    Du carreau du temple à la place de la République 

    L'une des façades

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    Tout à côté, caché derrière les stands d'une brocante, se cache un plan de l'ancien quartier du Temple.

    Du carreau du temple à la place de la République 

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    Notre guide nous emmène maintenant visiter une église située dans la rue du Temple voisine : il s'agit de Sainte-Elisabeth-de-Hongrie. Comme vous le voyez, des croix de Malte sont affichées sur sa façade car elle est l'église conventuelle de l'Ordre de Malte à Paris.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Sur le fronton, une statue de Saint-Louis et une statue de Sainte-Elisabeth

    Du carreau du temple à la place de la République

    Du carreau du temple à la place de la République

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    Nous sommes rentrés dans l'église pour y voir un tableau de Gustave François représentant les adieux de Louis XVI à sa famille (le 20 janvier 1793).

    On y voit Louis XVI étreindre Marie-Antoinette. Sont présents aussi leurs deux enfants, Marie-Thérèse-Charlotte - dite Madame Royale -, le dauphin Louis-Charles, et Madame Elisabeth, la soeur du roi tandis qu'un soldat monte la garde à la porte.

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    Dans le square du Temple, une statue de Pierre-Jean de Béranger - vous savez, le chansonnier - par Henri Lagriffoul

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    Le square du Temple - jardin à l'anglaise - a été créé par Jean-Charles Alphand lors des travaux d'Haussmann. Il occupe une part de l'ancien enclos des Templiers, et recouvre partiellement l'emplacement passé de la tour du Temple.

    Du carreau du temple à la place de la République

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    Empruntant la rue de Picardie, nous nous dirigeons maintenant vers la rue de Beauce où se trouve un petit jardin qui rend hommage à Madeleine de Scudéry.

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    La plupart des célébrités de l’époque, Madame de La Fayette, Madame de Sévigné, La Rochefoucauld et bien d'autres - moins connus de moi -, honorèrent régulièrement les « samedis de Mademoiselle de Scudéry » - femme de lettres française dont l'oeuvre littéraire marque l'apogée du "mouvement précieux" dont Molière se moquera dans Les Précieuses Ridicules. Le salon se situe d’abord rue du Temple, puis rue de Beauce.

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    Nous arrivons au terme de cette visite : elle prend fin au Marché des Enfants Rouges. Celui-ci fut créé en 1628 et s'appelait alors le Petit Marché du Marais. Le nom des Enfants Rouges ne lui fut donné que plus tard, de même que celui de Marché de Beauce. Ces deux noms viennent de la proximité de l'hospice des Enfants-Rouges (1524-1777) créé par Marguerite de Navarre pour des orphelins dont l'uniforme était rouge (un signe de charité chrétienne), qui a aussi donné son nom au quartier, et de celle de la rue de la Beauce.

    Il s'agit du plus vieux marché couvert de la capitale et sans doute de France : je le découvre seulement aujourd'hui après 68 ans de vie parisienne !

    Du carreau du temple à la place de la République

    C'est un marché, mais pas tout à fait comme les autres...

    Outre les commerces de bouche (une vingtaine, dont de nombreux traiteurs aux diverses spécialités), on y trouve quelques petits cafés et restaurants où l'on peut déjeuner ou dîner à l'abri des intempéries (il y a l’épicerie italienne, le stand bio, le traiteur libanais ou encore le snack japonais).

     

    Du carreau du temple à la place de la République

    Et puis, il y a l’Estaminet qui ne propose que des produits de saison choisis chez de petits producteurs issus, majoritairement, de l'agriculture biologique ou La Petite Fabrique où l'on peut manger des pâtisseries succulentes et boire du bon chocolat chaud parait-il.

    Il faudra qu'on aille traîner nos savates par là un dimanche...

    Du carreau du temple à la place de la République

    That's all folk !


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