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    Alexandre Yersin n'était pas seulement un scientifique de génie, c'était aussi un aventurier chevronné. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au coeur de l'Histoire", Jean des Cars vous raconte les pérégrinations, parfois dangereuses, de ce médecin amoureux de l'Indochine qui débarque à Saïgon en 1890.

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    Au cours de son long voyage vers Saigon, Yersin n’est pas le médecin du bord mais simplement un passager. Il est émerveillé des paysages et des populations qu’il rencontre : Messine, la Crète, Alexandrie, Port-Saïd, Suez, Aden, Colombo, Singapour et enfin Saïgon où il arrive le 18 octobre. Il ne sait pas encore que ce merveilleux voyage, il va le faire souvent, dans les deux sens. Il finira même par le trouver un peu long !

    Il est affecté à bord du Volga sur la ligne Saïgon-Manille qui lève l’ancre dans quatre jours. Juste le temps pour lui de découvrir Saïgon et sa jumelle Cho-Lon, porte de l’Indochine pour les Européens et capitale de la riche province de Cochinchine. C’est la plus occidentalisée des villes de l’Extrême-Orient, avec de larges avenues plantées d’arbres, des bâtiments publics de type européen comme le Palais du gouverneur, la Cathédrale et les théâtres ainsi qu’un très beau jardin botanique.

    Le Palais du Gouverneur à Saïgon

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Dans les rues, une foule nombreuse. Les Annamites marchent pieds nus. Hommes et femmes portent des tuniques bleu foncé sur des pantalons de même couleur. Il y a des pousse-pousse, des porteurs à balancier et puis les grands hôtels et les cafés, eux aussi très européens.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Cho-Lon est tout le contraire. C’est une ville chinoise aux rues étroites, bruyantes et colorées, aux étals proposant toutes sortes de nourritures, légumes, poulets, poissons… Le soir, chaque chinois porte sa petite lanterne au bout d’un bâton, ce qui donne à la nuit l’aspect d’une fête perpétuelle.

    Son premier voyage à Manille ne pose aucun problème à Yersin : il n’y a qu’un seul malade à bord, qui souffre de goutte. A chaque voyage, d’escale en escale, le médecin est attiré par l’arrière-pays des Philippines, qu’il découvre avec ses lacs, ses plantations, ses arbres immenses et ses villages pittoresques.

    A Saïgon, lors de ses repos, il fait des excursions en sampan le long des côtes. En 1891, la ligne Saïgon-Manille est supprimée. Il va être affecté sur la ligne Saïgon-Haïphong, le port maritime et fluvial à l’embouchure du Fleuve Rouge qui, en amont, traverse Hanoï, la capitale du Tonkin. Le trafic entre Hanoï et Haïphong est intense : on voit trois fois par jour des passagers sur des multitudes de chaloupes à vapeur et de jonques. 

    Comme à son habitude, Yersin va visiter l’arrière-pays. Il remonte le Fleuve Rouge vers la Montagne des Sept Pagodes. Là, il n’y a plus de trafic du tout car le fleuve est infesté de pirates, la plupart chinois, qui incendient les villages, pillent et massacrent sans arrêt. Mais il y a aussi les pirates annamites qui, en général, ne s’attaquent pas aux Français car ils les savent armés. 

    Lors de ses voyages, en longeant la côte indochinoise dont il dresse la carte, il est fasciné par la baie de Nha-Trang.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Yersin a le projet de quitter le bateau à Nha-Trang pour rejoindre Saïgon à travers la chaîne annamitique, prolongement de la chaîne du Tibet qui traverse la péninsule indochinoise. On lui dit que c’est infaisable. Néanmoins, le 29 juillet 1891, il se fait déposer à Nha-Trang. Il se lance dans la traversée du pays des Moïs. Il rencontrera ces tribus qui n’ont jamais vu un blanc, mais devra rapidement rebrousser chemin, le périple s’avérant effectivement trop compliqué.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Mais Yersin ne s’avoue pas vaincu ! A son retour, il demande à la Compagnie des Messageries Maritimes une mise en disponibilité d’un an, renouvelable. Et entre le 28 mars et le 25 juin 1892, parti de Nha-Trang, Yersin arrive à Phnom-Penh, au Cambodge, alors protectorat français. Il réalise finalement la première traversée annamitique, en un peu moins de trois mois. 

    Ce voyage, il l’effectue en géographe, muni d’instruments lui permettant de déterminer la position de tous les villages traversés. Il est tantôt à cheval, tantôt en pirogue sur des rivières dangereuses. Certaines tribus sont hostiles, les forêts sont infestées de tigres qui chassent la nuit. Le danger est partout... 

    Fort de son succès, Alexandre Yersin revient à Paris pour présenter le résultat de sa mission, et dans l’espoir d’obtenir des subventions pour de nouvelles explorations. Il en profite pour rendre visite à Pasteur et au Docteur Roux et regagne Saïgon six mois plus tard.

    Il se lance dans une nouvelle expédition. Elle lui permettra de découvrir le plateau de Lang Dian, idéalement situé dans la montagne et bénéficiant d’un climat plus respirable que celui de la côte. C’est là que, grâce à lui, se construira la ville de Dalat, qui deviendra la villégiature montagnarde de Saïgon.

    Alexandre Yersin, l'aventurier de la peste : épisode 2

    En 1894, le gouverneur général lui demande de reconnaître le tracé d’une route qui joindrait Nha-Trang à Tourane, un long trajet à travers le pays des tribus Moïs, très hostiles.

    Il accomplit ce qu’on lui demande avec efficacité. C’est à son retour qu’il se rend à Hong-Kong où il y a une épidémie de peste, comme je vous l’ai raconté dans le premier épisode de ce récit.

    Le retour à l’institut Pasteur 

    Après Hong-Kong, Yersin rentre à Saïgon. Il entreprend une étude sur la peste bovine qui affecte les troupeaux de buffles d’Indochine à Nha-Trang. Mais en avril 1895, il est obligé d’interrompre son travail : le gouvernement français et l’Institut Pasteur le rappellent à Paris. Il doit participer aux travaux entrepris dans le laboratoire d’Emile Roux sur le bacille de la peste qu’il lui avait envoyé de Hong-Kong.

    Le but est de trouver un vaccin contre la peste et un sérum provenant d’animaux guéris pour traiter les malades non vaccinés. Grâce à ces travaux, la possibilité de prévenir et de guérir la peste humaine est théoriquement acquise à partir de l’été 1895.

    Comme les expériences qu’il vient de faire à l’Institut Pasteur ont démontré l’utilité du sérum de cheval, il se propose d’installer à Nha-Trang un laboratoire chargé de le préparer en grandes quantités. Il veut aussi poursuivre là-bas ses études sur la peste bovine. 

    Yersin a été heureux de revoir Roux et Pasteur. Il a été ému par la dégradation de l’état de santé de ce dernier. Louis Pasteur meurt le 28 septembre 1895. La visite de Yersin, auréolé par sa découverte du bacille de la peste, aura été sa dernière joie scientifique.

    De retour en Indochine, Alexandre s’installe à Nha-Trang, dans une petite maison au bord de mer. Devant héberger des chevaux pour préparer le sérum, il fait construire une écurie et des paillotes pour les cobayes dans la vieille citadelle. Mais l’infatigable voyageur doit à nouveau partir : il est appelé à Bombay où la peste fait des ravages…  

    Il y arrive avec son sérum anti-pesteux le 5 mars 1897. Fin mai, il est relayé par un autre pasteurien, le docteur Simond, qui découvre, l’année suivante, le rôle de la puce dans la transmission de la peste. Si ce sont bien les rats qui sont infectés par le bacille, ce sont les puces qui, après les avoir quittés, transmettent la peste à l’homme par leurs piqûres.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2 

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Le bubon caractéristique de la maladie est en fait un ganglion enflammé très enflé qui se forme au point d’inoculation par cette piqûre, généralement à l’aine ou au creux de l’aisselle.

    Yersin s’installe définitivement à Nha-Trang 

    Yersin décide finalement de s’installer définitivement à Nha-Trang. Il acquiert une étrange demeure au bord de la mer, une sorte de phare cubique, haut de deux étages. Au rez-de-chaussée, il y a une salle à manger, au premier étage, son bureau, et au second la chambre. Par la suite, au-dessus de sa chambre, il fera aménager un petit observatoire astronomique dont la coupole se verra de loin.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Il adore ce petit village de pêcheurs. A 600 mètres de sa maison, se dresse l’Institut Pasteur de Nha-Trang. Au rez-de-chaussée, un laboratoire est réservé à la préparation du sérum et aux stérilisations. Au premier étage, sont installés trois autres laboratoires dont deux accueillent les élèves, la bibliothèque et le bureau du directeur : Alexandre Yersin lui-même.

    Il recrute un vétérinaire pour les nombreux troupeaux de buffles dont il a besoin pour ses expériences. Il doit d’ailleurs trouver de nouveaux endroits dans l’arrière-pays pouvant les accueillir. Après cette surprenante expérience dans l’élevage, l’étonnant Yersin va devenir... planteur ! Dans des territoires au-dessus de Nha-Trang, il commence par la culture du café puis du manioc et du palmier à huile. Mais surtout, il se lance dans la culture à grande échelle de l’hévéa du Brésil, l’arbre à caoutchouc qu’il introduit dans la région.

    Une forêt d'hévéas au Vietnam

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Cela fonctionne très bien et lui procure des ressources financières pour son Institut.

    En 1902, Yersin crée l’école de médecine d’Hanoï 

    Jusqu’en 1900, aucun enseignement officiel français (primaire, secondaire ou supérieur) destiné aux Indochinois n’existait dans l’ensemble de la colonie. C’est Paul Doumer, ancien ministre des Finances, nommé gouverneur général d’Indochine en 1897 qui décide d’implanter à Hanoï le premier foyer de culture française. 

    Il commence par une école de médecine et demande à Yersin de diriger ce vaste ensemble comprenant l’école proprement dite, un laboratoire dépendant de l’Institut Pasteur, un hôpital et des maisons destinées aux directeurs, médecins et élèves. Le médecin-aventurier ne peut refuser cet honneur.

    L'école de médecine de Hanoï

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    La première année, 375 candidats se présentent. Il n’en sélectionne que 30. Les examens sont difficiles, le niveau exigeant. Après le départ de Paul Doumer en 1902, son remplaçant, Paul Beau, se montre hostile à l’esprit pasteurien que Yersin insuffle à l’école. Les relations entre les deux hommes sont détestables. Il faut dire que le chercheur n’a pas un caractère facile… 

    En 1904, il démissionne, et après un bref voyage à Paris, il regagne Nha-Trang. C’est décidément le seul endroit où il se sente chez lui. Très vite, il oriente l’Institut Pasteur de Nha-Trang vers les maladies animales, laissant l’étude des maladies humaines à celui de Saïgon, dont l’Institut Pasteur de Paris lui donne également la responsabilité. Toutefois, c’est le premier qui continuera à produire le sérum contre la peste humaine.

    Yersin démissionne et choisit son successeur 

    Après la Première Guerre mondiale, les autorités coloniales décident d’un agrandissement de l’Institut Pasteur de Saïgon, et de l’ouverture de celui de Hanoï.

    L'Institut Pasteur à Hanoï

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    L’Institut Pasteur patronnera aussi les services de santé des villes de Hué, Vientiane et Phnom Penh. Yersin se rend alors à Paris pour annoncer sa démission. Il se sent trop âgé pour une telle entreprise. Il désigne lui-même son successeur, Noël Bernard. C’est lui qui devient directeur des Instituts Pasteur d’Indochine.

    Yersin continue de s’occuper de celui de Nha-Trang mais il garde un œil sur le fonctionnement des Instituts qu’il a fondés. En 1934, à la mort du docteur Roux, il est nommé directeur honoraire de l’Institut Pasteur de Paris. Jusqu’en 1940, il se rend, par avion, à Saïgon pour assister aux délibérations annuelles du conseil. Ses fonctions d’inspecteur et de conseiller sont les seuls liens que Yersin conserve avec la bactériologie. 

    Désormais, dans son domaine de Nha-Trang, il se concentre sur l’élevage et l’agronomie tropicale. Un nouvel Institut Pasteur est fondé en Indochine, à Dalat, dont le site avait émerveillé Yersin lorsqu’il l’avait découvert en 1893. Cette antenne est inaugurée le 1er janvier 1936. Dalat est désormais une ville importante, une station d’altitude fréquentée par de nombreux français résidant en Indochine.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Alexandre Yersin vieillit tranquillement dans le lieu qu’il a choisi et qu’il aime tant. Il est allergique aux honneurs et aux mondanités. C’est tout juste s’il accepte de prononcer un discours lors de l’inauguration du lycée Yersin de Dalat ! En revanche, il refuse farouchement de poser pour un buste destiné à cet établissement. 

    Il préfère se mêler à la population indigène de Nha-Trang. Il est à l’aise avec les Annamites. Ceux-ci admirent la simplicité de sa vie quotidienne, très semblable à la leur. Il ne cesse de soigner, de conseiller et de protéger les petites gens de la ville qui l’ont baptisé "Monsieur Nam". En annamite, "nam" signifie cinquième. La population savait qu’il avait le grade de médecin colonel dans l’armée française. Cinq, c’étaient les cinq galons de son uniforme… qu’il n’a jamais porté !

    Dès l’entrée du Japon dans la Seconde Guerre mondiale, les troupes impériales envahissent le nord de l’Indochine. Malgré les bonnes relations avec Vichy, dès 1941 le général japonais en poste à Hanoï exige qu’on mette à sa disposition toutes les bases militaires du sud de la colonie. Les autorités françaises acceptent. 

    L’occupation japonaise est dure. Yersin la subit comme tout le monde. Dans la journée du 27 février 1943, il se sent trop faible pour quitter son lit. Il meurt dans la nuit du 1er mars, six mois avant son quatre-vingtième anniversaire. Il a demandé à être enterré simplement, sans apparat ni discours, dans un lieu qu’il avait choisi : une colline au-dessus de Nha-Trang.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    Après l’indépendance du Vietnam, les traces de la présence occidentale se désagrègent mais la mémoire de Yersin ne cesse de grandir. On a conservé son nom pour désigner les routes qu’il avait découvertes et défrichées. Sa stèle, installée en 1963 dans le jardin de l’hôpital de Saïgon, a été respectée.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur : épisode 2

    L’Institut Pasteur de Nha-Trang aussi. Il existe toujours. Et l’ancien bureau du directeur est aujourd’hui devenu un musée retraçant le parcours exceptionnel d’Alexandre Yersin.

    J'ai encore appris beaucoup de choses grâce à ce podcast...


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  • Sur Europe 1, il y avait jusqu'en 2018 une émission très intéressante intitulée "Au cœur de l'histoire" qui était racontée par Franck Ferrand. Depuis que ce dernier a rejoint Radio Classique où il présente de 9h à 9h30 chaque jour une émission similaire intitulée "Franck Ferrand raconte", elle est diffusée sur Europe 1 sous forme de podcasts lus par Jean des Cars, le spécialiste Histoire de la chaîne.

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    Alors que le mois de décembre marque le premier anniversaire de la covid-19, la question des vaccins est sur toutes les lèvres. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire", Jean des Cars raconte l'histoire captivante d'Alexandre Yersin, un pasteurien de la première heure qui a découvert le bacille de la peste et largement contribué à soigner cette maladie terrifiante.

    Alexandre Yersin est né à Aubonne (Canton de Vaud) en 1863 et décédé à Nha Trang au Viet-Nam en 1943.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur

    A Hong-Kong, Yersin isole le bacille de la peste 

    Dès qu’il arrive en Indochine en 1891, le brillant pasteurien Alexandre Yersin apprend que la peste sévit en Chine du sud, dans la province du Yunnan, notamment à Long Tchéou et à Pakhoi, localités relativement proches de Hanoï, capitale de l’Indochine française depuis 1887.

    Il propose immédiatement au gouverneur général d’entreprendre l’étude de la maladie dans ce foyer afin d’examiner les moyens de la combattre efficacement. Le haut-fonctionnaire, M. de Lanessan, lui fait cette étrange réponse : "Il n’y a jamais eu de peste au Yunnan et y en aurait-il que je le nierais. On tombe déjà assez sur ce pauvre Tonkin pour ne pas encore lui mettre la peste sur le dos."

    Yersin fait une seconde démarche deux ans plus tard. Elle se solde par un nouveau refus. Mais au début de 1894, la peste atteint Canton puis Hong-Kong, villes situées à environ 2000 kms du Yunnan.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur

    La situation est dramatique. En quelques mois, Canton, ville d’un million d’habitants perd le dixième de sa population. 100 000 morts ! N’en déplaise à Lanessan, la peste est à présent une réalité irréfutable. Et elle menace l’Indochine. Le monde tremble, se souvenant des terribles épidémies qui avaient ravagé l’Europe aux XIVe, XVIe et XVIIIe siècle : 40 000 morts à Marseille en 1720… 

    On sait que la maladie a pour berceau le plateau de l’Asie Centrale où elle circule depuis des temps immémoriaux, du Turkestan à la Mongolie et jusqu’aux contreforts de l’Himalaya, au nord de l’Inde. Mais cette-fois, c’est encore plus grave : en 1894, pour se propager, la peste bénéficie des moyens rapides que sont le chemin de fer et les navires à vapeur.

    Aucune maladie n’est inscrite aussi profondément dans le subconscient collectif. Même le typhus, le choléra et la fièvre jaune ne suscitent pas la même terreur. Pourtant en 1894, on n’en sait pas plus sur la peste qu’au VIe siècle, lorsque la première pandémie connue, la "peste de Justinien" (qui a sévi à partir de 541 jusqu'en 767), dans tout le Bassin méditerranéen, faisait 25 millions de victimes dans le Bassin méditerranéen. Les seules informations dont on dispose sont : qu’elle est extrêmement contagieuse, qu’elle tue presque toujours ceux qui en sont atteints, et qu’il n’y a aucune thérapie efficace connue. On ignore totalement sa nature microbienne et, pire encore, on n’a aucune idée de la façon dont elle se transmet ! Alors pour se rassurer, on prétend qu’elle est l’apanage des populations misérables, ignorantes et sans hygiène…

    Cette-fois, le gouvernement de l’Indochine se réveille. Dans un premier temps, on envisage d’envoyer Alexandre Yersin au Yunnan mais, finalement, il obtient de se rendre directement à Hong-Kong. Pour lui, il est évident qu’une première étude microbiologique de la peste sera bien plus facile dans cette ville, sous administration britannique depuis 1842, et dont les hôpitaux fonctionnent.

    Il y arrive le 15 juin 1894 et s’installe, provisoirement, à l’hôpital de Kennedy Town. La peste a déjà laissé son effroyable empreinte. Le port est désert, les rues, habituellement grouillantes de monde, vides, et plus de 100 000 Chinois, soit la moitié de la population, ont quitté Hong-Kong pour Canton. Ce n’est pas la peste qu’ils fuient puisque Canton est gravement touchée aussi, mais les règlements sanitaires britanniques qui ne permettent pas le déroulement des cérémonies rituelles d'enterrement.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur

    La mort survient très rapidement, parfois en moins de 24 heures, et le taux de mortalité des malades est de 96%. A titre de comparaison, le taux de mortalité moyen du Covid est d’environ 1%... Tous les jours, on trouve des cadavres dans les rues, sur les sampans et dans la campagne. On les jette dans des fosses remplies de chaux et on les recouvre d’une chape de ciment.

    Les 300 soldats britanniques font ce qu’ils peuvent. Ils inspectent les maisons et emportent les pestiférés vers les hôpitaux. On donne 24 heures aux survivants pour quitter leurs habitations. Tout ce qui est à l’intérieur est entassé au bord de la mer et brûlé. Les murs et les toits sont pulvérisés de chlorure de chaux et d’acide sulfurique. L’hôpital de Kennedy Town où arrive Yersin est le principal de Hong-Kong mais il ne suffit pas. Il a fallu créer d’autres lazarets (établissements de mise en quarantaine des passagers, équipages et marchandises en provenance de ports où sévissait la peste). 

    Yersin est handicapé car il ne parle pas anglais. Heureusement, on lui a donné une lettre de recommandation pour le père Vigano, ancien officier d’artillerie de l’armée piémontaise, installé à Hong-Kong depuis trente ans. Il sert d’interprète au médecin, le présente au docteur Ayrès, chef du service de santé de la colonie britannique. Yersin explique la raison de sa présence : il veut pratiquer des autopsies pour tenter de percer les secrets de la maladie.

    Malheureusement, la place est déjà occupée par un homologue japonais, le professeur Shibasaburo Kitasato, qui cherche aussi l’origine du fléau. Arrivé le 12 juin, soit trois jours avant Yersin, il ne manifeste aucune volonté de collaboration ni d’assistance à celui qu’il considère comme un concurrent.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur

    Yersin se contente de le regarder travailler, et très vite, il a des doutes sur sa méthode puisque Kitasato analyse uniquement le sang des cadavres et ne s’intéresse pas aux bubons, ces pustules caractéristiques de la peste.

    Si Yersin ne parle pas anglais, il parle couramment allemand. Le japonais aussi, puisqu’il a travaillé pendant sept ans auprès du docteur Koch qui a découvert le bacille de la tuberculose en 1882. Or, Yersin a aussi fréquenté Koch à Berlin où il a suivi ses cours de bactériologie. Mais Kitasato, décidément peu aimable, feint de ne pas le comprendre quand il s’adresse à lui en allemand…

    On attribue à Yersin un tronçon de galerie pour y installer son laboratoire, ce qu’il fait deux jours après son arrivée. Il demande à autopsier des cadavres mais ils sont aussi préemptés par Kitasato qui fait tout ce qu’il peut pour empêcher Yersin de travailler.

    Les conditions de son travail étant infernales, le père Vigano obtient pour Yersin l’autorisation de lui installer une paillote près du nouvel hôpital, le Alice Memorial. En deux jours, les Chinois construisent une cage en bambous, couverte de paille, comprenant deux pièces où Yersin va travailler, mais aussi se loger.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur

    Il emménage dans cette installation sommaire le 22 juin 1894. Il installe ses tubes de cultures et ses animaux d’expériences. Pour pouvoir disséquer des cadavres, il soudoie les marins anglais chargés des enterrements. Ils lui donnent accès à la cave où sont déposés les corps. Il y prélève les bubons, les rapporte dans son laboratoire et fait rapidement une préparation pour les étudier au microscope. Voilà comment Yersin décrit la suite : "Au premier coup d’œil, je reconnais une véritable purée de microbes tous semblables. Ce sont des petits bâtonnets trapus à l’extrémité arrondie et assez mal colorés.

    Avec mon bubon, je fais des inoculations à des souris et à des cobayes. Je recueille un peu de pus dans une effilure de tube pour l’envoyer à Paris, à l’Institut Pasteur. Il y a beaucoup de chances pour que mon microbe soit celui de la peste mais je n’ai pas encore le droit de l’affirmer."

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur

    Les souris inoculées meurent en vingt-quatre heures d’une véritable septicémie. Les cobayes succombent entre trois et six jours. Il n’y a plus de doute : Alexandre Yersin a bien identifié le bacille de la peste. Il portera bientôt son nom : "Yersinia pestis", ou bacille de Yersin. La découverte est communiquée à Paris, à l’Académie des Sciences, le 30 juillet 1894. Une description plus complète paraîtra en septembre, dans les Annales de l’Institut Pasteur.

    Pendant ce temps, Kitasato s’est embourbé dans ses recherches. Il revendiquera lui aussi la découverte du bacille de la peste mais il se trompe : ce qu’il a trouvé est un bacille s’apparentant au pneumocoque. Yersin, lui, continue ses investigations. En arrivant à Hong-Kong, il avait remarqué le grand nombre de rats morts dans les rues des quartiers infectés. Il en autopsie plusieurs. Tous présentent des bubons et contiennent le bacille en grande quantité. Il conclut qu’il est probable que les rats constituent le principal véhicule de la peste. Il a raison. 

    Lorsque Yersin souhaite regagner Saïgon, les Anglais insistent pour qu’il reste encore quelques mois à Hong-Kong afin de poursuivre ses recherches de bacilles dans les sous-sols de la colonie. On lui propose de faire des désinfections mais il considère que sa tâche à Hong-Kong est terminée. Dans sa paillote construite en deux jours, il a découvert le bacille de la peste en à peine un mois, et l’épidémie est presque maîtrisée. En revanche, elle sévit toujours au Yunnan et il compte s’y rendre pour continuer à étudier la maladie. Comme l’écrit joliment le docteur Anne-Marie Moulin, spécialisée dans les maladies parasitaires : "Sa paillotte va rejoindre dans la légende la mansarde de Pasteur à Normale Sup’ et le hangar où les Curie manipulaient le radium."

    A 32 ans, Yersin vient d’acquérir une célébrité mondiale dans l’univers scientifique. 

    Une enfance suisse 

    Alexandre Yersin naît le 22 septembre 1863 près de Morges, en Suisse, sur les bords du Léman, dans des circonstances assez dramatiques : son père, également prénommé Alexandre, est mort trois semaines plus tôt. Avant ce nouveau-né, le couple avait déjà eu une fille et un fils. Devenue veuve, Madame Yersin doit abandonner la maison de fonction de son mari qui était administrateur d’une poudrerie. Elle achète une résidence, "la maison des figuiers" à Morges, mais comme elle doit élever trois enfants, elle décide d’y installer une institution pour jeunes filles. Elles y apprendront le maintien, la peinture, la musique et la cuisine afin de devenir de parfaites "maîtresses de maison".

    En cette deuxième moitié du XIXe siècle, la Suisse est prospère. Elle attire beaucoup de voyageurs et le Canton de Vaud s’est spécialisé dans ces écoles pour demoiselles fortunées. Mme Yersin accueille en moyenne une dizaine de jeunes filles chaque année. Alexandre est élevé au milieu de cet univers exclusivement féminin. Il surnomme les élèves de sa mère "les  guenons" et développe une certaine misogynie. Il est un enfant aimé mais dans un style de vie très austère car la famille appartient à l’Eglise Evangélique Libre du Canton de Vaud, une version particulièrement rigoureuse du protestantisme. 

    L’éducation que reçoit Alexandre est donc puritaine et rigide. Il obtient son baccalauréat ès-Lettres en 1883 puis s’oriente vers la médecine. Il commence ses études à la section des Sciences Médicales de l’Académie de Lausanne qui n’assure pas la totalité du cursus. Il doit le continuer ailleurs, en Allemagne, à Marburg, en Hesse, où il passe un an. Passionné par l’anatomie pathologique et la chirurgie, il commence à pratiquer des dissections. Puis il décide de poursuivre ses études à Paris. Il fait ce choix car s’il considère que les études théoriques sont excellentes en Allemagne, elles manquent de pratique hospitalière. Or, en France, l’étudiant en médecine suit des cours mais est aussi présent tous les jours à l’hôpital.

    Yersin devient pasteurien 

    Yersin arrive à Paris le 27 octobre 1885.  Il s’inscrit à la Faculté de Médecine en troisième année en raison de ses diplômes allemand et suisse. Les cours sont enseignés à l’Hôtel-Dieu.

    En cette année 1885, au mois de juillet, Louis Pasteur a guéri le petit Joseph Meister de la rage.

    Alexandre Yersin, médecin et explorateur

    Pasteur, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, en était devenu administrateur en 1857. Il y avait installé son laboratoire personnel où il recevait et traitait tous les gens mordus par des chiens. Yersin est passionné par cette aventure. S’étant blessé à la main au cours de l’autopsie d’un homme décédé de la rage, il va lui-même se faire traiter rue d’Ulm. Il est soigné par Pasteur et fait la connaissance du docteur Roux, son adjoint. Bientôt, chaque après-midi, Yersin rejoint la rue d’Ulm où le Docteur Roux le prie de faire certaines préparations tandis que Pasteur lui confie la charge de faire les pansements de gens victimes de morsures.

    L’année suivante, il entre à l’Hôpital des Enfants malades dans le service du professeur Grancher. Il devient parallèlement le préparateur personnel du Docteur Roux qui l’engage pour un an et lui verse 50 Francs par mois. Yersin s’installe alors près de la rue d’Ulm, dans une maison où Pasteur loge les garçons de laboratoires et leurs familles. Sa vie se partage entre l’hôpital le matin et divers travaux avec le Docteur Roux l’après-midi. Ils travaillent ensemble sur deux fléaux qui touchent particulièrement les enfants : la tuberculose et la diphtérie. 

    Pour Pasteur, 1888 est une grande année : c’est celle de l’ouverture de son Institut. Grâce à une souscription ouverte en 1886, à laquelle ont participé le tsar de Russie, l’empereur du Brésil, de riches mécènes, mais aussi des gens modestes, son projet de créer un établissement vaccinal contre la rage devient une réalité. Il se situe au 25 rue Dutot, dans le 15ème arrondissement. Mais au moment où Pasteur réalise son rêve, il est déjà très diminué par une double atteinte d’hémiplégie. S’il est à son laboratoire tous les jours, c’est le Docteur Roux qui en devient l’animateur principal.

    Cette même année, Yersin obtient sa naturalisation française. La raison en est simple : il est Suisse et une loi récente réserve l’exercice de la médecine en France aux seuls citoyens français… 

    A la même époque, lors de vacances chez sa mère, Yersin rencontre une jeune fille, Nina Schwarzenbach. Les mères des deux jeunes gens songent à les marier. Alexandre ne déborde pas d’enthousiasme mais il se résout à cette idée. Finalement, c’est Nina qui fait marche arrière. Mme Yersin propose alors une autre fiancée à son fils, une fille de médecin. Cette fois, c’est lui qui refuse. Il n’est pas fait pour le mariage. Il tient trop à sa liberté.

    Roux et Yersin découvrent le bacille de la diphtérie 

    La collaboration de Yersin avec le Docteur Roux va permettre une avancée considérable dans l’étude de la diphtérie. Ils identifient définitivement le bacille, étudient la contagion et établissent, pour la première fois, la notion de “porteur sain”. Yersin est aussi le préparateur du Docteur Roux dans ses cours sur les microbes.

    En même temps, il s’émerveille de l’Exposition Universelle de 1889, particulièrement de la Tour Eiffel et de la Galerie des Machines-Outils. Il passe des vacances seul en Normandie et découvre la mer pour la première fois. Il parcourt la région à bicyclette. Ce périple va changer sa vie. Yersin commence à rêver de la mer. 

    Il accepte, à contrecœur, les cours que lui propose le Docteur Roux. Il n’aime pas enseigner mais son mentor étant malade, il s’en acquitte comme d’un devoir. En revanche, il ne continue pas ses activités à l’Institut Pasteur. Il s’y sent enfermé et a des envies d’ailleurs, de grand large. Lorsqu’il obtient un congé d’un an, il s’engage immédiatement comme médecin auxiliaire des Messageries Maritimes en Indochine. En septembre 1890, il embarque à Marseille à destination de Saïgon. L’aventure de sa vie est sur le point de commencer.

    Intéressant, non ?


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  • La Mairie de Paris vient de publier un article très intéressant sur l'histoire des transports urbains à travers les siècles. En voici un résumé un peu enrichi de mes recherches sur le net.

    ► XVème et XVIème siècles : la préhistoire des transports urbains

    Les transports de ville à ville apparaissent sous le règne de Louis XI avec la création du Service royal de la Poste, chargé d'acheminer le courrier et de transporter des voyageurs moyennant finances. On appelait ce service créé en 1479 la "poste aux chevaux", un service qui sera surtout développé par les successeurs de Louis XI, à savoir Charles VIII, Louis XII et François Ier. Pour cela des relais furent installés toutes les sept lieues, c'est-à-dire tous les 28 kilomètres, soit environ la distance qu'un cavalier peut parcourir au galop. Le cavalier pouvait alors changer de monture à chaque relais pour parcourir par jour la distance séparant quatre relais, soit près de 90 kilomètres par jour, distance très importante pour l'époque. Le gain de temps pour l'échange d'informations sera alors énorme.
     
    "Les bottes de sept lieues" sera la dénomination utilisée au XVIIe siècle pour décrire les bottes des postillons. Ces bottes, faites en bois et en cuir, pesaient environ trois kilos, elles remontaient jusque sous le genou et étaient faites pour protéger les jambes du cavalier en cas de chute. Les bottes étaient fixées à la selle, le cavalier ne pouvant pas marcher aisément avec ses bottes.
     
    Bottes de postillon (seconde moitié du XVIIIème siècle)
     

    Les bus parisiens : cinq siècles d'histoire

    Charles Perrault les transforma en bottes magiques dans le conte du "Petit Poucet".
     
     Le Petit Poucet d'Antoine Clouzier (1697)

    Les bus parisiens : cinq siècles d'histoire

    ► 1662 : les carrosses de Blaise Pascal


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  • Je lis souvent des articles du site Herodote.net consacré à l'Histoire. Suite à la lecture du dernier en date, j'ai décidé cette année de rendre hommage à différentes personnalités du monde de l'art nées ou décédées en 1921, il y a tout juste 100 ans : César est la première d'entre elles.

    César Baldaccini, dit César, est un sculpteur français né le 1er janvier 1921 à Marseille (Bouches-du-Rhône) et mort le 6 décembre 1998 à Paris. Il fait partie du mouvement des Nouveaux réalistes, né en 1960.

    Centenaire de la naissance de César

    Ses parents, Omer et Lelia Baldaccini, italiens d’origine toscane, tenaient un bar à Marseille où César est né, avec sa sœur jumelle Amandine, en 1921 dans le quartier populaire de la Belle-de-Mai, au no 71 de la rue Loubon, dans le centre. A l'époque, il dessine et bricole des carrioles pour son petit frère avec des boîtes de conserve.

    Il quitte l'école à 12 ans, commence à travailler et entre à l'Ecole des Beaux-Arts de Marseille en 1935 où il reste jusqu'en 1939. Il y obtient en 1937 trois prix, en gravure, en dessin et en architecture. Puis il entre en 1943 à l'École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris. Pour des raisons financières, César ne peut travailler la pierre et se consacre dès 1947 à d'autres matériaux comme le fer et le plâtre. La découverte de la soudure à l'arc lui offre de nouvelles possibilités de constructions à base de ferrailles qui proviennent réellement de décharges à ses débuts. En 1951, il visite Pompéi et reste marqué par les moulages des corps des habitants pris dans la lave.

    A partir de 1954, il expose et obtient une reconnaissance notamment par l'Etat qui lui achète pour 100.000 francs L'esturgeon pour le Musée National d'Art Moderne.

    L'esturgeon - César (1955) - Centre Pompidou

    Centenaire de la naissance de César

    La chauve-souris - César (1954) - Musée des Beaux-Arts de Nancy

    Centenaire de la naissance de César

    Ses œuvres les plus connues sont appelées Compressions et sont composées d'assemblage de matériaux divers : tôles, papiers voir même bijoux... A l’aide d’une presse hydraulique, il compresse des objets (le plus souvent des voitures). Cette démarche se veut un défi à la société de consommation qui lui est contemporaine.

    Ricard - Compression d'automobile 153x73x63 cms (1962) - Centre Pompidou

    Centenaire de la naissance de César

     

    Me promenant aujourd'hui du côté de la rue de Miromesnil, j'ai vu au passage dans une galerie deux compressions de César, année du centenaire oblige...

    En miroir à ces Compressions, César propose à partir de 1967 des Expansions réalisées en polyuréthane, sous la forme de coulées lisses et solides. Les premières expansions de César sont réalisées en public. À la fin de ces « performances », les expansions sont découpées en morceaux et distribués à l’assistance.

    Expansion Numéro 14 (1970) - Coulée de polyuréthane expansé, stratifié et laqué
    100 x 270 x 220 cm - Centre Pompidou

    Centenaire de la naissance de César

    Parmi ses œuvres passées à la postérité on peut encore citer Le Pouce monumental dont il existe de nombreux exemplaires comme celui-ci situé à La Défense.

    Centenaire de la naissance de César

    Le Centaure hommage à Picasso se situe à Paris dans le 6ème arrondissement.

    Il y a aussi bien sûr les fameux César du cinéma conçus en 1975. C'est Jean Gabin qui a déclaré ouverte la première nuit des César le 3 avril 1976. A cette date, pour la première édition de la cérémonie, César élabore d'abord une statuette très ressemblante à celle décernée lors des Oscars. À l’époque, il s’agit d’une silhouette sobre et masculine, enroulée dans une bobine de film. Mais la statuette ne rencontre qu’un succès mitigé auprès du public et ne durera qu'une seule cérémonie.

    Cliquez sur "Regarder sur Vimeo"

    Le César du Cinéma actuel est une compression en bronze doré.

    Centenaire de la naissance de César

    Un timbre commémore cet événement.

    Centenaire de la naissance de César

     

    Une vidéo sur le centenaire de la naissance de César

    César meurt le 6 décembre 1998 à Paris.

    Centenaire de la naissance de César

    Il est important de garder le souvenir des artistes.


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  • Ayant mis une alerte sur Google sur le mot "Alésia", j'ai reçu récemment cette information intéressante émanant du site "Sonovision.com".

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    Scénographié par Clémence Farrell (Directrice de la Société de Production Muséomaniac créée en 2016), le MuséoParc d’Alésia - ouverture en avril 2021-  mise sur une expérience de visite à 360 ° pour son parcours permanent.

     Outre impliquer dynamiquement les visiteurs dans l’expérience de visite, la nouvelle scénographie du MuséoParc rénove l’image souvent figée des musées d’archéologie. © Muséomaniac/Clémence Farrell 

    Le MuséoParc d’Alésia, ce n’est pas seulement l’histoire du siège et de la bataille de Vercingétorix (en 52 avant J.-C.), ce sont aussi les Gallo-Romains qui vécurent sur l’oppidum et… l’archéologie qui reste la discipline reine pour les appréhender.

    « Nous avions conscience d’avoir quelque chose de nouveau et d’atypique à construire au MuséoParc », remarque Michel Rouger qui a rejoint l’institution il y a quatre ans en tant que directeur général.

    Aussi, lorsque le Département de la Côte-d’Or abandonne le projet de musée archéologique qui devait venir en complément du parcours de découverte et du centre d’interprétation à Alise-Sainte-Reine, le directeur s’engouffre dans la brèche : « La scénographie du centre d’interprétation ne se consacrait qu’au siège d’Alésia et laissait de côté la ville gallo-romaine et le mythe celtique. Par ailleurs, nous désirions présenter notre collection archéologique (riche d’environ 600 objets) qui n’était pas sortie depuis vingt ans ainsi que le résultat de fouilles récentes sous un sanctuaire gallo-romain. »

    Changer de stratégie et mixer ces deux approches (musée et parc) devient alors l’axe de la nouvelle direction, complètement synchrone avec le maître d’ouvrage (Département de la Côte-d’Or), qui en profite pour mettre en place une scénographie plus à l’anglo-saxonne (avec plus de manipulations physiques, d’objets à toucher, etc.) mais aussi plus vivante, plus joyeuse : « Nous voulons casser l’image du musée archéologique avec des vitrines pleines d’objets qui ne parlent pas au grand public. L’expérience de visite du MuséoParc, dont le public est surtout familial, doit déclencher des émotions et laisser des souvenirs. »

    Cette nouvelle scénographie permanente (sur 1 100 mètres carrés) qui s’inscrit dans le bâtiment circulaire de Bernard Tschumi est confiée à Clémence Farrell (suite à un appel d’offres) qui signe la scénographie et la direction artistique, et à Muséomaniac pour la conception audiovisuelle et multimédia.

    Le bâtiment du Muséoparc créé oar Bernard Tschumi

    Bientôt un "nouveau" Muséoparc à Alésia...

    Pour trouver cet équilibre entre le muséo et le ludique, la scénographe de l’Historial de Jeanne-d’Arc à Rouen va juxtaposer des dispositifs de médiation très innovants à une présentation de la collection d’archéologie qui demeure le fil rouge du parcours. « Les collections d’archéologie, avec leurs objets parfois obscurs, se prêtent idéalement à l’innovation en médiation », souligne la scénographe.

    Chasser les clichés et faire parler les pierres

    La scénographie va s’appuyer sur cette architecture circulaire du centre dont les grandes baies vitrées ouvrent sur l’oppidum et « immergent » naturellement les visiteurs dans l’histoire. Dans cette coursive qui donne accès à huit espaces contextualisés, une frise du temps interactive accompagne la déambulation, abondamment documentée par un lutrin qui regroupe à la fois des informations de compréhension sous forme de cartels, de panneaux en braille, de bandes dessinées ou d’objets à toucher ou sonores.

    Côté paysage, plusieurs vitrines « augmentées » au moyen de moniteurs transparents placés devant introduisent la collection. Rendu en animation au trait, un archéologue, le « guide » du parcours, commente les objets en se déplaçant sur l’écran. Ce dispositif comportant une vitrine-caisson lumineuse avec une dalle LCD transparente se retrouvera un peu plus loin pour d’autres démonstrations, dont la reconstitution d’un bouclier gaulois à partir de fragments.

    La première « vraie » rencontre avec les Gaulois se fait de manière tout aussi décomplexée et inattendue, à l’aide d’une fresque audiovisuelle panoramique consacrée… aux clichés.

    « Il est important de partir de ce que les visiteurs savent de cette histoire », poursuit Michel Rouger. « Il est plus facile ensuite de les amener sur d’autres connaissances. Il ne faut jamais oublier que ce voyage dans le passé s’adresse aux visiteurs aujourd’hui. »

    Sur un écran transparent (55 pouces) placé devant cette projection, de faux interviewés filmés en incrustation rapportent ce qu’ils savent des Gaulois et comment ils les imaginent. Les « bonnes » réponses s’inscrivent sur la fresque de manière humoristique et à l’aide d’animations 2D/3D.

    Un peu plus loin, une autre vidéoprojection de cinq mètres de base, faisant face à des gradins, raconte la fameuse bataille et le siège d’Alésia sous la forme d’un diptyque indiquant les forces en présence ou en mode panoramique afin de prendre plus de recul sur le conflit. En bas de l’écran, une timeline décompte le nombre de jours avant la défaite gauloise.

    À côté de cette évocation, plus dynamique qu’immersive, qui occupe une place centrale dans le musée, un espace dédié permet aux visiteurs de se défouler dans un combat grandeur nature en manipulant virtuellement des armes gauloises ou romaines devant un grand écran interfacé à un système de détection de mouvements de type Kinect.

    « En fait, la plupart de ces dispositifs viennent du monde du retail et des parcs d’attraction », explique la scénographe de l’Historial de Jeanne-d’Arc à Rouen. « Encore peu utilisés dans les musées, ils permettent d’en augmenter le contenu sans entrer en concurrence avec lui. »

    Bien connus des parcs d’attraction, les talking heads (ou bustes animés en micro mapping) deviennent ainsi des vecteurs importants de médiation. Ponctuant la frise chronologique de la coursive, des niches abritent des bustes « augmentés » de César, mais aussi de Vercingétorix et de Napoléon III (le premier à entreprendre des fouilles sur le site) qui commentent, chacun à leur manière, l’histoire d’Alésia. De même, un livre interactif à détection ILS (Instrument Landing System) permet de consulter, de manière ludique et accessible, des extraits de La Guerre des Gaules de César.

    Le parcours « archéo », regorge encore d’autres installations interactives comme cet imposant « mur magique » sur les techniques archéologiques montrant un plan imprimé d’Alésia, dont certaines parties (correspondant aux zones de fouille) peuvent être activées par le mouvement de la main du visiteur, lequel accède ainsi à des contenus audiovisuels (graphiques, animations, archives)…

    Ou ce bac à fouille numérique invitant à reconstituer une poterie, ou cette exploration en vue aérienne utilisant un lidar (un scanner d’archéologue) ou, proposé en fin de parcours, ce photocall souvenir immortalisant la visite en mode gaulois ou gallo-romain. Se trouvent encore plusieurs manips « hybrides », dont le Carnet de fouilles qui fait l’objet d’un espace à lui tout seul, qui mêle une approche mécanique à des animations sur écran.

    Dans ce parcours muséographique, qui se plaît à intriquer les dispositifs pour mieux faire toucher du doigt l’histoire, des silhouettes animées de Gallo-Romains se glissent sur les cimaises afin de rendre plus vivants leurs propos : le commerce, les échanges, etc.

    En rétroprojection dans la salle dite « aux arcades », le point d’orgue entre l’audiovisuel et la collection du Muséoparc, où sont exposés les plus beaux objets, des silhouettes animées à grande échelle d’artisans (forgeron, potier, etc.) miment en rétroprojection l’activité associée aux objets présentés juste au-dessous. « Ces figures animées apportent de la vie à tous ces objets du passé », note Clémence Farrell.

    Une nouvelle occasion d'aller visiter le Muséoparc !

     


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