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Après le déjeuner, nous voici à nouveau confortablement installés dans le car conduit par Damian, notre chauffeur. Le trajet va durer environ 2 heures : Torun, notre prochaine destination, se trouve à environ 170 km au sud de Gdansk en suivant plus ou moins le cours de la Vistule. Aussi Marzena, notre guide, va-t-elle occuper les quelques 2h que va durer le trajet pour nous donner un complément d'informations sur son pays, la Pologne, dont elle est amoureuse. Normal, non ?

Marzena nous parle aujourd'hui des repas pris par les polonais avec beaucoup de souplesse au niveau des horaires.

Le petit-déjeuner consiste en du pain, du beurre, de la saucisse, des œufs et du fromage pour les gens qui ont une activité physique, les autres déjeunant plus léger.

Si j'ai bien compris, les personnes âgées prennent une sorte de deuxième petit-déjeuner le midi puis prennent leur repas du soir vers 16-17 heures.

Les repas principaux sont constitués par :

1 - Le premier plat : soupes diverses et variées (l'une d'entre elles s'appelle "zurek" qu'on prononce JOUREK). Le pain n'est mangé qu'avec la soupe.

2 - Le deuxième plat : il consiste en de la viande accompagnée de crudités et de pommes de terre.

3 - Le troisième plat : ce sont souvent des gâteaux ou des fruits mangés bien après le repas. Les polonais mangent aussi du "fromage jaune", différent du "fromage blanc".

En deuxième plat, on peut manger par exemple :

Les "Pierogi" qui sont des raviolis : ils peuvent être fourrés au fromage-pommes de terre-oignons mais aussi à la viande et, tenez-vous bien, à la framboise, aux myrtilles ou aux pommes !

Les "Placki" sont des galettes de pomme de terre parfois accompagnées de goulash.

Les "golabki" sont composés d'un mélange de riz et de viande hachée enveloppés dans une feuille de chou.

 Côté boissons, les polonais ne boivent pas d'eau, plutôt de la bière ou de la vodka !

Au fait connaissez-vous l'origine de l'expression française "saoul comme un polonais" ? Je parie que non !

Marzena nous explique qu'il faut remonter aux batailles napoléoniennes pour en trouver l'origine. Accueilli à Varsovie en “libérateur” en 1806 après sa victoire contre la Prusse, les Polonais espéraient voir en Napoléon celui qui ferait renaître leur souveraineté perdue. Beaucoup de polonais sont ainsi entrés dans l'armée napoléonienne. Napoléon livrant bataille en Espagne, ce sont les polonais qui permirent de gagner la bataille. Des généraux français jaloux, voulant minimiser le rôle des Polonais, indiquèrent que ceux-ci étaient ivres. L’Empereur leur répondit :

« Alors Messieurs, sachez être saouls comme des Polonais ! » 

Mais nous voici déjà arrivés à Torun, une ville construite au XIIIe siècle par les chevaliers teutoniques.

Marzena nous parle de la légende concernant l'étymologie du nom de la ville de Torun.

D'après la tradition, une de tours de la ville se serait liée d'amitié avec la Vistule : le fleuve lui racontait des histoires intéressantes tout en s'approchant de ses murs. Au fil du temps, la Vistule déchaussait les fondations de la tour ; celle-ci, ne supportant plus le courant du fleuve, s'écria : Vistule, Vistule ne t'approche de moi ou je m'écroule ! Le fleuve lui aurait répondu: Alors tombe ! (en polonais : To ruń !). Le cri aurait été entendu de loin par des pèlerins se demandant quel nom portait la ville qui se dessinait à l'horizon. Ainsi ils marquèrent Toruń sur leurs cartes.

J'adore les légendes...

Marzena nous parle aussi de la spécialité culinaire de la ville de Torun, les Piernicki (les pain d'épices). Elle nous dit que le plus connu est celui de Catherine, la fille d'un marchand tombé malade. Devant remplacer son père aux fourneaux sans en avoir le coup de main, elle a fait cuire les petits tas déposés sur la plaque sans les espacer suffisamment. Ceux-ci se sont alors rejoints formant une forme multiple...

Ces petits pains d'épices sont soit au naturel soit enrobés de chocolat.

Une fois les bagages déposés à l'Hôtel Solaris, un hôtel un peu vieillot situé juste en face de l'église Sainte-Marie,

nous entamons la visite de la ville en compagnie d'Anna, notre guide locale, parlant elle aussi parfaitement le français.

Avant de partir, Marzena nous distribue à chacun un petit pain d'épices de Torun ! Quelle gentille attention...

Notre première visite sera celle de la maison de Nicolas Copernic, le célèbre astronome. Elle se trouve à cinq minutes à pied de l'hôtel. Située dans la Ulica Kopernika, il s'agit d'une maison de ville en briques de style gothique qui a appartenu à la famille Copernic dans la seconde moitié du XVe siècle et est considérée par certains historiens comme sa maison natale.

En fait, la maison est un musée : voici la première pièce que l'on visite.

Nicolas Copernic est célèbre pour avoir développé et défendu la théorie de l'héliocentrisme, selon laquelle la Terre tourne autour du Soleil, supposé au centre de l'Univers, contre l'opinion alors admise que la Terre était centrale et immobile. Les conséquences de cette théorie, ayant causé de profonds changements des points de vue scientifique, philosophique et religieux, sont désignés comme la révolution copernicienne.

Copernic est né le 19 février 1473 dans une famille bourgeoise de Torun.

Portrait présumé de Nicolas Copernic (Ecole Allemande du milieu du XVIe siècle)
Copie par Nora Zinck - 1944

 Un autre portrait présumé de Copernic dans cette pièce du musée, datant de 1580.

Le père de Nicolas Copernic était un commerçant récemment arrivé de Cracovie, à l'époque capitale du royaume polonais, et sa mère appartenait à une riche famille locale. À 10 ans, le futur astronome perd son père. Dès lors, la figure masculine la plus importante de sa vie sera celle de son oncle maternel, Lukas Watzelrode, qui en 1489 deviendra évêque de Varmie.

Ce dernier inscrit son neveu à l’Académie de Cracovie en 1491, qui est la seule université de Pologne et l’une des rares dans cette partie de l’Europe : fondée en 1364, elle devient célèbre dans la seconde moitié du XVe. Copernic étudie les mathématiques et l'astronomie, mais aussi la médecine et le droit. Il n'y restera que quelques années, pas assez pour obtenir un diplôme mais part ensuite en Italie où il continue à étudier, même le grec... Entretemps, son oncle le "pistonne" pour devenir chanoine de Frombork (Poméranie). A la fin de ses études en Italie, il rentre en Pologne où il continue son observation des astres.

Ceci dit, nous continuons notre visite du musée dans lequel sont reconstituées des intérieurs du XVe siècle.

La salle à manger

La chambre et les habits de l'époque

 La cuisine

On y voit même le bureau du savant...

 Ici, une pièce où sont exposés des instruments de mesure

 Un tableau représentant la ville de Torun (cliquez pour agrandir)

Les derniers moments de Nicolas Copernic par Aleksander Lesser (1873)

Nicolas Copernic sur son lit de mort (1869) - Walery Eljasz-Radzikowski

Après cette visite guidée éclair dont je n'ai rien retenu (!), c'est à un tour de la ville, toute en briques, que nous convie Anna.

Ici, on vend des "Pierniki" : autrement dit du pain d'épices !

Les apparences sont parfois trompeuses comme ici sur cet immeuble où l'on peut apercevoir la brique sous le crépi.

Les façades sont tout de même assez austères.

En direction de la Vistule

 Passant sous ce porche, nous découvrons un grenier à blé baroque dont les fenêtres sont en forme de sacs !

Il n'y a pas qu'à Pise qu'il y a une tour penchée !

Anna nous dit que celle-ci est plus inclinée que son homonyme italienne : 1,46 mètre d'écart à la verticale pour 15 mètres de hauteur.

On voit bien ici l'angle que fait la tour avec la maison voisine.

Ici encore, une légende entoure cette construction moyenâgeuse.

Au château de Toruń vivaient 12 chevaliers teutoniques. L'un d'eux est tombé amoureux d'une jeune bourgeoise. Ils se rencontraient dans des ruelles de la ville, mais les citadins les ont dénoncés au commandeur de l'ordre. Le chevalier a été contraint de construire une tour, cependant elle ne devrait pas être droite, tout comme ne l'était pas la conscience du chevalier.

Anna invite alors les hommes du groupe à faire le "test de la fidélité". Celui-ci consiste à essayer de se tenir le long du mur tout en étendant les bras en avant. Pas si simple que ça n'y parait...

Philippe, comme tous, s'est révélé infidèle : Ici, c'était avant qu'il ne bascule ! On a bien ri car au final le groupe était sympathique.

Nous longeons les murailles de la ville. Comme à Gdansk, ici les rues sont pavées. 

Un peu plus loin se trouve un plan de la ville.

Anna nous montre les endroits que nous allons aller voir : la Cathédrale, le Rynek (la place du marché), la statue de Copernic...

Le Palais Dambski a appartenu à un évêque. Sa façade est sculptée d’ornements végétaux. Il est occupé par l’École des Beaux-Arts de l’Université Copernic.

La Cathédrale de Torun est dédiée à Saint-Jean-Baptiste et Saint-Jean-l'Evangéliste (les habitants l'appellent la Basilique des Saints-Jean). Construite au début du XIIIe siècle en style gothique, elle a été remaniée jusqu'au XVe siècle pour prendre sa forme actuelle. Elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

L'horloge monumentale fait face à la Vistule : elle servait à réguler le flux de la vie sur la Vistule et le quai du port. Anna nous fait remarquer qu'elle ne possède qu'une aiguille (surnommée Digitus Dei, Doigt de Dieu). Il s'agit de l'aiguille des heures, celle-ci se terminant par deux doigts pointant vers l'heure.

Le trou situé au niveau de la VIIIe heure a probablement été fait par un canon durant le siège de la ville par les suédois en 1703.

Nous entrons brièvement car il y a un office, juste le temps d'admirer la voûte.

Et de voir qu'ici encore Jean-Paul II est à l'honneur.

Une curieuse croix orne un mur de l'église : sur son bois sont gravées les années depuis 1995 jusqu'à 2023. Je pense qu'elle doit servir lors des processions du Vendredi saint. Les années 2020 et 2021 sont manquantes : ce sont les années du Covid.

Nous retrouvons la Ulica Kopernika au coin de ce magasin de "Piernicki".

Sur la place du Rynek, l'horloge du beffroi de l'Hôtel de Ville servait, elle, à régler la vie des habitants. Devant celui-ci, une statue en bronze (1853) rend hommage à Nicolas Copernic. sur le socle en pierre on peut lire l'inscription en latin : " Nicolas Copernic, de Toruń, arrêta le Soleil et le ciel et mit la Terre en mouvement".

Le grand scientifique est représenté avec un astrolabe dans la main gauche tandis qu'il pointe le ciel de sa main droite.

Au sud du Rynek (la place du marché), la maison d'Artus, bâtie au XIXe siècle abrite aujourd'hui un centre culturel. Elle remplace l'ancien immeuble de 1466 où fut signé la fin de la guerre avec les Chevaliers teutoniques.

Au passage, nous voyons sur le trottoir un âne en bronze doré.

Anna nous explique qu'en bois, il servait au Moyen-Age à punir les malfrats : ces derniers devaient rester assis sur l'âne dont le dos est porteur d'une barre métallique sans doute très douloureuse à supporter surtout que leurs pieds étaient lestés de lourdes charges...

Mais c'est peut-être une légende. On le caresse comme porte bonheur maintenant.

La nuit tombe sur la ville.

Sur le trottoir, des plaques en bronze nous intriguent.

Anna nous explique qu'elles sont en rapport avec divers événements ou personnes. Celle-ci est pour le compositeur polonais de musique contemporaine Piotr Moss et date de 2012.

Et j'ai remarqué celle-ci, posée en 2023, qui soutient les ukrainiens dans leur guerre contre la Russie.

Ayant quartier libre pendant une heure, Marzena nous dit d'en profiter pour acheter les fameux Piernicki...

Pour nous, ce sera le plaisir de voir la ville s'illuminer.

A Torun, ce n'est pas Hans, le joueur de flûte, qui éloigna les rats de la ville...

Une jolie fontaine, proche de notre hôtel, rappelle la légende du jeune gabarier qui trouva le moyen de débarrasser la ville de ses innombrables grenouilles. Il se mit à jouer du violon et les batraciens séduits le suivirent jusqu’à la Vistule où ils plongèrent. 

Des grenouilles en bronze doré ornent le pourtour de la fontaine.

Et maintenant, direction l'hôtel où comme tous les soirs nous allons dîner. Celui-ci est situé en face l'église Sainte-Marie.

Comme je l'ai dit plus haut, il s'agit d'un hôtel qui tranche avec ceux que nous avons eu jusqu'alors : il est plutôt vieillot mais le personnel y est sympathique.

Dans la salle à manger de belles fresques décorent les murs.

Nous partageons le repas avec Simonne et Marie : une photo prise par Marzena.

C'est le "repas du dimanche" qui nous est servi...

Le "premier plat" consiste en une soupe de vermicelles.

Le "deuxième plat", c'est du porc pané accompagné d'une salade de concombres et de tomates.

Pour le dessert, nous avons eu une glace si mes souvenirs sont bons...

Nous avons partagé tous les deux une bouteille de bière artisanale.

Vite vite, au lit car demain on part encore à 8 heures !

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