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Les vacances nous conduisent cette année dans le sud mais... nous avons décidé de prendre le chemin des écoliers avec un arrêt à Autun et un autre à Romans-sur-Isère.
Notre chambre d'hôtes à Saint-Prix-en-Morvan est celle de Catherine et René Denis. Pour y parvenir, nous avons dû traverser tout le Morvan, autant dire que nous avons tournicoté !
Les propriétaires possèdent quatre chambres d'hôtes situées dans un bâtiment annexe à leur maison d'habitation.
Entrée et salon communs
Chambre avec vue sur les collines du Morvan...
Nous sommes ici au fin fond de la campagne française...
Lever de soleil le matin suivant
L'accueil : très agréable de la part de René, plus froid de celle de sa femme...
Voici le restaurant du Chaudron où nous avons déjeuné "gaulois" le midi. Autant dire que nous avons fait un bond 2000 ans en arrière...
Philippe attend sa cervoise : elle est servie dans des gobelets celtiques...
La cervoise Dragena : une ambrée à l'églantine
On peut aussi choisir la cervoise Argia (blanche au sureau), Gilara (blonde à la sariette), ou encore Cnoua (rousse à la noisette).
La fouille des fosses à détritus des habitants de Bibracte a été l'occasion de retrouver de nombreux récipients et, avec eux, des restes de nourriture. L'étude de ces restes permet de reconstituer l'alimentation des Gaulois du Ier siècle avant notre ère.
Les paysans gaulois élevaient des volailles et du bétail et ne consommaient que très rarement du sanglier, n'en déplaise à Goscinny et Uderzo..., utilisaient des plantes aromatiques et des herbes fines, connaissaient et exploitaient le sel, mais ne sucraient qu'avec du miel.
Un clin d'oeil aux auteurs d'Astérix
Le menu gaulois change tous les ans : voici celui de 2017 comprenant cintus, arausio, uindus et meliddos !
Me croirez-vous si je vous dis que Philippe a mangé toute son assiettée de salade de pois cassés au vinaigre de cidre agrémenté de mousse de volaille et de saumon fumé ?
Elle était suivie d'un mitonné de joue de porc à la semoule d'orge bio et aux chénopodes (proche cousins des épinards) : très bien cuisiné également.
Pour manger, une cuillère en bois et un couteau mais, pas de fourchette : ainsi en était-il autrefois...
Pour terminer un petit fromage blanc au miel (le sucre n'existait pas à l'époque) suivi d'un dessert (petit soufflé au pavot sur sablé au pruneau) : le tout pour une vingtaine d'euros.
La journée s'annonce courte : nous n'avons donc pas visité le Musée archéologique mais préféré prendre la navette pour monter sur le Mont Beuvray d'où on jouit d'un beau panorama sur les collines du Parc Naturel Régional du Morvan.
En haut du Mont, de superbes hêtres séculaires
Monument à Jacques-Gabriel Bulliot, inventeur de l'Oppidum gaulois de Bibracte
La terrasse : c'est ici que s'est faite l'union des chefs gaulois autour de Vercingétorix.
François Mitterand a proclamé Bibracte "Site national" le 17 septembre 1985.
Nous sommes ici à 814 mètres d'altitude.
Installés à l'emplacement d'un temple gallo-romain ayant existé jusqu'au Vème siècle, la chapelle et la croix Saint-Martin témoignent de la vocation cultuelle continue du lieu. La chapelle est construite en 1873, à l'issue des fouilles de Jacques-Gabriel Bulliot.
Détail de la croix : le partage du manteau
C'est aussi à proximité que se tenaient les foires du Beuvray, le premier mercredi de mai, selon une tradition fameuse dans toute la Bourgogne au Moyen-Age.
Sur le chemin du retour : des fouilles
Nous devrons retourner à Bibracte pour suivre une visite guidée du site et visiter le musée : une autre balade en perspective !
Et maintenant, Autun, réputée pour...
sa Cathédrale Saint-Lazare que nous visiterons,
et son Musée Rolin - situé derrière cette curieuse grenouille en bois de châtaigner, oeuvre de Bernard Morot-Gaudry- que nous n'aurons pas le temps de visiter...
Hommage d'André Chambrion, habitant du quartier de la cathédrale, à Gislebertus, artiste du XIIème siècle, qui réalisa (ceci est parfois contesté : voir plus loin) les principales sculptures de la cathédrale, en particulier le Jugement dernier du tympan du portail principal.
C'est un G majuscule - pour Gislebertus - qui lui sert de corps, auquel sont adjoints les outils principaux du sculpteur, le ciseau et le marteau.
L'horloge astronomique
La façade principale de l'église donne sur la place - étroite - du Terreau.
Difficile donc de la photographier de face...
Le porche d'entrée est précédé d'un narthex.
Depuis le narthex - sur le côté - on a vue sur la fontaine Saint-Lazare, construite par Jean Goujon en 1543.
Et voici le fameux portail roman dont Gislebert a, dit-on, sculpté le tympan
Le grand Christ en Majesté trône dans une mandorle. Les deux disques en haut représentent le soleil et la lune.
Une inscription, en-dessous - Gislebertus hoc fecit - pourrait faire croire que le tympan a été sculpté par Gislebert mais... ceci n'est pas complètement sûr, le terme "hoc fecit" au lieu de "me fecit" se référant plutôt à un commanditaire ou à un donateur.
Le Christ est entouré à gauche par neuf apôtres dont Saint-Pierre que l'on reconnaît à sa clé. Il est tourné vers le Paradis qui est représenté par trois étages d'arcades et dont il protège l'entrée.
Cliquez sur l'image
En haut du tympan, la Vierge Marie est assise sur un trône dans la gloire du ciel, à côté d’un ange à trompette.
A droite du Christ, on peut admirer l'enfer des damnés avec plusieurs scènes affreuses. La fameuse Pesée des Ames est représentée avec une balance entre le grand archange saint Michel, à gauche, avec deux âmes se terrant sous sa robe, et Satan, à droite, avec un serpent à trois têtes. A droite, on trouve l’enfer : damnés dévorés par des diables, des monstres, le Léviathan, deux damnés dans une chaudière et une femme à serpent dévorant les seins.
Cliquez sur l'image
Au-dessus, ce sont les apôtres saint Jean et saint Jacques, et à côté, un ange à trompette.
Le linteau soutient le tympan sur toute sa largeur et se compose de deux pierres.
De quoi inquiéter les pêcheurs !
Cliquez sur l'image pour voir les chapiteaux à gauche du portail : au centre, peut-être le péché originel ?
Les chapiteaux à droite du portail : à gauche, une procession ou un baptême, au centre des agneaux et à droite peut-être Saint Jérôme retirant l'épine du pied du lion
Cliquez sur l'image...
Au centre du portail, le trumeau date du XIXème siècle : il est orné de trois statues-colonnes qui représentent Saint Lazare et ses deux sœurs.
D'élégantes colonnettes ornent aussi le portail.
Entrons dans le sanctuaire...
Entrelacements de sculptures au niveau du portail intérieur
La nef vue depuis le choeur (celui-ci était en travaux)
La cathédrale d'Autun est réputée pour la beauté de ses chapiteaux qui sont un vrai livre d'images... Je n'en n'ai pris que quelques uns.
Cliquez sur les images pour mieux les admirer.
La seconde tentation du Christ
L'apparition du Christ à Marie- Madeleine
Le lavement des pieds de Saint Pierre par Jésus (agenouillé)
L'ascension de Simon le magicien
Saint Vincent protégé par deux aigles
Au sortir de l'église, promenade dans le centre historique de la ville
On arrive ainsi tout doucement aux remparts de la ville.
Sortons un peu de la ville maintenant...
C'est le premier grand voyage avec notre belle Picasso !
La campagne est bien belle autour de la ville.
Autun a un passé très ancien : c'était une ville gallo-romaine.
Construit aux environs de 70 après J.C et situé à l'est de la ville antique, le théâtre était destiné aux représentations dramatiques. Avec ses 148 mètres de diamètre, il apparaît comme le plus grand du monde romain, pouvant accueillir 20 000 spectateurs. S'appuyant sur la pente naturelle du terrain, le théâtre est de style classique avec des gradins disposés sur trois rangées semi-circulaires, coupées par des escaliers. Un mur imposant fermait le théâtre derrière la scène, d'une hauteur supposée de 30 mètres.
Petits détails: la nature est si belle !
Un peu prise à la va vite...
Voici un autre monument datant de l'antiquité : la Porte Saint-André ouvrait à l'Est, à l'extrémité du dcumanus (voie traversant la ville d'Est en Ouest). Elle a cependant été très remaniée par Viollet-le-Duc.
Pour aller voir le Temple de Janus, il faut passer sous la Porte d'Arroux. Cette porte, datée du début du 1er siècle après J.C, ouvrait au Nord, à l'extrémité du cardo maximus (voie traversant du Nord au Sud). Elle présente deux grandes arcades pour le passage des véhicules et deux petites pour les piétons.
Le Temple de Janus est le seul vestige en élévation d'un quartier cultuel situé à l'extérieur de la ville. C'est un fanum (temple d'origine gauloise). Le dieu honoré dans ce temple est inconnu. Le nom de Janus vient de la déformation du nom du quartier « La Genetoye », lieu où poussaient les genêts.
L'édifice, de plan carré, se composait d'une cella (pièce centrale abritant la statue du culte) entourée d'une galerie. Seuls subsistent deux murs de la cella, hauts d'environ 24 mètres et larges de 16 mètres, bâtis en petit appareil. Au niveau inférieur, on remarque une série de niches : trois d'entre elles sont béantes depuis l'effondrement de leur fond. Au niveau supérieur, trois fenêtres sur chaque côté étaient percées au-dessus du toit de la galerie. Leurs linteaux en bois, soulagés par des arcs de décharge encore en place, ont disparu. Entre niches et fenêtres, deux lignes d'orifices entourés de briques, recevaient la charpente du toit de la galerie.
La forme particulière de ce temple, dit fanum, est de tradition gauloise quoique sa technique de construction, datable du Ier siècle de notre ère, soit romaine.
La divinité vénérée ici reste totalement inconnue.
Vue sur la ville depuis le Temple de Janus
Ayant repris la voiture, nous voici maintenant arrivés sur le lieu de la "Pierre de Couhard".
De là, on plonge sur le Lycée militaire couvert de tuiles vernissées : on est bien en Bourgogne !
Joli, non ?
La Pierre de Couhard
Son nom provient du hameau près duquel le monument se situe.
Située au sommet d'une nécropole gallo-romaine, la Pierre de Couhard a été construite au Ier siècle après J.C. était soit un tombeau recouvrant les restes d'un défunt soit un cénotaphe célébrant sa mémoire.
Sur une base carrée, haute de 10,50 mètres, s'élevait une pyramide de 22,65 mètres dont les vestiges atteignent actuellement 25 mètres. L'orifice que l'on voit au centre a été creusé en 1640. D'autres fouilles ont eu lieu au XIXème siècle sans plus de succès. La pyramide est pleine. En 1960, on trouve à la base du monument une "tablette magique" en plomb du IIème siècle portant des inscriptions maléfiques en latin et en grec : elle atteste le caractère funéraire du monument. Celle-ci se trouve aujourd'hui au musée Rolin à Autun.
Ainsi se termine notre visite d'Autun. Demain, départ pour Romans-sur-Isère avec, à la clef, la visite du Palais idéal du Facteur Cheval situé à Hauterives, peu au nord de la ville : tout un programme que vous découvrirez d'ici quelques jours, le temps pour moi de trier mes photos et de pondre un petit post !
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Samedi dernier nous sommes allés visiter l'Espace Renoir à Essoyes. Nous l'avions déjà vu à deux reprises les années précédentes mais la grande nouveauté de l'année c'est qu'on visite maintenant la maison que Renoir habita avec sa femme Aline.
C'est en 1885 (Renoir a alors 44 ans) qu'Aline Charigot, d'abord modèle puis épouse du peintre, entraîne son mari à Essoyes, sa ville natale. Ils y passeront tous les étés en famille.
L'espace muséal est abrité dans les anciennes écuries du château Hériot (devenu école du village).
Je vous renvoie ICI à mon précédent article pour la visite de cet espace.
L'Ource à Essoyes
Montée vers l'église : nous sommes avec Michèle et Martine.
Devant la maison natale de la belle Gabrielle, le modèle préféré du peintre et la nounou de Jean
La maison et l'atelier de Renoir se trouvent au bout de cette jolie allée de verdure.
L'atelier de Renoir, à l'écart de la maison d'habitation
Au rez-de-chaussée, la chaise roulante du peintre, handicapé en fin de vie par une polyarthrite rhumatoïde.
Au premier étage, l'atelier proprement dit avec... fort peu de choses en fait
Au bout de cette allée, la maison des Renoir : au premier plan, les toilettes au fond du jardin...
Sur la terrasse, des chaises longues de l'époque, un jeu de quilles. Le ton est donné : nous allons visiter une maison dont le propriétaire semble toujours devenir de quitter les lieux...
Jeux d'antan
Le salon-atelier : il y règne un désordre très organisé.
Monsieur Renoir : vous avez oublié vos pinceaux...
Jean, il faudra tout de même penser à ranger tes jouets !
La pièce voisine est la salle d'exposition : on y trouve des originaux tel ce buste d'Aline Charigot,
Ce portrait intitulé Jeune femme au miroir datant de 1915,
et une vue d'un pont
Toujours au rez-de-chaussée, la cuisine
Le buffet-vaisselier a appartenu à la famille Renoir ainsi que la table ; les autres meubles ont été chinés ou récoltés auprès des habitants du village.
Aline a appris à lire, à écrire et à compter (ce qui n'est pas si fréquent à l'époque) mais elle préfère briller par la qualité de ses repas plutôt que de parler de ce qu'elle ne connait pas. C'est une cuisinière hors pair : ses talents ont séduit à Paris des intellectuels comme Stéphane Mallarmé, Emile Zola, Paul Verlaine...
Renoir aime les larges miches de pain, le beurre blanc non jauni au safran comme c'est la mode à Paris, les pois et les petites pommes de vigne, le vin local qui n'est pas coupé avec de l'eau. Il le boit dans des verres ordinaires, surtout pas en cristal, et parfaitement essuyés avec des torchons en lin qui, contrairement au coton, ne laissent pas de poussière blanche sur les verres.
Le grand escalier dessert les chambres des Renoir, au premier étage. Le deuxième niveau où logeaient les domestiques - mais aussi les modèles, les invités - et même Pierre, le fils aîné des Renoir, n'est pas ouvert au public.
Handicapé depuis 1902, le peintre a de plus en plus de mal à se mouvoir : "Nous l'asseyions dans la chaise à porteurs", explique Jean Renoir. C'était un fauteuil en osier aux flancs duquel on avait fixé deux bambous. Pour descendre l'escalier, la grande Louise se mettait devant et l'infirmière derrière. Pour monter, elles échangeaient leurs places.
Renoir a peint la maison en 1903 et en 1906 : on y voit bien la tourelle renfermant l'escalier.
La chambre d'Aline (antichambre)
Elle est raffinée, avec une coiffeuse et du matériel d'écriture, mais sans luxe superflu. Aline respecte le goût de l'authenticité de son mari et, si elle aime les belles maisons, elle refuse le "toc".
Des bribes de galon et de papier peint ont été retrouvées dans cette chambre. Il n'a pas été possible d'authentifier le motif exact du papier-peint mais il a été refait à la planche dans le même ton.
La baignoire en zinc a appartenu à la famille Renoir.
La chambre des enfants
La collection de pierres des enfants...
La chambre de Renoir
"Je trouvais toujours ses fenêtres grandes ouvertes", raconte Jean Renoir en parlant de cette chambre et du moment où il était autorisé à y pénétrer, seulement quand son père était habillé.
Baignée de lumière dès les premiers rayons du soleil, la chambre est à l'image du peintre : douce et chaleureuse. Renoir se contente du strict nécessaire, de meubles en bois brut et de bons draps de lit, le tout sans prétention et sans ornements superflus.
Le lit est celui de Renoir.
Le chauffe-bain, la bassine plate et son tub sont d'origine.
Le choix du revêtement mural est inspiré par les bribes de papier-peint au motif de feuillage.
Retour vers l'atelier
Tiens... un visiteur égaré !
Pour clore cette visite, un petit tour au cimetière où le peintre, sa femme et plusieurs de leurs enfants sont enterrés. Les dépouilles de Renoir et de sa femme ont été exhumées du cimetière du château de Nice où ils avaient été enterrés : ils avaient tous les deux émis le souhait de reposer à Essoyes.
Nous y rencontrons Bernard Pharisien, petit-neveu de Gabrielle Renard, le modèle préféré du peintre, qui propose bénévolement tous les matins aux amateurs d'histoire et d'érudition une promenade dans le village durant laquelle il fait revivre le peintre et les siens (Les matinales d'Essoyes).
Au premier plan, la tombe de Renoir et au deuxième plan, celle d'Aline Charigot
Selon Bernard Pharisien, c'est pour une question d'esthétique que le peintre et sa femme n'ont pas été enterrés l'un à côté de l'autre et non pas, comme je le croyais, du fait d'une inimitié entre Renoir et sa belle-mère (celle-ci étant enterrée avec sa fille)...
Une visite très émouvante : à conseiller
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J'avais oublié ces photos dans mon appareil !
Elles datent d'il y a presque un an...
Aujourd'hui nous avons emmené notre amie Michèle, qui passe quelques jours avec nous en Bourgogne, écouter un concert de trompes de chasse au Château d'Ancy-le-Franc situé à seulement 35 minutes de la maison. Nous en avons donc profité pour visiter ce beau château Renaissance.
Il s'agit d'un quadrilatère parfait flanqué aux angles de pavillons également carrés.
La genèse d’Ancy-le-Franc provient d’une rencontre, celle de Sébastiano Serlio, architecte italien de François I er, et du beau-frère de Diane de Poitiers, Antoine III de Clermont-Tallard, désireux d’édifier sur ses terres un château qui sera le reflet de sa puissance et de sa richesse. La construction débute en 1542 et dure huit ans, mais les travaux de décoration interne s’étalent jusqu’en 1600.
Antoine de Clermont avait demandé à son architecte un château sur le modèle d'un palais romain mais une toiture romaine plate était infaisable en Bourgogne : il réalisa donc une toiture à large pente.
On entre dans le château par un porche monumental décoré du monogramme de Charles-Henri de Clermont-Tonnerre : CHCT.
La cour intérieure est très sobre, tapissée de petits gravillons ratissés au peigne fin.
La visite du château commence à l'étage auquel on accède par un grand escalier d'honneur, à vis.
La première pièce que l'on visite est la Chapelle qui est dédiée à Sainte Cécile, la patronne des musiciens. Tout comme l'ensemble des pièces du château, cette dernière est couverte de fresques dans sa partie haute tandis que des peintures représentant différents saints et prophètes ornent sa partie basse : le château d'Ancy-le-Franc est le rival direct de Fontainebleau.
Le plafond de la chapelle est en trompe-l'oeil : il y a seulement une apparence de relief...
Saint Philippe !
Donnant sur la chapelle, un petit oratoire permet d'écouter sans être vu. Il possède un curieux décor de têtes de mort...
Admirez le superbe carrelage de la Salle des Gardes !
Au fond de la pièce, un portrait de Gaspard de Clermont-Tonnerre, Maréchal de France
La pièce suivante est la salle à manger : les bougies d'un superbe lustre hollandais devaient illuminer le soir la table où le dîner semble prêt à être servi.
Attenant à la salle à manger, un cabinet d'aisance...
Puis vient le Salon Louvois du nom de son ancien propriétaire, François-Michel Le Tellier, premier marquis de Louvois et ministre de Louis XIV qui acheta en effet en 1683 le château aux Clermont-Tonnerre. Ce salon était à l'origine la chambre où Louis XIV dormit lors de son passage à Ancy-le-Franc en 1674.
On peut y admirer un très beau plafond à caissons.
La visite se poursuit par le Salon des Dauphins dont le nom rappelle celui du Dauphiné, la région d'origine d'Antoine III de Clermont-Tonnerre. Le portrait est celui de François de Clermont-Tonnerre qui reçut Louis XIV en 1674.
Ici encore un très joli plafond qui n'a rien à envier à celui de la pièce suivante, le Salon mauve.
Dans ce salon un superbe secrétaire du XIXème (copie d'un cabinet du XVIème siècle de style florentin) en bois de poirier noirci incrusté d'ivoire et d'os.
Il parait que si une seule personne avait dû le fabriquer, cela lui aurait pris 35 ans !
Nous voici à présent dans le Salon du balcon : salon de musique au XVIIIème siècle il est devenu au XIXème salle de billard.
La Galerie des Sacrifices est constituée d'une pièce rectangulaire recouverte de peintures murales en grisaille (camaïeu de gris) : les scènes sont empruntées à la religion gréco-romaine.
Ces scènes de sacrifices d'animaux sont la reproduction fidèle des gravures d'un ouvrage du XVIème siècle (celui de Guillaume de Choul) sur les rites religieux antiques.
Depuis la galerie on a une jolie vue sur la cour carrée.
Vous l'aurez deviné : il s'agit là de la nouvelle bibliothèque qui date du XIXème siècle (mais qui comporte des ouvrages des XVII, XVIII et XIXème siècles). L'ancienne bibliothèque a été entièrement détruite pendant la Révolution : tous les ouvrages ont été brûlés dans la cour intérieure...
Le Cabinet du Pastor Fido est une pièce utilisée par la maîtresse de maison pour recevoir ses proches invités et ses amis fidèles. C'était l'endroit de repos de la Marquise de Sévigné lorsqu'elle venait rendre visite à sa grande amie, Anne de Souvré, épouse du premier marquis de Louvois. Les peintures, sur le thème d'une pastorale, rappellent un poème très connu à l'époque : Il Pastor Fido.
La chambre de Judith
A droite de la cheminée, un tableau représentant Judith décapitant Holopherne.
Judith décapitant Holopherne est un thème artistique tiré du Livre de Judith (Livre de la Bible) particulièrement représenté dans la peinture européenne du XVIIème siècle.
Judith entre dans la tente d'Holopherne, un général assyrien sur le point de mener une offensive contre la ville de Béthulie. Il s'enivre au point de perdre connaissance ; Judith le décapite, et emporte sa tête dans un panier (la tête est souvent représentée dans un panier portée par une servante de Judith, plus âgée qu'elle). Les peintres représentent généralement l'une des deux scènes suivantes : la décapitation d'Holopherne allongé sur son lit, ou Judith tenant la tête d'Holopherne, parfois aidée par sa servante.
Depuis la Chambre de Judith on jouit d'une jolie vue sur les jardins et le village voisin.
Le "parterre est" a été entièrement rénové l'an passé.
Cette vue d'avion le met bien en valeur.
Quatre panneaux représentant deux roses, une tulipe et une anémone se détachent sur un fond de pierres blanches (quartz), encadrés d’une rangée végétale de fusains. Des œillets et des pétunias constituent les pétales des 4 fleurs géantes, des plants verts pour les tiges et feuilles.
Au fond de la perspective, un majestueux bassin et son grand jet d’eau.
La Galerie de Médée est l'une des plus jolies pièces, à mon sens, du château. Elle porte ce nom car il y a ici la représentation du célèbre récit mythologique grec : le départ de Jason et des argonautes à la Recherche de la Toison d'Or.
La grande composition décorative aux murs, un décor à fond de grotesques, est d'inspiration pompéienne. Ornements décoratifs de guirlandes, frises, vases, rinceaux tant aimés à l'époque.
Le carrelage du sol est certainement le plus beau du château : il s'agit d'une magnifique composition de mosaïque de marbre italien datant du 18ème siècle.
Sur le mur du fond, une fresque représente le combat de Médée contre Jason : cette dernière va le tuer pour dévorer ensuite ses enfants.
La Chambre des Arts porte ce nom en raison des médaillons représentant les 7 Arts Libéraux (3 matières littéraires et 4 matières scientifiques). Il s'agissait des matières enseignées dans l'Antiquité et au Moyen-Age. Ils sont le fruit d'un travail entre Le Primatice et son élève et exécuteur testamentaire Ruggiero de Ruggieri.
Voici le médaillon de "La Grammaire"
et celui de "La Rhétorique"
Je l'ai surtout photographié pour le motif du bas représentant un singe chevauchant un chien : la reine Catherine de Médicis, épouse d'Henri II, aimait s'entourer de ces animaux...
Le plafond du 16ème siècle est un damier de 9 caissons, il est sans doute un des plus beaux de ce château. Dans son état d'origine, il a certes souffert de quelques infiltrations mais il n'a pas été retouché.
Nous voici maintenant dans la Galerie de Pharsale, toute en camaïeu d'ocre du plus bel effet. C'est ici que se trouvent les peintures murales les plus célèbres du château.
Son nom vient de la fameuse bataille qui opposa en 49 avant J-C les troupes de César et celles de Pompée. Bien sûr, César en fut le vainqueur, Pompée prit alors la fuite en Egypte où il mourut empoisonné par le frère de Cléopâtre, laissant le champ libre à la dictature.
Au centre de la galerie trône un portrait en pieds de Louis XIII.
Détails de la bataille
Là se termine la visite du premier étage du château. Le rez-de-chaussée est en cours de restauration...
Mais je vous ai annoncé un concert de trompes de chasse, n'est-ce pas ?
Voici justement qu'il est l'heure d'y assister : ce sont les sonneurs de l'Ecole de trompes de chasse Saint-Hubert de Chablis qui officient.
Le Clermont-Tonnerre
Le concert des débutants : Le point du jour
La Saint-Hubert naturellement
Les sonneurs nous ont aussi fait la démonstration que pour savoir sonner il faut aussi savoir chanter juste !
Le Printemps à Novel (Christian Delval)
Le refuge (chant pyrénéen)
Les salutations des sonneurs...
Bon... je ne dis pas que j'en écouterais tous les jours mais une fois de temps en temps c'est amusant surtout dans un si joli cadre...
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Ce vendredi, nous sommes allés au musée de Châtillon pour y revoir l'exposition en cours que nous n'avions fait que survoler la fois précédente.
Son titre : Antiquité du design, design de l'antiquité
Voici le résultat de ma visite au musée et de la consultation du site créé pour l'exposition.
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La production en série a toujours existé : elle date de l'antiquité. Voici la carte du commerce dans l'Empire Romain aux Ier et IIème siècles
La signature des oeuvres désigne l'artisan qui a fabriqué un objet : elle est apposée sur le moule ou sur le modèle grâce à un poinçon ou un sceau. Elle est ensuite, comme l'objet, produite en série.
Une signature est composée soit de trois noms - le prénom, le nom et le surnom - soit de l’abréviation d'un nom simple.
Poinçon de potier : ce signe est le cachet d'un atelier, celui de Millau.
La céramique sigillée apparaît au Ier siècle avant Jésus-Christ à Arezzo, en Etrurie puis se diffuse dans tout l'Empire Romain. Les archéologues emploient le mot "d'industrie" pour qualifier cette production de masse. Les techniques de fabrication par moulage ou au tour permettent la production en série d'une vaisselle de table, d'une belle couleur rouge brillante, parfois décorée de motifs réalisés au poinçon.
Grâce à la céramique sigillée, la classe moyenne exhibe une vaisselle de luxe imitant la très prestigieuse vaisselle en bronze et en argent des élites.
Coupe, estampille dans le décor, terre cuite Ier - IIème siècle, provenance site de Vertault
Mortier sigillée à mufle de lion - Terre cuite Ier - IIème siècles (Musée de Langres)
Sigilées de Lezoux et de l'Argonne (Puy de Dôme)
Détail de mortier à mufle de lion
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De nos jours, dans le domaine de la vaisselle, deux objets bien connus de tous : les couverts Guy Degrenne et la bouteille de Coca-Cola.
Un écolier plus occupé à dessiner qu'à écouter en classe, à qui un Proviseur lançait : "Mon pauvre Guy Degrenne, ce n'est pas comme cela que vous réussirez dans la vie".
Guy Degrenne avait repris les modèles classiques des grands orfèvres parisiens pour les faire fabriquer en acier inoxydable massif : il avait démocratisé l'argenterie.
La bouteille de Coca-Cola
Que serait Coca-Cola sans sa bouteille, reconnaissable entre toutes ? Dessinée en 1915 par Alexandre Samuel suite à un concours dont la demande était de créer une bouteille reconnaissable même dans la nuit noire, la bouteille fut inspirée de la fève de cacao.
Dans l'antiquité, les amphores sont également fabriquées en série et reconnaissables selon leur contenu.
D'un simple coup d'oeil, un commerçant Lingon (peuple gaulois) sait ce qu'elles contiennent et d'où elles viennent : vin italien ou vin gaulois, huile ou préparation à base de poisson ibérique.
A gauche, amphore vinaire gauloise, terre cuite du Ier siècle (région Nord) , à droite amphore pour les conserves de poisson, terre cuite du Ier siècle (région de Langres)
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De nos jours, la Vierge de Lourdes : tout un programme...
En parallèle, Les Dieux chez soi avec les figurines en terre cuite blanche
Elles servent à garnir des autels de type laraire. Elles peuvent également accompagner le défunt dans sa tombe. Les figures de Vénus et de déesses mères sont les plus répandues. La technique de fabrication (archétype) permet une large diffusion. Moins coûteuses que les statuettes de bronze, elles sont le signe d'une religion populaire.
Moule et figurine de déesse mère (fin IIème début IIIème siècle - provenance Autun)
Vénus des IIème - IIIème siècles...
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La fermeture-éclair : l'indispensable objet du 20ème siècle
De même, la fibule, l'ancêtre de l'épingle-nourrice : un système d'attache du vêtement apparu vers
1000 avant J.- C. Il est possible que des productions en série aient existé dès le premier âge du fer (500 avant J.-C.) si l'on en croit la similitude de gabarit de certains exemplaires.Critères de fonctionnalité et d'esthétique transforment les fibules en objets au design diffusé plus ou moins largement au gré de la mode...
Fibule zoomorphe à décor de lièvre (métal - Ier siècle) - Musée du Pays châtillonnais
Fibule zoomorphe à décor de sanglier (métal - Ier siècle) - Musée du Pays châtillonnais
Fibule zoomorphe à décor d'oiseau (métal - Ier siècle) - Musée du Pays châtillonnais
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Que ferait-on sans Edison et son ampoule à filament... ?
Dans l'antiquité, les lampes à huile d'origine italique ou africaine sont du goût des gaulois qui n'hésitent pas à les copier dans leurs ateliers de la Narbonnaise, des vallées du Rhône et de l'Allier.
Le mode de fabrication par moulage ou surmoulage permet de reproduire des modèles sans qu'on sache d'ailleurs s'ils étaient vendus comme des imitations ou des contrefaçons...
Partie supérieure d'un moule de lampe à huile et lampe à huile en terre cuite (époque gallo-romaine)
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Réemploi et détournement : le génie du bricolage
La réutilisation symbolique conserve à l'objet une partie de sa fonction initiale : ainsi en est-il de la dépose d'amphores vinaires dans les tombes à char ou dans les puits d'offrandes aux divinités.
Durant l'antiquité, les amphores sont parfois réutilisées pour servir de cercueil à des enfants. la forme de l'amphore n'est pas sans rappeler un corps féminin et l'enfant, arraché si vite à sa mère, retrouvait de façon symbolique, un ventre maternel protecteur.
Ceci n'est pas propre à l'antiquité comme le montre cette photographie de Franck Dujoux et Olivier Foulon.
Réemploi de la chaise en plastique "Monobloc"
Une exposition un peu difficile à suivre je trouve mais très intéressante.
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Après la visite du château de Duesme, l'après-midi de ce mardi a été consacrée à celle de l'atelier créatif d'Eclisse et Brindille à Etalante, un atelier de vannerie créative tenu par Gérard Bisiaux.
Celui-ci nous a reçus très gentiment dans la grange atennante à sa maison où il avait tout préparé pour une démonstration complète de son art.
Gérard Bisiaux, à droite, nous explique qu'il a été enseignant pendant toute sa vie professionnelle et qu'il a découvert la vannerie quand il a pris sa retraite : il s'agit plus d'un loisir que d'un travail rémunérateur, même si les vanneries qu'il crée peuvent être achetées.
Vous comprendrez pourquoi plus loin...
Voici quelques unes de ses réalisations : des paniers...
des mangeoires à oiseaux
Une très jolie corne d'abondance : le mélange des bois crée de jolis dessins.
Le public est attentif aux explications de l'artisan qui "donne tout"...
Voici un panier fabriqué en rotin : Gérard Bisiaux n'utilise que très peu - en solo - ce matériau.
Il préfère le marier avec d'autres plantes cueillies dans la forêt telles que la viorne, le noisetier, la bourdaine ou encore le cornouiller. Voici dans la cour, trempant dans l'eau pour la conservation des feuillages, des exemples de ces végétaux fraîchement cueillis.
Je n'ai pas retenu le nom des plantes qu'il nous a montrées une par une...
Mais celle-ci est de la viorne, sûr.
Le vannier nous a montré ses outils : la base, c'est le couteau. Ici des fendoirs pour fabriquer des lamelles à partir d'une tige de bois.
Dans la main gauche, le début d'un panier (vannerie sur arceaux)
Le départ est toujours délicat à réaliser : il faut avoir du métier...
La préparation du bois : la branche de noisetier a été fendue en trois sur toute sa longueur (à l'aide d'un fendoir) pour fabriquer des éclisses.
Utilisation du couteau pour amincir le bois
Dessus dessous, dessus dessous... Y'a plus qu'à !
A la fin de la démonstration (qui a bien duré 1h30...) une petite collation nous a été offerte.
Sympa !
La fabrication d'un panier nécessite une quinzaine d'heures de travail, sans compter le temps passé à collecter les matériaux... Voilà pourquoi Gérard Bisiaux pratique cette activité surtout comme un loisir. En tout cas, il parait bien difficile d'en vivre...
Il est toujours bon de remettre les pendules à l'heure !
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