Pour consulter l'épisode précédent (la visite du château de Malbork), cliquez ICI.

De bonne heure le matin et après un bonne nuit à l'Hôtel Best Western Arkon Park de Gdansk, nous sommes sur le pont. Un dernier regard à cet hôtel très confortable malgré des oreillers un peu trop épais à mon goût.

Quelques images prises depuis le car : il ne fait pas franchement beau mais au final nous n'aurons pas de pluie de la journée.

Les élections sont proches...

Le 15 octobre, la Pologne va voter afin d'élire députés et sénateurs. Le même jour aura lieu un référendum pour ou contre la retraite à 67 ans. Il y a des chances pour que le parti au pouvoir, le PiS (populiste) qui le propose obtienne satisfaction !

Nous traversons la zone des chantiers navals.

 Marzena, notre guide polonaise, nous a briefés hier sur cette ville à l'histoire très compliquée. Dantzig (l'actuelle Gdansk) faisait partie autrefois des villes de la Hanse qui commerçaient ensemble (la Hanse était une sorte d'Union Européenne des pays du Nord). La présence de la Vistule, se jetant à Dantzig dans la mer Baltique après un cours de plus de 1000 km, favorisait en effet les échanges.

Au Moyen-Age, la ville - polonaise à l'origine - passe aux mains de l'ordre Teutonique, puis celui-ci déclinant, elle devient "ville libre" au sein de la Prusse royale entre les XVe et XVIIIe siècles et est alors surtout peuplée d'allemands. En 1793, suite au deuxième partage de la Pologne, elle devient allemande. Le traité de Versailles signé en 1919 après la défaite de l'Allemagne à l'issue de la première guerre mondiale, retire Dantzig à l'Allemagne et la ville prend le statut de "ville libre" alors que le reste du territoire redevient polonais.

L'Allemagne veut alors réunir les deux territoires de Prusse en récupérant le Corridor de Dantzig car les populations allemandes de Prusse-Orientale se plaignent d'être exposées à des représailles ou à des vexations. Les polonais refusent, ce qui va déclencher la deuxième guerre mondiale : le 1er septembre 1939 les allemands envahissent la Pologne.

Gdansk est donc une ville très particulière.

Marzena nous dit que ses habitants sont ambitieux, ils veulent réussir. C'est aussi une ville dans laquelle le tourisme a pris le pas sur la ville portuaire depuis que Gdynia, la ville voisine, a pris le relai. C'est la capitale mondiale de l'ambre. Hier soir en arrivant près de la ville, nous sommes d'ailleurs passés près du stade "PGE Arena Gdansk" construit en 2011 qui a été conçu pour ressembler à de l'ambre.

Il est considéré comme l'un des plus beaux stades d'Europe.

Marzena nous parle évidemment aussi de Solidarnosc et de Lech Walesa (prononcer LEK VAWENSA) : celui-ci va avoir 81 ans cette année et habite toujours à Gdansk même s'il a quitté le logement social qu'il occupait du temps du Syndicat. Il a déménagé dans un quartier plus huppé depuis son élection à la Présidence de la République (1990-1995). Il a reçu en 1983 le Prix Nobel de la Paix.

À l'époque de la Pologne communiste (après 1945), aucun syndicat, indépendant des organismes du pouvoir, n'est autorisé. Suite à des licenciements par la Direction des chantiers navals de la ville, éclate une grève, conduite par Lech Walesa, et observée par 17.000 ouvriers. Le premier syndicat libre Solidarnosc a vu le jour en 1980.

Le voici haranguant la foule en août 1980.

Lech Walesa élabore un programme en 21 points dont des augmentations salariales, la semaine de travail de 5 jours, le droit de grève, l'autorisation de création de syndicats indépendants et la reconnaissance du syndicat Solidarnosc.

Notre premier arrêt est pour le Monument à la révolte de 1970. Il est constitué de 3 grands croix en acier s'élevant à 42 mètres de haut, chacune portant une ancre, et a été érigé près de l'endroit où sont tombés les 3 premiers ouvriers de la révolte de 1970 (sur un total de 42 morts si j'ai bien compris).

Difficile de photographier l'ensemble du monument avec ses détails sans le tronçonner...

Au pied du monument, un parterre de fleurs en forme d'ancre de marine

En bas, des bas-reliefs représentent la vie des ouvriers des chantiers.

Les 21 propositions de Solidarnosc sont gravées dans le bronze sur ce mur situé derrière la maquette du monument.

Stocznia Gdanska : par là sont passés des milliers d'ouvriers...

Sur la grille d'entrée aux chantiers, l'emblème de Solidarnosc à côté de la photo du Pape Jean-Paul II : en Pologne, l'église est très présente dans la vie des gens (et aussi très puissante).

Plusieurs plaques fixées au sol gardent le souvenir de cet événement tragique. Les syndicalistes tués étaient parfois très jeunes...

 

Dans un tout autre ordre d'idée, une plaque d'égout ornée du blason de la ville : la couronne royale et les deux croix du Christianisme

 Nous reprenons le car pour nous rendre au centre-ville afin d'y suivre une visite guidée. Au passage, nous voyons aussi bien des façades anciennes que des immeubles modernes "à la façon de".

De façon générale, toutes les villes que nous avons visitées ont des tramways : celui de Gdansk est rouge et blanc.

Nous avons rendez-vous avec Arletta, ici à droite photographiée à la fin de la visite guidée avec Marzena, notre gentille guide-accompagnatrice dans le car.

Notre rendez-vous est sur le Pont vert qui enjambe la Motlawa. Nous avons mis nos boîtiers et nos écouteurs car le groupe est nombreux.

L'architecture de Gdańsk est le résultat de l'héritage laissé par les nombreuses cultures d'Europe du Nord qui, au cours des siècles, se sont installées dans cette ville. Celle-ci sera successivement allemande, polonaise, écossaise, flamande et néerlandaise. Cette diversité a contribué à laisser à la ville une forte empreinte architecturale encore très visible de nos jours et qui est plus marquée à Gdańsk que dans les autres villes polonaises.

La ville a été considérablement endommagée lors de la seconde guerre mondiale. C'est donc une copie, fidèle à l'original, du centre historique que nous allons visiter (Gdansk a été reconstruite pendant l'ère communiste).

Vue du quai que nous allons suivre depuis le Pont Vert

On aperçoit ici au fond la grue portuaire médiévale devant laquelle nous allons passer plus tard. Elle est mentionnée dès 1367 et a été reconstruite en 1444.

La grue inférieure permet de lever des poids de 2 tonnes à 4 m de hauteur.

En face, l'île aux Greniers - où pendant des siècles on stockait les céréales avant de les expédier par bateau - a bien changé : elle est maintenant bordée d'immeubles aux façades modernes mais qui s'harmonisent avec leurs voisines d'en face datant des siècles passés.

La Porte Verte (qui, tout comme le pont, n'a de verte que le nom), construite entre 1568 et 1571 sur l'emplacement d’une porte médiévale à vocation défensive, devait servir de résidence royale. Cependant, aucun monarque polonais ne vint jamais habiter ici. Siège aujourd'hui du Musée National, elle accueille des expositions temporaires.

Son architecture est inspirée de l'Hôtel-de-Ville d'Anvers. 

Nous dirigeant vers la Porte Verte, nous suivons le long quai sur la droite. Au passage, une porte avec une plaque mentionne l'emplacement du bureau du Président Lech Walesa.

 Les portes d'entrée dans la vieille ville se succèdent le long du quai : elles permettent d’accéder du quai aux rues ou ruelles perpendiculaires à celui-ci.

Voici la Porte du Pain qui date du XVe siècle. Les armoiries au sommet de l’arc, deux croix sans couronne, témoignent de l’attachement de la ville à l’ordre Teutonique à l’époque.

En face, toujours l'Ile aux greniers

La grue dont j'ai parlé plus haut est le symbole de la ville de Gdansk : la partie supérieure fut ajoutée au XVIIe siècle. Elle permettait de soulever 2 tonnes à une hauteur de 27m et d'assembler ainsi les mâts sur les bateaux.

La girouette est en forme de cigogne et non de grue, ha ha ha !

 Autre porte de la ville, elle aussi ornée du blason

Les murs d'enceinte sont très épais.

Les rues de Gdansk sont pavées, comme la plupart des villes polonaises. On aperçoit dans celle-ci au fond la Basilique Notre-Dame.

La Ulica Mariacka est une rue entièrement constituée de maisons possédant des perrons en pierre très élégants ornés de gargouilles plus ou moins effrayantes.

Les boutiques de la rue sont spécialisées dans le commerce de l'ambre.

Arletta nous explique que l’ambre est une résine fossile sécrétée il y a des millions d'années par des conifères ou des plantes à fleurs et qu'il contient dans certains cas des inclusions d'organismes (animaux ou végétaux piégés dans la résine puis fossilisés.

Ses couleurs vont du jaune au noir en passant par le rouge, le bleu, le blanc.

Quittant la "Ulica Mariacka", nous arrivons devant la Chapelle royale des rois de Pologne, de style baroque.

Devant elle, la fontaine des quatre quartiers (ne me demandez pas pourquoi elle porte ce nom) est constituée de quatre lions couchés et rugissant : elle ne fonctionnait pas quand nous sommes passés par là.

La Basilique Sainte-Marie, tout de briques vêtue (c'est la plus grande église en briques du monde), voisine la Chapelle royale.

L'église est un petit bijou : gravement endommagée pendant la seconde guerre mondiale, ses fresques ont été blanchies à la chaux ce qui fait avantageusement ressortir ses reliques.

Où qu'on porte le regard, on y voit des merveilles, telle cette crucifixion,

Le chœur est décoré d'un très beau vitrail moderne représentant la Vierge Marie, Sainte patronne de la Basilique, et d'un triptyque en bois doré.

Ah..., cette manie de toujours prendre les photos de côté !

Ci-dessous, le retable du Couronnement de la Vierge

Sur le sol de l'église, une jolie dalle dont j'ai oublié la signification.

Un petit coup d'œil à la ronde me permet de remarquer un orgue et une chaire baroques.

 

Mais l'église est surtout réputée pour son horloge astronomique malheureusement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale mais reconstruite depuis. Celle-ci datait de la seconde moitié du XVe siècle. Elle donne l'heure, la date, les phases de la lune, et les saints du calendrier.

Le planétarium de l'horloge astronomique

Une superbe Vierge à l'Enfant au centre du calendrier

Arletta nous montre et nous commente aussi ce tableau de Hans Memling représentant le Jugement Dernier (1467-1471). Celui-ci voyagea entre Bruges où il fut peint, Florence, Gdansk, avant d'être emmené à Paris par Napoléon comme prise de guerre (il fut alors exposé au Louvre), il alla ensuite à Berlin pendant la deuxième guerre, puis ce fut l'Hermitage de Saint-Pétersbourg qui s'en empara ! Il ne revint qu'en 1956 à Gdansk où il demeure maintenant.

Notre visite de ville continue et laisse présager encore de belles façades...

Recto...

Verso !

Toutes les villes polonaises que nous avons visitées ont une Place ou une rue du marché et Gdansk ne fait pas exception : celle ci se nomme le Long-marché ou encore la Voie royale car elle était empruntée par les souverains qui visitaient la ville depuis la Porte verte.

Le grand clocher, c'est celui de l'Hôtel-de-ville : il date du XIIIe siècle mais comme presque partout en Pologne il a été très endommagé pendant la guerre et reconstruit ensuite.

 Propriétés des riches commerçants de l’Alliance Hanséatique, les maisons de la Voie royale affichent des façades colorées, baroques, soigneusement entretenues. La blanche, c'est la Maison Dorée : elle a été construite en 1609 pour le maire de la ville et présente plusieurs visages sculptés dont celui de Sigismond III Wasa, roi de Pologne à la fin de XVIe siècle.

Des statues allégoriques ornent la balustrade à colonnes. J'ai vu sur un blog que celle de la Beauté à gauche était incarnée par Cléopâtre, et celle de la Justice par Œdipe. Pour les deux autres, je donne ma langue au chat !

Sigismond III Wasa est le roi qui a transféré la capitale de Cracovie à Varsovie.

Une photo prise en pensant à mon chef de chœur qui se prénomme Sigismond et est, bien entendu, d'origine polonaise. Nous chantons, sous sa direction, beaucoup de "chansons du monde".

Que vient faire ce réveil-matin ici me direz-vous ?

Il s'agit d'une horloge numérique décomptant le temps qui reste d'ici aux élections du 15 octobre, nous explique Arletta. Il s'agit certainement d'un parti politique qui se fait de la pub !

La fontaine de Mercure, en bronze, sépare la première partie du Long-marché de la deuxième. Le Dieu de la mer symbolise la prospérité de la ville et le lien étroit qu'elle entretient avec la mer. Depuis le XVIIe siècle, il fait face à l’ancienne résidence des rois polonais lors de leur séjour dans la ville, ancien siège des confréries marchandes puis bourse aux céréales.

Passé l'Hôtel-de-ville en briques et pierre (sur le porche duquel on peut voir deux lions tenant le blason de la ville), 

nous continuons notre promenade à la découverte des merveilles architecturales de cette très jolie ville.

A Gdansk, on croit toujours avoir vu la plus belle maison, et puis non, il y a encore plus beau ! Cliquez sur la photo pour la voir en grand.

En vue de la Porte Dorée

Quel plaisir de déambuler ainsi dans cet espace piétonnier !

Je vous jure que je n'ai pas trafiqué les couleurs !

Accolé à la Porte Dorée, l'Hôtel de la confrérie Saint-Georges a été construit en briques dans le style gothique entre 1487 et 1497 : c'est actuellement le siège de l'Association des architectes polonais.

Au sommet du clocheton, le saint transperce un dragon de son épée.

Une fois passée la Porte Dorée, nous découvrons cette élégante bâtisse que je n'ai pas réussi à identifier.

Cette maison quant à elle héberge le musée des intérieurs bourgeois du XVIIIe siècle.

Cette grosse bâtisse en briques située derrière la Porte Dorée, c'est une sorte de barbacane de style Renaissance et gothique qui, du XVIIe au XIXe siècles, abritait la prison de la ville.

La fin de la visite guidée se termine ici même si Arletta nous accompagne ensuite dans une boutique vendant des bijoux en ambre : dans les voyages organisés, il y a toujours un côté commerce local...

On voit d'ailleurs à tous les coins de rue des marchands qui en vendent.

Mais, est-ce du vrai ambre ou du simple plastique... ?

That is the question !

Cette boutique, qui a pignon sur rue, va nous expliquer comment différencier l'un de l'autre par deux méthodes.

La première consiste à allumer un briquet et regarder si la "pierre" brûle ou fond. Vous me direz qu'on est bien avancé si elle brûle parce que là on est sûr que c'est de l'ambre mais... on reste bredouille !

La seconde est moins risquée : elle consiste à regarder si la "pierre" flotte ou non. Le plastique coule, l'ambre non...

Démonstration

Il est temps de s'installer en terrasse pour un repas en tête à tête.

Nous avons quartier libre pour découvrir la cuisine polonaise : Philippe prendra un Carpaccio de bœuf, par prudence... et moi je testerai une soupe de poisson qui se révélera très épicée. Ensuite, nous partagerons des "Pierogi", autrement dit des raviolis italiens.

Une p'tite bière ?

C'est le cas de le préciser sinon on vous apporte d'office une grande !

Réchauffée, me direz-vous !

 

Au final, la petite couverture est la bienvenue ! C'est une coutume polonaise que je trouve ingénieuse. On la voit souvent posée à cheval sur les chaises.

Sur le chemin du retour...

Daniel Gabriel Fahrenheit, inventeur de l'échelle du même nom, est né et a grandi au XVIIe siècle à Gdansk. L'échelle de Fahrenheit était largement utilisée en Europe jusqu'à la Révolution française. Elle fut graduellement remplacée par l'échelle Celsius mais est encore souvent utilisée dans les pays anglo-saxons, principalement aux États-Unis où elle est l'échelle officielle.

Philippe adore tout ce qui est scientifique...

Le dos de la Porte Verte et quelques jolies maison, encore !!!

Tenez-vous bien : ceci n'est que la matinée du 19 septembre !

Nous reprenons le car en compagnie de notre chauffeur, Damian, et de notre guide, Marzena, en direction de Torun, la cité de Copernic.

Pour consulter le post suivant consacré à la visite de Torun, cliquez ICI.