• Depuis début janvier, j'ai déjà vu, grâce à ma carte d'abonnée aux Sept Parnassiens, quatre films que je n'ai pas regrettés : "La zone d'intérêt" de Jonathan Glazer, "Bonnard Pierre et Marthe" de Martin Provost (peut-être le moins bon), "Inchallah un fils" de Amjad Al-Rasheed, et "La salle des profs" de Ilker Çatak.

    J'ai utilisé hier mon avant-dernière place pour aller voir, en compagnie de Philippe, "Borgo" de Stéphane Demoustier, un film qui fait polémique en Corse dans le milieu de la justice (surtout auprès des avocats de la défense). Ces derniers allèguent que sa sortie le 17 avril dernier juste avant l'ouverture du procès prévue le 6 mai risque d'influencer les jurés.

    Basé sur des faits réels, ce thriller relate en effet la lente dérive d'une surveillante de prison, Mélissa, excellement jouée par Hafsia Herzi, qui se laisse entraîner vers la criminalité, mue par une bienveillance naturelle envers les détenus en général et plus particulièrement envers un ex-taulard qui fait la loi au sein de la prison mais également à l'extérieur, et ceci alors que le procès de Cathy Sénéchal, l'authentique surveillante de la prison de Borgo dans laquelle a été reconstituée une partie du film, commence le 6 mai prochain.

    C’est une prison pas comme les autres. Les détenus passent d’une cellule à l’autre, jouent au baby-foot dans une salle commune, s’installent des climatiseurs personnels. Les « chefs » ont une vue sur la mer. L’un d’eux a même un « goûteur ». « Ici, on dit que c’est les détenus qui surveillent les gardiens et pas l’inverse », lâche un personnage. Dans « Borgo », Stéphane Demoustier a « reconstitué » l’unité 2 du centre pénitentiaire de Borgo (Corse). Un quartier en « régime ouvert », exclusivement réservé aux détenus condamnés en Corse, et parfois surnommé le « Club Med »... (critique de Philippe Guedj dans "Le Point")

    L'intérêt du film, en dehors de l'intrigue qui monte en puissance petit à petit, réside dans l'excellente description au quotidien du milieu carcéral - corse - au sein duquel de très talentueux comédiens donnent admirablement le change.

    Hafsia Herzi, digne d'une nomination aux César 2025 ?

    Moi, je vote pour !


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  • Commencée il y a environ un mois, je n'arrive pas à décrocher de cette série - "Vår tid är nu", The Restaurant - qui couvre l'histoire de la Suède depuis l'après-guerre (sur 20 ans) au travers de la vie d'une famille propriétaire d'un grand restaurant étoilé de Stockholm dont les personnages sont alternativement très attachants ou complètement horripilants.

    ☻ Je suis devenue addict à la série suédoise "The restaurant"

    Helga, au centre, est la propriétaire et le pilier de ce restaurant qu'elle a créé avec son mari, désormais décédé. Derrière elle, le Chef de cuisine, Backe, grognon et exigeant, mais sans l'appui duquel ni elle ni le restaurant ne seraient rien. Les trois enfants d'Helga (à gauche, Peter et sa compagne, Suzanne), Gustav, et Nina, contribuent également, à des postes différents, à la bonne marche du restaurant dans lequel sont employés Calle, qui deviendra Chef plus tard, ainsi que Margareta et Lilly en tant que serveuses.

    ☻ Je suis devenue addict à la série suédoise "The restaurant"

    Manquent à cette photo deux personnages essentiels de la série qui "font partie des meubles" au bon sens du terme :

    Ethel, toujours bienveillante, gère les conflits en cuisine.

    ☻ Je suis devenue addict à la série suédoise "The restaurant"

    Et Roos, le maître d'hôtel très stylé, veille à ce que tout se passe bien en salle.

    ☻ Je suis devenue addict à la série suédoise "The restaurant"

    Amours, séparations, conflits familiaux, travail, syndicalisme, vie politique, ascension sociale, homosexualité, mouvements étudiants (guerre du Vietnam, hippie) : tous les ingrédients sont réunis pour servir cette saga passionnante dont on dit qu'elle peut être comparée à Downtown Abbey (que je me promets de voir dès qu'elle repassera à la télé) ou à Berlin 56 (que j'ai déjà vue et appréciée).

    La série, dont chacun des épisodes dure environ une heure, est visible en ce moment sur arte.tv en VO : ceci permet au spectateur de se sentir tout de suite dépaysé même si certains mots sont proches de l'anglais ou de l'allemand. Certains d'entre eux sont si souvent prononcés que j'ai appris le B.A. BA du suédois : tak pour merci, absolut pour bien sûr, ja pour oui !

    Si une bonne partie du tournage se passe dans la salle de restaurant où tout est toujours serein (c'est le domaine de prédilection du maître d'hôtel toujours hyper attentionné à l'égard des clients comme il se doit, les scènes de cuisine sont animées (le personnel est nombreux à s'y activer et/ou à s'y affronter au milieu des marmites en inox fumantes : autrement dit, il n'y a pas que les casseroles qui chauffent !) Cela "donne du sel" à la série.

    Les scènes de danse qui se passent au sein du Club du restaurant, géré par Nina, sont très réussies elles aussi : l'ambiance y est folle car ça swingue dur !

    Ah j'oubliais...

    Les acteurs sont tous excellents et la reconstitution de l'époque parfaite.

    Le côté génial de la série, c'est qu'à la fin de chacun de ses épisodes, il se produit, quelques secondes avant, un événement qui va changer la donne... Du coup, on a envie de connaître la suite !

    Pour regarder les trois premières saisons, cliquez ICI. Il est inutile de regarder la saison 4 qui est un retour en arrière assez bizarre.


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  • Ce lundi de Pâques, nous sommes allées, Arlette et moi au cinéma, aux Sept Parnassiens où mon cadeau de Noël m'attend tous les mois !

    Notre choix s'est porté sur "La salle des profs", un film en VO allemande sous-titrée : hélas j'avais oublié qu'en ce moment mes yeux me font défaut en attendant mes nouvelles lunettes et, du coup, j'ai eu du mal à lire les petites lignes pendant tout le film. Ca ira mieux la semaine prochaine !

    Ilker Çatak, réalisateur allemand, signe ici son quatrième long-métrage, tourné en huis clos dans un collège à Hambourg. Ce thriller scolaire haletant, qui a représenté l’Allemagne aux Oscars, s’inspire d’un souvenir d’enfance du cinéaste et de son coscénariste, Johannes Duncker : un jour, en cours de physique, trois professeurs ont demandé aux filles de sortir et aux garçons d’ouvrir leur porte-monnaie sur la table...

    Synopsis

    Carla Nowak (Leonie Benesch) vient de rejoindre comme enseignante un collège allemand frappé par une série de petits larcins. Le sel du film tient dans l’ambiguïté qu’il ménage autour de ce personnage. Dans un premier temps, Carla semble faire preuve d’un sens moral indéfectible ; elle se tient du côté de ses élèves et n’hésite pas à s’ériger contre l’institution scolaire et le climat de suspicion infectant insidieusement le collège. Un geste de sa part va cependant rebattre les cartes et jeter sur le film un voile d’incertitude bienvenu...

    La bande-annonce

    Nous avons bien aimé mais j'ai trouvé le film assez dérangeant, voie angoissant (c'était le but je crois). On en ressort en se disant qu'il ne fait pas bon enseigner en ce moment - en Allemagne en tout cas - et peut-être même ailleurs.

    Heureusement, je suis maintenant hors-jeu !


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  • Je suis à nouveau allée au cinéma (eh oui, il faut que je rentabilise ma carte !) et n'ai pas été déçue par le film que j'avais choisi d'aller voir.

    "Inchallah, un fils" de Amjad Al Rasheed a été réalisé par un jeune cinéaste jordanien dont c'est le premier long métrage et que je découvre avec bonheur. Le film va représenter la Jordanie aux Oscars 2024. J'attends impatiemment les résultats...

    ☻ Un film fort sur la condition féminine en Jordanie actuelle

    Nawal, 30 ans, et son mari ont une fille et essaient d'avoir un deuxième enfant. Un matin, Nawal se réveille veuve. À ce chagrin brutal s’ajoute bientôt une injustice légale : mère d’une adorable petite fille, Noura, la jeune femme se voit réclamer une partie de son modeste héritage par sa belle-famille au motif qu’elle n’a pas de fils. Nawal a beau faire valoir ce qui ressemblerait à des droits, elle a participé au paiement du crédit de l'appartement, elle travaille (elle est infirmière mais sans contrat de travail...), elle a apporté des biens et de l'argent en dot au moment du mariage, rien n'y fait. D'ailleurs, aucun document officiel ne confirme ses affirmations. Les lois et Dieu, tellement commode à invoquer quand cela arrange les hommes, sont inflexibles.

    Découvert à la Semaine de la critique de Cannes, ce premier film brosse un tableau révolté de la condition féminine en Jordanie.

    La bande-annonce

    J'ai adoré !


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  • Cette semaine je suis allée au cinéma aux "Sept Parnassiens" voir "La zone d'intérêt" de Jonathan Glazer (Grand Prix du Festival de Cannes 2023) dans lequel joue Sandra Hüller, l'actrice récompensée dernièrement aux César 2024 pour son rôle dans "Anatomie d'une chute".

    ☻J'ai vu au cinéma "La zone d'intérêt" de Jonathan Glazer

    Je n'y suis pas allée spécialement pour Sandra Hüller (qui joue la femme de Höss) car je n'avais encore vu aucun des films dans lesquels elle joue mais bien pour le sujet du film, la vie ordinaire de Rudolph Höss et de sa famille tout près du camp d'Auschwitz dont il était le commandant. Après la visite de ce camp l'été dernier lors de notre visite de la Pologne, il me semblait essentiel d'aller voir ce film qui se passe de l'autre côté du mur, un film dans lequel aucune image ne filtre de ce qui se passe derrière. Seule la bande son et les bruits de fond, effrayants, permettent de l'imaginer.

    Quand je parle de vie ordinaire, il s'agit de la vie quotidienne, domestique d'un chef du parti nazi (il s'est inscrit au parti en 1922) avec les avantages que cela implique.

    Rudolph Höss (Christian Friedel) occupe avec sa famille une villa cossue avec un très grand jardin, une piscine et des domestiques (ce sont de jeunes polonaises internées qui jouissent, si on peut dire, d'un traitement de faveur en travaillant pour les Höss). Hedwig Höss, sa femme, est d'ailleurs très fière de montrer à sa mère, lors d'un séjour chez eux, son jardin qu'elle a elle-même aménagé en y réservant une place pour des serres. Ne travaillant plus elle-même puisqu'elle élève leurs quatre enfants (la mère de famille idéale pour le parti nazi ; avant la guerre elle était femme de ménage chez une famille juive aisée), on peut comprendre par là qu'elle est fière de la réussite de son mari sans qu'elle cherche à savoir exactement ce pourquoi il est payé aussi confortablement. Et puis, il y a les coups de téléphone que celui-ci reçoit dans le cadre de son "travail" qui l'amènent même un jour à devoir quitter ce petit paradis, ce qu'Hedwig n'acceptera pas...

    La critique des journalistes de Télérama

     

    Au Masque et la Plume, les journalistes sont partagés entre ceux qui trouvent intéressant de montrer la vie ordinaire d'un nazi haut-gradé et ceux qui pensent qu'il est indispensable de montrer les choses au lieu de les cacher. Moi, j'ai trouvé le film justement très intéressant car tout à fait original.

    La vie familiale de Rudolph Höss (Wikipédia)

    De 1940 à 1943, Höss mène à Auschwitz, avec sa famille, une vie normale, dans une certaine aisance. À sa table, on sert des mets raffinés, des vins fins, des cigares et du café. Il y dispose d'une maison de dix pièces, sans compter les salles de bain et les cuisines, et de deux domestiques, des internées en raison de leur appartenance aux Témoins de Jéhovah. Passionné de chevaux, il dispose d'écuries privées, mieux aménagées que les baraques des détenus, où sont abrités de superbes demi-sang provenant du Schleswig-Holstein. Ses relations avec son épouse paraissent sans problème et il semble avoir été heureux en ménage au cours des quatre années passées à Auschwitz ; tout au plus déclare-t-il à Gustave Gilbert, qu'après avoir révélé à son épouse la nature exacte de ses activités, ils n'ont plus que rarement de « désirs charnels ». Au grand chagrin de sa femme, bonne cuisinière et qui n'a jamais été membre du parti nazi, il ne prête que peu d'attention à la nourriture. L'éducation des cinq enfants du couple repose essentiellement sur l'épouse de Höss. Il n'y a, pour lui, pas de contradiction fondamentale entre sa fonction à Auschwitz et le bonheur familial. Il vit cette période en se sentant épuisé par le travail, frustré par des demi-succès, par l'épuisement, par l'incompétence du personnel et par les ennuis du service.

    Un moment très fort de cinéma


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