-
Ce mercredi soir, nous sommes allés au théâtre comme nous le faisons chaque année pendant l'été pour applaudir la Compagnie des Gens au théâtre Kiki de Montparnasse. Cette année, c'était "La Nuit des Rois ou Ce que vous voulez", une pièce de William Shakespeare datant de 1602.
L'originalité de ce spectacle est le choix qui a été fait par le metteur en scène, Jacques Senelet, de réserver aux seules femmes tous les rôles de la pièce. Il faut dire que la pièce "joue" en partie sur cette confusion des sexes.
Ainsi Viola, naufragée en Illyrie (l'actuelle Albanie) au début de la pièce est-elle contrainte de se faire passer pour un homme si elle veut survivre en milieu hostile et ainsi éviter couvent, mariage, viol ou prostitution, seules "options" offertes à une femme célibataire. Il semble que ces travestissements plaisaient fort à la reine Élisabeth Ière qui connaissait sans doute mieux que quiconque le problème de régner en femme dans une société dominée par les hommes.
La pièce s'est jouée en extérieur comme d'habitude dans une structure en bois composée de gradins rappelant le Théâtre du Globe de Shakespeare. Cette année, pas de voiture ou de mobylette au programme : des bancs supplémentaires ont été installés pour accueillir plus de public.
Lui faisant face, un décor créé sur mesure pour l'occasion.
Avant le spectacle nous avons pu dîner en extérieur à l'Auberge Ephémère car cette année, contrairement à l'an dernier, d'une part on ne nous avait pas oubliés (!) et il faisait très beau : le menu, unique, était composé de plats exotiques et, ma foi, fort bons.
L'assiette du Fou : Baklava tomates feta, taboulé libanais et courgette en escabèche
Les gourmandises d'Olivia : un gâteau avec une sauce au yaourt vraiment délicieuse.
L'intrigue
Une tempête provoque le naufrage d'un navire venant de Messine qui transporte Viola et son jumeau Sébastien. Les deux jeunes gens survivent au naufrage mais échouent à deux endroits différents de la côte, chacun croyant qu'il a perdu son jumeau. N'étant plus sous la protection de son frère, Viola se déguise en homme et se présente à la cour d’Orsino sous le nom de Césario. Le duc d'Orsino est amoureux de la belle et riche comtesse Olivia mais cette dernière est en deuil de son père et de son frère, et repousse ses avances. Le duc propose à Césario de devenir son page et "le-la" charge de plaider sa cause auprès d’Olivia. Cette ambassade ne plaît guère à Viola, secrètement amoureuse du duc, mais ravit Olivia qui est immédiatement séduite par ce beau jeune homme. Arrive Sébastien dont l'extraordinaire ressemblance avec Césario trompe Olivia. Après une série de quiproquos auxquels participent un quatuor de comiques, Viola peut révéler sa véritable identité. Elle épouse le duc d'Orsino et Sébastien épouse Olivia.
Quelques photos du spectacle...
Viola arrive, naufragée, par un plan incliné reliant l'arrière des gradins à la scène.
Ici, sous les traits de Cesario, elle se fait l'ambassadeur du duc d'Orsino, amoureux d'Olivia.
Le duc d'Orsino
Pas de vidéos cette année, pour ne pas gêner les spectateurs derrière.
Bien sûr, nous avons adoré !
L'an prochain, j'essaierai de ne pas oublier les coussins car les bancs sont rudement durs...
1 commentaire -
Passés à l'Office de Tourisme dès notre arrivée en Bourgogne, nous y avons glané de la documentation pour agrémenter notre séjour estival.
Et nous avons appris justement que la ville de Châtillon accueillait pour deux soirées consécutives un groupe folklorique venu d'Ukraine, une première fois en extérieur sur la place de la ville du Puy récemment rénovée par la ville et le lendemain soir au théâtre Gaston Bernard.
C'est l'association Vinca Ukraine dont la présidente, Maria Matokhniuk, est châtillonnaise depuis 2016 (la guerre sévit dans le pays depuis 2014) qui à l'origine de ces manifestations destinées à aider son pays en ces temps terribles.
Ce jeudi soir 11 juillet le beau temps est au rendez-vous, propice à la photo : ci-dessous, celle de la célèbre église Saint-Vorles qui surplombe la Seine.
La place de la ville du Puy où se tient la manifestation est très fréquentée.
Un car rempli de jeunes gens superbement costumés est arrivé le matin de Dijon où s'est tenu entre le 5 et le 10 juillet les précédentes manifestations dans le cadre des Fêtes de la Vigne 2024.
Il s'agit de l'ensemble "Radist" (qui signifie "la joie") de la ville de Vinnytsia au centre-sud de l'Ukraine.
Bien sûr, les producteurs de Crémant ont sorti leurs bouteilles !
Cliquez sur l'image pour la voir en grand et détailler les visages de ces jolies jeunes filles âgées de 13 à 18 ans (il y a même une benjamine d'une dizaine d'années). Vous remarquerez qu'elles ont toutes le sourire.
En Ukraine, la broderie à la main perdure : quel travail et quelle patience pour confectionner corsages et coiffes !
Les garçons ne sont pas en reste, ni pour les broderies de leur costume, ni pour les sourires qui sont exclusivement pour moi...
Philippe a pris place parmi les spectateurs assis sur le muret.
Deux accordéonistes ukrainiens accompagnent la troupe.
La soirée commence par une chanson du folklore accompagnée au grattoir, au tambourin et au triangle.
Elle se poursuit par des danses.
Ces jeunes filles évoluent avec beaucoup de grâce, n'est-ce pas ?
Dans les "coulisses", les danseuses répètent en prévision de la prochaine danse.
A la fin du spectacle, nous sommes allés nous restaurer : pour ce faire, il fallait acheter des tickets. Par hasard, Philippe a été pris en photo par "Le Châtillonnais et l'Auxois", le journal hebdomadaire local !
Nous sommes ensuite passés par la buvette où nous avons commandé deux bières rouges, servies dans des verres aux couleurs de la Fête de la Vigne de Dijon.
Côté repas, j'ai goûté aux Varenyky, des raviolis en forme de demi-lunes à la pomme de terre et aux oignons tandis que Philippe restait sur des valeurs sûres en commandant une saucisse !
La troupe a terminé la soirée en faisant danser le public.
Avant de rentrer à la maison, nous n'avons pas oublié de prendre nos billets pour le spectacle du lendemain au Théâtre Gaston Bernard auprès de Jean notre voisin qui, avec sa femme Marguerite, fait partie de l'association en soutien aux ukrainiens, ce qui ne nous étonne pas, tellement ce sont des gens dévoués aux autres malgré leur âge avancé.
Nous y avons vu passer aussi l'ancien maire de la ville, Hubert Brigand, récemment réélu député (au second tour). Il est bien sûr toujours prêt à serrer la paluche de ses concitoyens !
Juste en face, un stand propose aux badauds d'acheter des petits souvenirs.
Le vendredi soir, nous sommes retournés voir la troupe au théâtre : elle était présentée par le maire de Châtillon, Roland Lemaire (prédestiné à la fonction dirait-on bien !), et par Maria Matokhniuk, présidente de l'association. Le prix d'entrée n'était que de 5 euros, pour un spectacle d'une très grande qualité.
Une jeune danseuse a remis au maire une corbeille remplie de cadeaux en provenance de son pays pour le remercier d'avoir accueilli la troupe dans sa ville. Châtillon a, parait-il, accueilli depuis 2022 pas mal d'ukrainiens fuyant la guerre (25 familles avec surtout des femmes et des enfants).
Nous avons ensuite eu droit à un spectacle époustouflant de technicité (ou de virtuosité je ne sais pas quel terme est le plus approprié), mais aussi plein de grâce, mettant en scène alternativement les jeunes filles ou les jeunes gens et parfois même la troupe dans son intégralité.
Ici, "La danse de l'arbre" par les jeunes filles.
Une danse très slave, par les jeunes gens cette fois-ci...
Cela m'a rappelé les danses russes que nous voyions il y a une cinquantaine d'années sur Paris au temps où la Russie était encore l'Union Soviétique, avec moult sauts et jeux de jambes.
Ici, les jeunes filles vont se croiser pour former des figures géométriques avec leurs rubans et termineront en faisant tourner un manège.
"Les jeunes gens ne veulent pas travailler..."
Des changements de costume fréquents permettent d'admirer l'artisanat ukrainien.
Du chant également : je me demande si ce n'est pas la même chanson qu'hier...
Joli, non ?
Le final avec les 36 danseurs de la troupe
Merci à l'association Vinca et à Maria Matokhniuk, sa présidente, d'avoir organisé un tel événement à Châtillon.
votre commentaire -
Hier après-midi, nous sommes allés en compagnie de mon amie Marie-Chantal venue déjeuner chez nous à la Fondation Jérôme Seydoux. J'avais réservé des places gratuites dans le cadre de l'animation Treize'Estival proposée par la mairie de notre arrondissement.
Nous y avons vu quatre courts-métrages muets qui étaient accompagnés au piano par un élève de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel, Thomas Ficheux. Ils étaient présentés par Marion Carrot qui nous a dit que dans l'un d'eux Charlie Chaplin n'est pas le Charlot qu'il sera plus tard, tourné vers les plus démunis, mais un individu pas trop recommandable...
Deux d'entre eux ont retenu mon attention.
☻ Tango Tangles (Charlot danseur - 1914) - 12min
Charlie, dandy bien rasé mais quelque peu éméché, se rend dans une salle de danse. Il cherche à courtiser une jeune femme mais se trouve confronté à deux rivaux : le chef d'orchestre et un des musiciens.
☻ The Cook (Fatty cuisinier - 1918) - 18 min
Un vent de folie souffle dans les cuisines d’un restaurant et dans la salle. Fatty et Keaton entament une danse digne de Salomé, mais Al Saint John trouble l'ambiance avec l'intention de malmener la serveuse.
Avec Marie-Chantal, nous avons continué l'après-midi en allant papoter au Jardin des Plantes et boire un thé à la menthe au café de la Mosquée.
Sympa !
votre commentaire -
Ce lundi 17 juin, je suis allée à une promenade-conférence de la SHA (Société d'Histoire et d'Archéologie) du 13e arrondissement guidée par Madeleine Leveau-Fernandez, historienne spécialiste d'urbanisme et d'histoire sociale, et j'ai découvert avec beaucoup de plaisir une banlieue que je n'imaginais pas.
Il s'agissait de découvrir Arcueil et Cachan, deux banlieues à deux pas de Paris, à travers le chemin de leurs eaux.
Le rendez-vous nous avait été donné à la station Arcueil-Cachan du RER B que j'ai rejointe à partir de la Cité Universitaire : une quinzaine d'adhérents de l'association avaient fait le même choix pour occuper agréablement cette belle après-midi d'été.
J'ai entouré en rouge les communes d'Arcueil et de Cachan, situées au sud de la capitale, que nous avons parcourues.
Nous commençons par passer sous le pont-aqueduc de la Vanne : celui-ci, d'une longueur de 156 km, est l'œuvre de l’ingénieur Eugène Belgrand qui l’a conçu à la demande du baron Haussmann souhaitant faire venir l’eau potable de sites éloignés de Paris afin de garantir une alimentation en eau de qualité avec un débit régulier.
Nous longeons l'aqueduc qui permet l'enjambement de la vallée de la Bièvre : la rue est très calme comme vous pouvez le constater.
Notre conférencière s'arrête de place en place pour nous parler de cet aqueduc qui doit favoriser l’acheminement des eaux des sources de la région de Sens (Yonne), et plus particulièrement de l’un des affluents du fleuve du même nom, la Vanne, jusqu’aux réservoirs d’eau de Paris-Montsouris et de l'Haÿ-les-Roses.
L'aqueduc a été construit entre 1867 et 1874 en pierre meulière.
A cette époque les millepertuis sont en pleine fleur.
Madeleine Leveau-Fernandez nous montre ici un regard en pierre de taille dont la lanterne d'aération a été bouchée : il s'agit d'un regard de l'ancien aqueduc Médicis construit à partir de 1613 afin d'amener à Paris (jusqu'à la maison du Fontainier) les eaux des sources captées à Rungis au sud de Paris. Les regards servent à nettoyer et réparer les canalisations souillées par l'écoulement de l'eau.
Mais pourquoi ce nom d'aqueduc Médicis... ?
L'approvisionnement en eau de la capitale est à cette époque une des préoccupations du règne de Henri IV car la quantité d'eau disponible par habitant reste faible, particulièrement sur la rive gauche (la rive droite est plus gâtée car elle a des fontaines et la pompe de la Samaritaine). Après l'assassinat du roi, la reine mère et régente Marie de Médicis (Louis XIII n'a que huit ans à la mort de son père) reprend le projet de son mari. Elle s'y intéresse d'autant plus qu'elle projette de se faire construire un palais sur la rive gauche, l'actuel Palais du Luxembourg, dont le parc devra s'orner de fontaines et de jeux d'eau.
Vous connaissez sûrement la superbe Fontaine Médicis du jardin du Luxembourg.
Notre conférencière possède un classeur très fourni en documentation et nous explique que les regards qui jalonnent en surface le parcours de l'aqueduc sont des édicules qui permettent un accès réservé à la galerie souterraine, via un escalier. Ils servent, comme leur nom l'indique, à la surveillance et à la maintenance des eaux canalisées.
Elle nous montre ici le tracé des différents regards de l'aqueduc Médicis.
Nous voyons effectivement sur cette photo prise un peu plus en avant de la rue le début de l'aqueduc Médicis. L'ingénieur Belgrand s'est appuyé sur l'existant pour construire le tracé de son aqueduc !
Peu à peu, l'aqueduc Médicis sort de terre.
Vous êtes convaincus ?
Tranquillité tranquillité...
Les maisons construites dans cette rue jouissent d'une paix royale puisque celle-ci se termine par un escalier !
En effet c'est ici que la Bièvre a fait son lit depuis des siècles, dans cette vallée du sud parisien traversée par les deux aqueducs.
En bas des marches, Madeleine Leveau-Fernandez nous montre une ancienne gravure de l'aqueduc : on y voit des maisons qui ont été construites entre les piles et des femmes lavant leur linge dans la rivière.
Autrement dit, à cet endroit coulait la Bièvre. Ou plus exactement ici coule la Bièvre, sauf qu'elle a été recouverte au milieu des années 1950 dans cette partie de la banlieue parisienne.
Continuant à longer les deux aqueducs, nous entendons tout d'un coup des vocalises. Avouez que c'est surprenant au pied d'un aqueduc !
Pas tant que ça puisque ce doux rossignol a laissé ouverte la fenêtre du Conservatoire à rayonnement département du Val de Bièvre qui s'est installé dans le Château des Arcs.
Ce dernier est une demeure de style Renaissance construite en 1548, bien avant la construction de l'aqueduc Médicis qui, on ne pouvait pas le prévoir..., passe au ras de sa façade nord, masquant une partie de cette dernière (ornée de deux statues du XVIe siècle représentant Jupiter et Janus).
Sur la droite, on peut voir l'ancien passage de la Bièvre sous le château.
Au pied de l'aqueduc des bornes qui ont de l'âge...
Il faut faire une visite guidée pour parvenir à voir les marques des tailleurs de pierre. Pour plus de facilité, je les ai entourées en rouge.
Nous venons de traverser l'aqueduc et... découvrons (au-dessus du toit de cette maison contemporaine) les restes des piles d'un autre aqueduc.
Si Belgrand a suivi le tracé de l'aqueduc Médicis, l'architecte de Marie de Médicis, Salomon de Brosse, a suivi lui, le tracé de l'aqueduc gallo-romain (construit à partir du IIe siècle).
On ne change pas une équipe qui gagne !
La cour du Château des Arcs
Le Château tire son nom des arcades de l'aqueduc gallo-romain dont trois piles et une portion d'arc sont englobées dans les maçonneries du château.
Le logis central de cette demeure, construit pendant la Renaissance, connaît de nombreux propriétaires dont les d'Aligre (Claude d'Aligre était "conseiller des menus plaisirs du roi") et Madame de Provigny qui décide de léguer l'ensemble de la propriété au département de la Seine pour y installer un hospice.
A droite, un arbre remarquable, le plus ancien de la commune.
A gauche de la photo, l'entrée du Conservatoire.
La banlieue parisienne et ses petits pavillons individuels à quelques kilomètres de la capitale.
Nous voici maintenant a Arcueil où l'entrée de la ville est joliment fleurie.
Notre conférencière nous montre maintenant une photo des vestiges de l'aqueduc antique découverts en 1997 à Arcueil.
Mais comment ça fonctionne un aqueduc ? (photo documentation guide)
Le canal est constitué d'une base en béton de chaux imperméable en forme de U fermée par un mortier d'étanchéité. L'écoulement de l'eau entraîne la formation de concrétions calcaires qu'il faut régulièrement surveiller. Le tout est recouvert d'une voûte étanche.
Arcueil, c'est aussi Le Pavillon des Sources qui n’est pas l'ancien laboratoire de Marie Curie pour la raison qu'elle n’y a jamais travaillé. Il s’agit d’un ancien lieu de stockage de déchets radioactifs, de 100 m2, aujourd’hui vide, dont la décontamination coûtera 1,8 millions d’euros, soit 20 000 euros du mètre carré, et que l’Institut Curie a prévu de prendre en charge. Les débuts des travaux de décontamination sont prévus le 8 janvier 2024. Nous sommes ici devant ce bâtiment et les travaux semblent avoir pris du retard...
En direction de la Cité-Jardins de l'Aqueduc faisant face à ce grand HBM en voie de rénovation énergétique.
Conceptualisées et testées, en premier lieu, en Angleterre, dans la banlieue de Londres, les cités-jardins avaient pour vocation de décongestionner Paris en créant des agglomérations urbaines à taille humaine construites autour d’un écosystème favorable avec de petits pavillons individuels tout à fait pittoresques, de grands espaces verts, une artère commerçante à l’écart des résidences et tous les équipements nécessaires à la vie de quartier : écoles, crèche, dispensaire, stade, piscine, lieux de culte, théâtre, maison pour tous, …
Commanditée par l’OPHBM de la Seine, la Cité-Jardins a été construite par Maurice Payret-Dortail entre 1921 et 1923 sur une superficie de 10,4 ha. Elle comptait 228 logements individuels organisés autour de place et de clos, un stade, une coopérative alimentaire et un groupe scolaire. Le projet initial prévoyait davantage d’équipements. 145 pavillons ont été détruits dans les années 1980 et remplacés par de petits immeubles. 43 pavillons subsistent et ont été rénovés à la même période. La cité-jardins est aujourd’hui propriété de Valophis Habitat. Située dans le périmètre de l’aqueduc de la Vanne, elle est inscrite au PLU de la ville comme élément patrimonial.
Quand on parle du loup...
Je vous rappelle que nous sommes seulement à quelques km de Paris !
C'est définitivement le Roi de la journée...
Sympathique, ce petit coin de jardin
Et ce "Bac à glaner", une bonne idée de la commune
La nature au cœur de la ville
Nous sommes toujours sur le domaine de la Cité-Jardins.
Madeleine Leveau-Fernandez nous présente ici une gravure représentant l'ancien château d'Arcueil aujourd'hui disparu.
Notre petite randonnée pédestre se poursuit le long de l'aqueduc.
Et voici que nous en apercevons l'extrémité aérienne.
Direction Cachan !
Vous voyez ce que je vois ?
L'Institut Gustave Roussy depuis les vignes de Cachan situées dans la rue de la Citadelle (photo Google Maps).
Pas un trou dans le grillage pour passer l'objectif...
Les premières traces de viticulture datent de l’an 829. Le coteau était alors recouvert
de vignes cultivées par les moines de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés.En l’an 2000, la Ville a décidé de faire revivre le passé viticole de Cachan. 400 pieds de vigne ont été plantés sur une surface de 1 800 m², complétés de 200 pieds supplémentaires en 2016. Vendange, pressage et dégustation de la nouvelle cuvée donnent lieu chaque année à de beaux moments de convivialité avec les Cachanais. Les vignes, entretenues par le service des Espaces verts, sont également un lieu d’atelier pour les enfants des écoles.
Le cortège, constitué d’une calèche transportant le raisin, d’une fanfare et des habitants, descend ensuite du coteau vers le centre-ville en musique, en s’arrêtant au passage devant les maisons de retraite. Arrivé au parc Raspail, le raisin est pressé par les habitants, petits et grands, avant d’être mis en bouteille. La cuvée est ensuite dégustée lors d’une manifestation de la Ville l’année suivante, dans une logique
de production partagée (photo Ville de Cachan).Ce sentier piétonnier a pour nom "la montée des vignes" : il a été créé en 2020.
Nous, nous allons le descendre : cool !
Une roseraie
Une fleur cultivée...
Une charmante tonnelle à mi-pente, sans doute récupératrice à la montée...
Et des fleurs sauvages...
Quelle bonne idée a eue notre guide de faire le parcours dans ce sens !
Un plan de la commune nous indique ici l'endroit où nous sommes.
On y trouve aussi des renseignements sur le passé de la commune : l'existence de deux bras de la Bièvre, celle des blanchisseuses qui y travaillaient, et celle de l'imprimerie Saintard.
Nous empruntons maintenant justement la Sente des Lavandières qui, si j'ai bien compris, était autrefois le lit de la Bièvre.
Des maisons sans doute écologiques...
Celle-ci est ornée de Passiflores (fleurs de la Passion).
Elles m'ont tapé dans l'objectif !
Celle-ci était même visitée...
Après la Sente des Lavandières, voici le Sentier des Blanchisseries : Cachan a un passé industriel important dans ce domaine.
Le terme "blanchissage" englobe toutes les étapes de traitement du linge sale (coulage ou trempage, lessivage ou savonnage, essorage, séchage et repassage ainsi que des traitements d’apprêt tels que l’amidonnage ou le passage au bleu autrement nommé azurage).
Nous continuons à suivre le cours de la Bièvre recouverte.
La Sente des blanchisseuses est maintenant devenue un éco-pâturage : cette activité ancestrale a été abandonnée au profit des techniques mécaniques et phytosanitaires. Il s'agit de mettre à paître des animaux pour conserver des espaces verts naturels en état sans devoir défricher par l'intermédiaire d'engins mécaniques ou l'utilisation de désherbants puissants qui polluent les sols. Le nombre d'animaux doit être adapté au milieu.
On peut voir ici deux moutons en train de brouter l'herbe.
Deux types d'animaux sont ici présents.
☻ Le mouton de race Solognote, avec une tête fine dépourvue de laine, châtain et dans corne. De taille moyenne, rustique, sa résistance aux maladies, sa capacité d'adaptation aux conditions précaires, sa résistance à tous les temps font d'elle une race bien adaptée à l'éco-pâturage.
☻ Le mouton d'Ouessant, variété insulaire, originaire et endémique de l'île d'Ouessant dans le Finistère. De petite taille, rustique, résistant au froid comme à la chaleur, le mouton d'Ouessant se révèle capable de valoriser les pâturages les plus ingrats. Dépourvu d'agressivité, il vit dans un troupeau hiérarchisé.
Celui-ci a des cornes : serait-ce un mouton d'Ouessant ?
Notre guide-conférencière fait des arrêts fréquents pour nous parler de l'activité des blanchisseries. Celles-ci étaient très nombreuses à Arcueil et à Cachan. Cependant après 1900, l’eau de la Bièvre n’était plus utilisée pour le lavage mais pompée dans la nappe phréatique tandis que les eaux usées étaient encore directement rejetées dans la Bièvre.
Les blanchisseries étaient un emploi principalement féminin qui employait aussi des enfants. Il y avait encore environ 120 blanchisseries à Cachan en 1900 et 20 à Arcueil. Les blanchisseuses se regroupaient autour d’une grande cour pour trier, laver, repasser, et entreposer. Le séchage se faisait à l’étage dans les greniers à claire-voie ou à l’extérieur sur de grandes perches quand le temps le permettait.
A droite, ce qui reste du mur d'une ancienne blanchisserie
La Bièvre, au temps où elle était découverte, était source de beaucoup de pollution (imaginez les eaux de lavage et de rinçage qui y étaient rejetées) et donc de maladies. C'est la raison pour laquelle on a procédé à son recouvrement.
On aperçoit les anciens séchoirs en haut des maisons qui la bordent.
Avouez que ça ne donne pas envie !
Allez, on arrive au bout...
Le sentier des blanchisseries n'en a plus que le nom : il se termine ici, dans la rue Etienne Dolet que nous prenons sur la droite pour rejoindre le centre-ville.
Cette maison qui lui fait face est une réminiscence des séchoirs des anciennes blanchisseries.
C'est ainsi que nous arrivons sur la place Jacques Carat, journaliste et homme politique, ancien maire de Cachan et sénateur du Val-de-Marne (de 1953 à 1998).
Il s'agit d'une très grande place de forme ronde, ornée en son centre d'une fontaine.
La ville a obtenu le label 4 fleurs de "Villes et villages fleuris" et je trouve qu'elle le mérite vraiment.
En route pour la dernière étape de notre promenade
Il n'y a pas UN, ni DEUX, ni TROIS aqueducs à Cachan mais QUATRE !
Celui-ci, l'aqueduc du Loing et du Lunain, a été construit en 1900 pour augmenter le volume d’eau destiné à Paris en exploitant un affluent de la Seine : le Loing et le Lunain (rivières qui se situent en amont de Nemours).
Il s'agit d'un aqueduc avec un pont-siphon qui consiste à faire traverser l'eau dans des tuyaux en plomb sous pression. Par le système des vases communicants, l'eau va remonter de l'autre côté de la vallée. Il existe ainsi d'un côté un réservoir de chasse et de l'autre un réservoir de fuite.
Cliquez sur la photo pour l'agrandir.
La municipalité a très bien su mettre l'aqueduc en valeur en l'accompagnant de part et d'autres par une très jolie végétation.
Passant sous l'aqueduc, nous suivons maintenant le cours de la Bièvre, canalisée et souterraine.
Et voici l'extrémité du pont-aqueduc : j'en ai oublié le nom, donné par Madeleine Leveau-Fernandez...
Si j'ai bien compris (mais je n'en suis pas sûre) nous voyons ici une "fausse Bièvre", celle qui coule à Cachan à l'air libre mais en circuit fermé.
Derrière la grille
Ce panneau posé par la commune montre les zones où la Bièvre a été re-découverte.
"Eaux renaissantes, Berges retrouvées,
Arches, lumières et paysages,
Chemin faisant, ensemble"
Il ne fallait pas se contenter de remettre la rivière à ciel ouvert, encore fallait-il la végétaliser pour restaurer la biodiversité : c'est ainsi que 400 arbres et herbes aquatiques ont été plantés.
Il n'y a pas que les Cachanais qui s'en réjouissent : les pigeons aussi (on dirait bien qu'on les a un peu aidés ici...),
et cette poule d'eau.
La vie animale reprend ainsi...
Cherchez ce canard qui ne voulait pas me regarder : l'abondance de la végétation lui va bien on dirait...
Là se termine cette superbe balade : environ 6 km à pied par un temps de rêve !
Un grand merci à Madeleine Leveau-Fernandez pour l'avoir animée et à Maud Sirois-Belle pour l'avoir organisée.
4 commentaires -
Ce jeudi 30 mai, mon amie Anne a conduit une promenade dans le cadre de son atelier à Générations 13 "Marches de 6 km" nouvellement renommé "Balades Urbaines". Elle nous avait donné rendez-vous au métro Saint-Paul puisqu'il s'agissait d'une petite promenade dans le quartier du Marais.
A la sortie du métro, nous prenons la rue François Miron tandis qu'une fine pluie nous accompagne.
A l'entrée de la rue de Jouy, une plaque indique qu'entre les numéros 13 et 17 se situait autrefois une annexe de l'Abbaye cistercienne Notre-Dame de Jouy.
Un peu plus avant, nous faisons un arrêt devant l'imposant porche de l'Hôtel de Beauvais, actuellement siège de la Cour Administrative d'Appel de Paris.
Catherine Bellier et son mari, Pierre de Beauvais, marchand drapier anobli, font l’acquisition en 1654 d’une maison auprès de Madeleine de Castille, épouse du surintendant des finances Nicolas Fouquet. Entre 1655 et 1660, Antoine Le Pautre (1621-1679), architecte du roi, est chargé de construire pour leur compte cet éblouissant hôtel particulier. Première femme de chambre de la reine Anne d’Autriche, Catherine Bellier occupe une position privilégiée et a toute la confiance de la reine. Anne d’Autriche assiste d’ailleurs le 26 août 1660 à l’arrivée à Paris de son fils Louis XIV et de sa future épouse, Marie-Thérèse d’Espagne, depuis le balcon de l’hôtel de Beauvais.
Les deux sculptures situées sous la toiture me font penser à des pots à feu.
Désignée par la reine Anne d’Autriche, Catherine Bellier reçoit la mission délicate de "déniaiser" le jeune Louis XIV âgé de 14 ans, elle-même étant âgée de 38 ans. Jugée fort laide (elle était surnommée "Cateau-la-Borgnesse", peut-être parce qu'elle était borgne), elle s’acquitte de sa mission et sera récompensée par un titre de baron pour son mari ainsi que d'espèces sonnantes et trébuchantes (une pension mensuelle de 2000 livres), sans doute à l'origine de la construction de cet bel hôtel particulier.
Il n'existe aucun portrait de Catherine Bellier (avouez que vous auriez bien aimé en voir un...). Par contre, dans la cour intérieure, il existe un macaron qui la représente sans doute.
Il est possible de pousser la lourde porte de bois sculpté et d'entrer ainsi dans le hall d'entrée afin de jeter un coup d'œil à la cour intérieure.
Vue depuis l'intérieur : c'est par ces grandes portes de bois que passaient les carrosses et les chaises à porteur aux XVIIe et XVIIIe siècles, amenant leur riche et noble clientèle.
On ne pourra pas aller plus loin...
A partir de 1755, l’hôtel est loué par le comte van Eyck, ambassadeur de Bavière. De novembre 1763 à avril 1764, le diplomate y loge pendant cinq mois le jeune Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) venu en tournée à Paris accompagné de ses parents et de sa sœur. Reçu à Versailles par Louis XV, il stupéfie le roi et la Cour par son talent et sa virtuosité, il n’a alors que 7 ans…
La coupole intérieure est ornée de triglyphes et de métopes représentant des têtes d'animaux morts, des boucliers et des petites formes ailées.
On peut y voir au centre les lettres P, D et B entrelacées formant le nom du propriétaire.
Dans le Marais, il y a beaucoup d'hôtels particuliers, mais pas que... En témoigne ce petit immeuble tout étroit, survivant du passé de Paris.
Au numéro 9 de la rue de Jouy, le lycée Sophie Germain, l'un des lycées publics les plus prestigieux de Paris. Autrefois l'équivalent de Charlemagne pour les filles, il est maintenant devenu mixte.
Un bref arrêt devant l'Hôtel d'Aumont : il est depuis 1959 le siège du Tribunal Administratif de Paris.
Achevé de construire en 1648 par Louis Le Vau et François Mansart pour Michel-Antoine Scarron, conseiller du roi et riche financier (oncle du poète Scarron), il est modifié en 1656 par le maréchal Antoine d'Aumont, gendre de Scarron.
De bien curieux balcons de bois relient ces deux immeubles.
A l'angle de la rue de Jouy et de la rue de Fourcy, une bien jolie enseigne du métier de rémouleur, un métier qui existait encore dans ma jeunesse mais qui a aujourd'hui presque disparu (il ne resterait de nos jours qu’une centaine de rémouleurs ambulants à travers toute la France, des passionnés amoureux de leur métier, décidés à préserver un certain patrimoine, un savoir-faire).
Le rémouleur était un artisan, bien souvent ambulant, qui aiguisait tous les objets dont les lames sont tranchantes : couteaux, ciseaux, poignards, hachoirs, tranchoirs, ou même autrefois les épées des gentilhommes.
Cet immeuble date de 1974 : l'original se trouvait à quelques centaines de mètres plus au sud, à l'angle de la rue de l'Hôtel de Ville et de la rue des Nonnains d'Hyères. (Eugène Atget en a pris une photo).
En observant bien (j'ai consulté le net bien sûr), on s'aperçoit que ce rémouleur tient un verre à la main et qu'un pichet, probablement de vin, est posé à côté du sabot. Ce rémouleur surnommé "Gagne Petit", car il travaille dans la rue en faisant un petit boulot, était donc à l'origine l'enseigne d'un marchand de vin.
L'original, peint, se trouve au musée Carnavalet.
Pour pouvoir admirer l'autre façade de l'Hôtel de Beauvais, il faut entrer dans le square Albert Schweitzer voisin de la rue des Nonnains d'Hyères (ainsi nommée parce que les religieuses de l'Abbaye Notre-Dame d'Yerres y avaient acheté un maison dite "maison de la Pie").
Nous traversons la rue des Nonnains d'Hyères : face à nous, l'Hôtel de Sens.
Son jardin illustre à la perfection les jardins dits à la française. Des haies de buis taillées dessinent des parterres aux formes géométriques. Au gré des saisons, plantes et fleurs s'y épanouissent, magnifiant la façade de l'hôtel particulier.
Rare témoignage de l'architecture civile du Moyen-Age à Paris, l'hôtel est construit de 1475 à 1519 sur ordre de Tristan de Salazar, évêque de Sens. Il héberge quelques mois Marguerite de Valois, la "reine Margot", première épouse d'Henri IV. Vendu comme bien national à la Révolution, il deviendra successivement une blanchisserie, une fabrique de conserves alimentaires, la confiturerie Saint-James et enfin le dépôt d'une verrerie. Acheté en 1911 par la Ville de Paris qui le restaure pendant trente ans, il abrite actuellement la Bibliothèque Forney consacrée aux arts décoratifs, aux métiers d'art, aux techniques, aux Beaux-Arts et aux arts graphiques.
Voici sa façade donnant sur la rue du Figuier
Voisin de l'Hôtel de Sens, l'ancien square de l'Ave Maria a été rebaptisé square Marie Trintignant en 2006. S'inspirant des jardins de la Renaissance, il a été planté à cette époque de figuiers et de cerisiers.
Bien formées mais pas encore mûres, dommage...
Une particularité de ce square, ce sont les inscriptions sur les trois bancs en hommage à Jacques Prévert.
"Cette fleur tellement vivante, toi tu l'as appelée Soleil, toute jaune toute brillante."
Longeant l'enceinte de Philippe Auguste, nous allons en direction du Village Saint-Paul. Au loin, on aperçoit la silhouette de l'église Saint-Paul-Saint-Louis.
Plan du Village Saint-Paul
Il faisait autrefois partie de l'ilot insalubre N°16 (on en répertoriait 17 en 1921) : la tuberculose y sévissait beaucoup. L’ensemble, qui appartient à la Ville de Paris, est rénové de 1970 à 1985 sous la direction de l’architecte Félix Gatier par une opération de curetage.
Il s'agit maintenant d'un entrelacs de petites cours pavées possédant beaucoup de charme. Il est le repaire des antiquaires et des designers. Hélas, à cette heure matinale, toutes les boutiques sont fermées...
Sympas ces petits nichoirs !
A la sortie du Village Saint-Paul, le terrain de sport du Lycée Charlemagne longeant la rue des Jardins Saint-Paul permet une vue sur l'ancienne muraille de Philippe-Auguste avec, à son extrémité, la tour Montgomery.
A l'extrémité de la rue, une jolie fontaine, la fontaine Charlemagne, du nom de la rue où elle se trouve.
La fontaine a été construite sous la Monarchie de Juillet. Sur son fronton se trouvent les armes de Paris et l'année en chiffres romains : M.DCCC.XL (1840).
La vasque est surmontée d'une statue d'enfant portant une coquille.
La rue Eginhard prend dans la rue Charlemagne.
Le Marais, c’est aussi la mémoire des années sanglantes de la dernière guerre. Il n’y a pas d’école sans une plaque à la mémoire des enfants juifs de ce quartier, massacrés pour la plupart après avoir été déportés. Dans la charmante rue Eginhard avec sa fontaine, ses arbres et ses oiseaux, une rescapée, Sarah Zajdner, a fait poser une plaque en souvenir de sa famille, son père et ses trois frères assassinés à Auschwitz. (Blog passagedutemps.com)
Le souvenir de ceux qui n’ont pas de sépulture est ainsi rappelé, alors que sont bien oubliés les noms de leurs bourreaux.
Nous avons maintenant rejoint la rue Saint-Antoine et je remarque ce très bel immeuble situé au N°93 qui date de 1863.
Quelques numéros plus loin s'élève l'église Saint-Paul-Saint-Louis construite entre 1627 et 1641 par les Jésuites avec l'aide financière de Louis XIII. On la dit proche du baroque italien mais aussi du baroque flamand du fait de son ornementation.
A l'entrée Anne nous fait remarquer les deux bénitiers en forme de coquille : ils ont été offerts à l'église par Victor Hugo à l'occasion du mariage de sa fille Léopoldine.
Une particularité de l'église Saint-Paul : quatre "passages" dans le bas-côté sont recouverts de boiseries. Ici le passage conduisant à la chapelle de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs.
Statue en marbre "La Vierge de douleur" de Germain Pilon ( 1540-1590)
Cette statue n'est pas une Pietà puisque la Vierge ne tient pas le corps de Jésus. Cependant les plis du drapé donnent bel et bien l'impression que le corps est là. De même, le regard de la Vierge semble dirigé vers le corps absent. On notera les doigts particulièrement longs et effilés, révélant l'influence du maniérisme italien et du Primatice.
C'est vraiment une œuvre magnifique.
Dans la Chapelle du Sacré-Cœur, un tableau d'Eugène Delacroix
Le Christ au Jardin des Oliviers (1827) : le tableau a été restauré en 2018 par l'intermédiaire de la Fondation pour la Sauvegarde de l'Art Français.
Dans le jardin de Gethsémani, Jésus se retrouve seul - les apôtres se sont endormis. Il sait le supplice qui l'attend et pourrait encore s'enfuir. Résistant à cette dernière tentation, il lève son bras vers le Père en signe d'appel, mais garde la tête baissée, résigné à son sacrifice.
A gauche, l'ombre ; à droite, la lumière. Et la personne de Jésus entre les deux. Les anges, sur la droite, ont un regard désespéré, conscients des événements qui vont suivre.
L'église est aussi célèbre pour ses prédicateurs, notamment l'abbé Louis Bourdaloue, célèbre pour ses prêches interminables s'adressant aussi bien au peuple qu'à la cour. Il est enterré ici.
L'orgue de tribune date de 1871.
Au sortir de l'église, je remarque une œuvre de street-art de Christian Guémy, alias C215, au style très reconnaissable, représentant Simon Vouet, premier peintre du Roi, auquel ce dernier passera de nombreuses commandes : il était spécialisé dans les portraits.
L'Hôtel de Sully se trouve au numéro 62 de la rue Saint-Antoine. Il est le siège depuis 1967 du Centre des monuments nationaux qui gère, anime et ouvre à la visite près de cent monuments nationaux.
L'histoire de l'Hôtel de Sully commence en 1624, quand le contrôleur des finances du Roi, Mesme Gallet, décide de se faire construire un hôtel particulier en plein Marais, quartier alors très à la mode. Grand joueur, Gallet perd son hôtel particulier au jeu. Il passe alors dans diverses mains et sa construction est achevée en 1630.
Maximilien de Béthune, premier duc de Sully, ancien ministre des finances et surintendant des bâtiments du roi Henri IV, le rachète en 1634. Le vieil homme en achève le décor et y vit ses dernières années.
Sa demeure ne manque pas de charme : il s'agit d'un hôtel particulier entre cour et jardin qui donne accès à la place Royale (actuelle place des Vosges à gauche de la photo). Le voici sur le plan de Turgot datant de 1739.
Passé le porche, on entre dans la cour : sur le mur du fond sont représentées deux des allégories des Quatre Saisons.
A gauche, Bacchus accompagné d'un faune personnifie L'Automne tandis que l'Hiver est représenté sous les traits d'un vieil homme s'appuyant sur une canne.
Depuis le XIXe siècle, deux sphinges à la tête renversée gardent le perron, en avant du saut-du-loup séparant la cour d’honneur et la façade du corps de logis principal.
Côté jardin, les deux autres Saisons
A gauche, la déesse Flore, portant une corne d'abondance, personnifie le Printemps tandis qu'à droite c'est une jeune femme au sein dénudé qui représente l'Eté, avec à ses pieds une gerbe de blé.
Sur l'Orangerie, un cadran solaire
Si l'on traverse le jardin...
on aboutit à la place des Vosges, ex place Royale, inaugurée par Louis XIII à l'occasion de son mariage avec Anne d'Autriche.
Dans le square Louis XIII situé au centre de la place, quatre fontaines semblables à celle-ci sont alimentées par l'Ourcq.
Au centre du square, une statue équestre de Louis XIII : elle a été remplacée en 1825 sous Louis XVIII, l'originale ayant été détruite à la Révolution.
A l'angle de la rue du Petit-Musc et de la rue Saint-Antoine, l'Hôtel de Mayenne est l’un des rares hôtels en brique et pierre construits dans le Marais : il rappelle en cela la polychromie de la place des Vosges. Ce style marque le passage de la Renaissance au style Louis XIII, plus robuste.
Sa construction, entre 1613 et 1617, à l'emplacement de l'"Hôtel du Petit-Musc" (acheté par Charles VI en 1378), a été commandée à l'architecte Jean Androuet du Cerceau.
Il est occupé, depuis 1870, par le groupe scolaire des Francs Bourgeois-Lassale qui accueille une école primaire, un collège et un lycée général et technologique.
Quelques numéros plus loin se dresse l’Église du couvent de la Visitation Sainte-Marie (construite dans les années 1630), devenue Temple protestant du Marais depuis 1802. Contrairement à l'usage, il est orienté Nord-Sud.
Nous voici tout doucement acheminés vers l'étape finale de cette promenade : Anne nous montre, tout au bout de la rue Saint-Antoine, les clous en bronze marquant l'emplacement de l'ancienne prison de la Bastille.
Le 22 avril 1370, le prévôt Hugues Aubriot pose la première pierre d'un château fort destiné à protéger Paris vers l'est. Aux quatre tours de Charles V s'ajoutent celles de Charles VI, puis un bastion orienté vers le faubourg sous Henri II.
Dans ces tours étaient aménagées les cellules des prisonniers d’État qui valurent à la Bastille de devenir le symbole du despotisme monarchique : le 14 juillet 1789, les sept pensionnaires sont portés en triomphe.
Il s'agissait de quatre faussaires, dont le procès était en cours d'instruction, deux fous (Auguste Tavernier et Francis Xavier Whyte dit chevalier de Whyte de Malleville qui furent une semaine plus tard internés à l'asile d'aliénés de Charenton), le comte de Solages, un noble, criminel, enfermé à la demande de sa famille, probablement. (Source Wikipédia)
Sur la place, la Colonne de Juillet a remplacé l'ancienne prison et le nouvel Opéra se profile de l'autre côté de la place.
Face à la colonne
Anne nous explique que la Colonne de Juillet a été élevée entre 1835 et 1840 sur une ancienne fontaine en marbre (qui aurait dû prendre la forme d'un éléphant, symbole du pouvoir), imaginée par Napoléon pour alimenter en eau les Parisiens.
Le projet de la fontaine-éléphant : la première pierre en est posée en 1808 mais la chute de Napoléon en avril 1814 a précipité la chute de l'éléphant dont l'eau devait sortir de la trompe !
Seul le bassin en marbre subsiste et sert de socle à la colonne.
Celle-ci est l'œuvre de Jean-Antoine Alavoine : elle commémore "Les Trois Glorieuses" (27 au 29 juillet) de la "Révolution de Juillet" survenue en 1830, qui amenèrent à la chute de Charles X et du régime de la restauration. Ce fut ensuite l'instauration de la Monarchie de Juillet, avec le règne de Louis-Philippe Ier, duc d'Orléans, devenu roi des Français.
Hou la la..., que de chamboulements dans l'histoire en quarante ans !
Le fût de la colonne porte le nom des victimes des journées révolutionnaires de Juillet 1830 et le sommet est orné d'une sculpture en bronze doré d'Auguste Dumont, le Génie de la Liberté qui brandit d'une main un flambeau et de l'autre ses chaînes arrachées.
Des inscriptions, des palmes, des couronnes d'immortelles, des rameaux de chêne, les armes de la Ville, le coq gaulois et le lion, symbole astronomique du mois de juillet, ornent le piédestal.
Anne nous apprend enfin que la colonne est construite au-dessus d'une nécropole accueillant les corps des révolutionnaires tombés pendant les Journées de Juillet. Il y a deux caveaux, pour des centaines de corps, à trois mètres sous terre : un pour les révolutionnaires de 1830, et un pour les révolutionnaires de 1848 qui vont installer la République.
Une balade, comme toujours, très agréable et instructive
1 commentaire