• Vous me direz : c'est quoi les Filles du Roy ?

    Pour le savoir, il faut se tenir informé de l'histoire de la Nouvelle France à l'époque de Louis XIV sachant que La Nouvelle-France était un ensemble de territoires coloniaux français d'Amérique septentrionale, ayant existé entre 1534 (date de son exploration par Jacques Cartier) et 1763, avec le statut de Vice-Royauté de France, et dont la capitale était Québec.

    Carte de la Nouvelle-France au XVIIe siècle dédiée à Colbert

    Conférence de la Société d'Histoire et d'Archéologie du 13e sur les Filles du Roy

    La Nouvelle-France du XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, se consacre surtout à des activités en lien avec le commerce de fourrures. Avec seulement 6,3 % de femmes, la population est principalement composée d’hommes (officiers et soldats en fin de contrat ayant décidé de rester en Nouvelle-France), et l'écart entre les sexes ne fait que se creuser. En échange d’un monopole sur la traite des fourrures, une politique d’augmentation de la démographie est mise en place à court terme. L’objectif est de rétablir la parité entre les sexes en l’espace de 15 ans en faisant venir des femmes de France.

    Les Filles du Roy sont des jeunes femmes envoyées en Nouvelle-France sous la tutelle du roi Louis XIV et sous la direction de Colbert, entre 1663 et 1673, pour s'y marier, y fonder un foyer et établir une famille afin de coloniser le territoire.

    Romain Belleau, fondateur de la Société d'Histoire des Filles du Roy du Québec, va nous parler dans son exposé des Filles du Roy dont il est l'un des descendants tandis que Maud Sirois-Belle , Présidente de la Société d'Histoire et d'Archéologie du XIIe, fait une petite introduction.

    Tous les deux ne peuvent pas cacher l'émotion qui les étreint en évoquant leurs ancêtres Filles du Roy.

    Maud Sirois-Belle nous parle tout d'abord d'un livre que je vais probablement me procurer "Le premier jardin" d'Anne Hébert, une québécoise, livre dans lequel l'auteur dit : "Il faudrait les nommer toutes à haute voix".

    770 jeunes femmes ont ainsi été envoyées en Nouvelle-France entre 1663 et 1673 dont 240 qui sont parties de la Salpêtrière. D'autres sont parties de Rouen (plaque sur les murs de l'hôpital Charles Nicolle), de Dieppe (plaque sur les murs du château) ou encore de La Rochelle (plaque sur le mur du Couvent de la Providence).

    Sophie Moisan, qui est peintre, a représenté les premières Filles du Roy parties coloniser la Nouvelle-France en 1663 avec leur costume de l'époque. C'est le même costume qui est porté par leurs descendantes à l'occasion des nombreuses fêtes commémoratives au Québec.

    Conférence de la Société d'Histoire et d'Archéologie du 13e sur les Filles du Roy

    Mais aujourd'hui, en 2023, c'est le 350ème anniversaire du dernier départ de France des Filles du Roy qui est commémoré.

    Romain Belleau qui a beaucoup travaillé sur le sujet nous dit qu'elles étaient 27 dans sa généalogie (de 15 à 36 ans), filles ou veuves, et qu'elles ont présumément bénéficié de l'aide royale pour ce qui est de leur voyage et de leur établissement en Nouvelle France.

    L'aide royale servait à payer leur mariage, leur nourriture et leur logement avant qu'elles ne se marient (entre leur arrivée à Québec et leur mariage, les Filles du Roy étaient placées sous la protection de religieuses, de veuves ou de familles. Elles y étaient logées et nourries). L'aide royale représentait 50 livres canadiennes en sus des biens propres qu'elles emportaient et dont le montant est estimé en moyenne à 300 livres.

    Les Filles du Roy se mariaient en moyenne 4 mois après leur arrivée (elles étaient très attendues par la gente masculine). Les hommes, de leur côté, étaient privés de la traite et de la chasse s'ils ne se mariaient pas dans les quinze jours suivant l'arrivée des bateaux...

    D'après mon ami internet, les hommes pratiquaient la traite des fourrures avec les autochtones (qui connaissaient mieux qu'eux les territoires de chasse) contre des marchandises provenant de France mais ils pouvaient aussi chasser par eux-mêmes.

    Conférence de la Société d'Histoire et d'Archéologie du 13e sur les Filles du Roy

    Certains mariages se font ainsi à la chaîne, certains mariés servant de témoins à un autre couple.

    Côté fécondité, il apparait que les Filles du Roy étaient plus fécondes (en moyenne 9,1 enfants) que les françaises de métropole (en moyenne 6,5 enfants).

    Cela s'explique sans doute par des critères de sélection très stricts : les Filles du Roy devaient être plutôt agréables à regarder, en tout cas pas des laideronnes, avoir des dons pour les travaux manuels et une santé solide (elles doivent en effet résister à l'épreuve du voyage qui dure plusieurs mois et à celle du climat de la Nouvelle France, en particulier s'adapter au rythme des saisons). Il leur faut aussi avoir une bonne santé pour participer au travail de la terre.

    Romain Belleau nous a aussi parlé de l'historien Yves Landry qui a écrit un livre intitulé "Les Filles du Roy au XVIIe siècle".

    Voici une vidéo où Yves Landry parle des Filles du Roy.

    Romain Belleau a aussi évoqué la condition juridique des Filles du Roy en Nouvelle France nous parlant de "La coutume de Paris" mais je n'ai pas bien compris ce qu'il a dit. J'ai trouvé sur le net ceci à ce propos :

    La Coutume de Paris est un code français qui régit les droits civils des individus, leur statut, leur régime matrimonial ainsi que la propriété et la transmission de leurs biens. Cet ensemble de lois est appliqué officiellement en Nouvelle-France à partir de 1664.

    En vertu de la Coutume de Paris, la femme est soumise à son père tant qu’elle est mineure et ne peut se marier, se lancer en affaires ou signer un contrat sans son consentement. Une fois mariée, la femme demeure inapte juridiquement et doit s’en remettre à son mari pour la gestion de leurs biens. Les seules femmes qui détiennent une autonomie juridique sont les femmes adultes non mariées, qu’elles soient veuves ou célibataires.

    En 1663, on recensait 3.500 habitants en Nouvelle France. Ce chiffre est passé à 11.000 en 1673.

    Intéressant !

    Qui sait si mon cousin a des Filles du Roy dans sa généalogie ? Il parait que la plupart des québécois en ont...


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  • Hier soir, j'ai assisté avec Arlette à la projection publique du documentaire de Marc Dozier "Frères des Arbres, l'appel d'un chef Papou", un film qui a été récompensé par treize prix en France, au Japon, en Suisse, en Italie, en Belgique, en Polynésie française, au Gabon...

    C'était le chef papou Mundiya Kepanga qui animait le débat en présence du réalisateur Marc Dozier.

    Film Papou

    La Salle des fêtes de la Mairie du 15ème accueillait cet événement organisé par la MAIF (les adhérents avaient tous reçu une invitation par courrier).

    Film Papou

    Elle était pleine à craquer : il faut dire que le film traite d'un sujet brûlant de l'actualité, la déforestation des forêts primaires, et puis ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de voir un chef Papou !

    Film Papou

     La décoration de la salle des fêtes, de style Art-Déco, est l'oeuvre du peintre décorateur Henri Rapin, auteur des peintures des voûtes sur le thème des quatre saisons, du panneau du fond de la salle et des stucs décoratifs. Le peintre Victor Guillonnet a réalisé la partie centrale du plafond. Les travaux sont achevés en 1928 et la salle est inaugurée en 1929.

    Film Papou

    Le maire de l'arrondissement, Philippe Goujon, a tout d'abord fait un discours dans lequel il a rappelé qu'il s'agissait du second voyage en France du chef Papou qui a publié en 2012 en collaboration avec Marc Dozier "Les mémoires d'un Papou en Occident". Il a insisté bien sûr sur l'engagement de la mairie du 15ème concernant la protection de l'environnement et rappelé que le siège de la Fondation Frans Krajcberg, Centre d'art contemporain art et nature, qui perpétue l'œuvre de l'artiste, se situe dans le 15ème tout comme le studio photos de Yann Arthus Bertrand.

    En fait, il a fait son boulot de Maire !

    C'est ensuite le Président de la MAIF, Philippe Goujon, qui a pris la parole pour dire que la date du 5 juin n'avait pas été choisie par hasard puisqu'il s'agit de la "Journée mondiale de l'Environnement" et expliquer que la MAID était engagée de longue date dans des actions très concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elle offre par exemple maintenant la possibilité aux automobilistes de choisir des pièces de réemploi pour réparer leur voiture et participer ainsi à sa politique volontariste de transformation du circuit de réparation. Il a ajouté que s'il s'agissait d'un cri d'alarme, c'était aussi un cri d'espoir pour la planète.

    Enfin, c'est le chef papou qui s'est présenté à l'assemblée, disant qu'il allait être rapide car il savait d'expérience que les hommes blancs étaient souvent pressés. Il ne manquera pas de continuer d'ailleurs à utiliser l'humour pour communiquer avec son auditoire. Il nous a dit qu'il venait de Papouasie-Nouvelle-Guinée (pays situé au nord de l'Australie constitué par la moitié orientale de la Nouvelle-Guinée) et était originaire d'une tribu appelée les Hulis vivant sur les hautes terres.

    Film Papou

    Il a ajouté qu'il avait rencontré Marc Dozier en 2001 au cours d'un des voyages du photographe et qu'il s'était lié d'amitié avec lui. Il a pris soin de lui pendant plusieurs semaines alors que l'homme blanc "grand et maigre comme un cocotier" arrivait en pays inconnu et maintenant c'est celui-ci qui prend soin de lui alors qu'il parcourt le monde depuis 2003 pour faire prendre conscience aux gouvernements et au monde en général de l'urgence d'agir.

    Il a dit qu'il était venu une première fois en France lors de la Cop 21 (c'est là qu'il a rencontré Robert Ford - entendez Robert Redford - et on qu'on lui avait alors posé la question de savoir comment lutter contre le réchauffement climatique ? Sa réponse à la question a été :

    "Si vous respectez la nature, elle vous respectera".

    Cette question lui a aussi donné l'idée de faire un film avec Marc Dozier (tourné de 2015 à 2017 ou 2018) pour le présenter de par le monde et être ainsi l'ambassadeur de la forêt primaire qui subit depuis quelques décennies une intense déforestation alors qu'elle représente l'oxygène que nous respirons. Il a ajouté que ce n'était pas "sa" forêt puisque le sort du monde entier dépend de sa protection. Il a terminé en disant qu'une prophétie de ses ancêtres disait :

    "Si les arbres disparaissent, les hommes disparaîtrons".

    ☻ La Maif m'a invitée à la projection d'un film sur la déforestation en Papouasie-Nouvelle-Guinée

    Nous avons ensuite visionné le film dont voici la bande-annonce.

    La projection de ce documentaire a été suivie d'un débat animé par Mundiya Kepanga dont les paroles étaient traduites par Marc Dozier. La langue des Hutis est une langue orale et Mundiya Kepanga n'est pas allé à l'école au sens occidental du terme. Il dit volontiers qu'il ne sait ni lire ni écrire et ajoute que son savoir lui vient de ses ancêtres. Tout comme chaque jeune adolescent Huti, il est allé à "l'école de la forêt" afin de devenir un homme. Cliquez ICI pour voir une petite vidéo sur le sujet. Suite à ce "stage", les jeunes adolescents se voient couper les cheveux afin d'en faire des parures qu'ils mettent lors des danses et des cérémonies.

    La remise de la parure du chef Papou au Musée de l'Homme

    A cette occasion justement, Mundiya Kepanga était l’invité d’Elisabeth Quin dans l’émission 28′ sur Arte : cliquez ICI pour voir l'émission.

    Dans la vidéo ci-dessous, vous pourrez voir l'humour dont le chef Papou use pour faire passer son message lors d'une Conférence internationale se tenant au Musée de l'Homme

    Pendant le débat, nous avons appris que 70% du territoire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est constitué de forêts primaires (sachant que la surface totale du pays équivaut à peu près à celle de la France). La déforestation à l'heure actuelle aurait touché 30% de la forêt (environ la surface de la Belgique), surtout dans les zones côtières propices au transport des grumes sur les bateaux.

    Des lois (les SABL) ont en effet été votées en Papouasie-Nouvelle-Guinée qui, alors qu'elles avaient été votées pour aider les populations locales dans l'agriculture, sont au final dévastatrices. Elles autorisent les propriétaires terriens à louer leurs terres à des exploitants étrangers, des malaisiens surtout, qui abattent des surfaces immenses de forêt en vue de l'exportation du bois précieux en Chine ou en Indonésie. Ou alors, ils plantent ces grandes étendues de palmiers à huile.

    De ce fait, on observe une diminution de plusieurs espèces d'animaux tels que l' oiseau de paradis (qui figure sur le drapeau du pays) dont le milieu naturel disparait petit à petit.

    Et pourtant, regardez comme cet oiseau est beau !

    Le même sort risque d'arriver au kangourou arboricole.

    Film Papou

    Toutefois, le chef Papou nous a dit que, depuis peu, on faisait pousser de la vanille sur les parcelles de savane ou de forêt endommagées ainsi que du café.

    Une autre question - posée par un enfant - a été : quelle est votre nourriture principale ? Le chef a dit que, tout comme ses ancêtres, traditionnellement la tribu se nourrissait de patate douce et de légumes et qu'ils élevaient des cochons mais que maintenant on pouvait aussi trouver dans l'épicerie du village du riz, du sel et du coca !

    A suivi un bain de foule de Mundiya Kepanga qui s'y est prêté avec beaucoup de gentillesse.

    J'ai pu voler cette photo sans oser faire le selfie moi-même...

    Film Papou

    A la sortie, un stand présentait livres (pour adultes et pour enfants), et DVD du film. Le chef Papou a dit en plaisantant qu'il avait retenu deux choses des hommes blancs :

    Le temps qui leur manque et la faculté à faire du business !

    Mundiya Kepanga ne sait peut-être ni lire ni écrire mais il a un grand sens de la communication.

    Une soirée très instructive !


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  • Je viens de terminer un livre qui m'a beaucoup intéressée mais aussi bouleversée : "La Laveuse de Mort" de Sara Omar (il fait partie des livres qui sont conseillés ce mois-ci par la Bibliothèque Glacière).

    ☻ Un livre puissant de Sara Omar : la laveuse de mort

    Il s'agit d'une fiction mais avec beaucoup d'éléments tirés de la réalité de la vie de l'écrivaine kurde Sara Omar, née en 1986 en Irak et qui s'est exilée au Danemark en 2001 avec sa famille pour fuir le régime de Saddam Hussein.

    ☻ Un livre puissant de Sara Omar : la laveuse de mort

    Ce livre dénonce la culture de l’honneur et l’oppression des femmes au Kurdistan irakien au sein de familles musulmanes conservatrices.

    Vous vous posez la question de l'étrange titre de ce livre ?

    Sara Omar rend hommage dans ce livre à celles qui s’occupent des corps des femmes tuées au nom de l’honneur et que personne ne réclame : 

    « Elles risquent leur vie pour leur permettre de rejoindre le royaume d’Allah. Dans nos cimetières, des tombes ne portent pas de nom : mêmes mortes ces femmes ne sont pas autorisées à avoir leur propre identité. Alors, pour moi, ces laveuses de morts qui agissent avec respect et dignité sont des combattantes de la liberté. » 

     Interview de Sara Omar à propos de la parution de son livre.

    Le livre se lit très facilement.

    Les noms étrangers des personnages étant difficiles à retenir, l'auteure a judicieusement placé un index à la fin du livre pour qu'on puisse s'y retrouver.


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  • Dans le cadre des Petites promenades dans Paris organisées par Générations 13, nous sommes allés tous les deux visiter l'Ambassade de Roumanie rue Saint-Dominique, installée depuis 1939 dans l'Hôtel de Béhague, un hôtel particulier du septième arrondissement de Paris construit à la "Belle-Epoque".

    Nous sommes ici dans le quartier du Gros-Caillou, borne qui séparait autrefois les abbayes de Saint-Germain et de Sainte-Geneviève.

    A deux pas de là se trouve la Fontaine de Mars, d'abord appelée Fontaine du Gros Caillou, édifiée en 1806, bien mise en valeur par sa position au sein d'une placette entourée de cafés. A l'origine, son eau provenait de la pompe à feu du même nom.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    La fontaine de Mars est un édifice de style néo-classique.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Elle représente Mars, dieu de la guerre, aux côtés d'Hygie, déesse de la santé. Le mot "hygiène" vient du nom de la déesse.

    Mars est représenté nu, coiffé d'un casque : il porte un bouclier et une épée. Hygie, elle, est représentée couronnée de lauriers et tenant une coupe à la main dans laquelle vient boire un serpent.

    Je viens de découvrir le coq en bas à droite : Les dames romaines sacrifiaient au dieu Mars un coq le premier jour du mois qui porte son nom, et c'est par ce mois que l'année romaine commençait jusqu'au temps de Jules César.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Trois mascarons de bronze crachaient l'eau autrefois (le dernier jusqu'en 2012). Au pied de la fontaine, un repère de crue signale le niveau atteint par les eaux de la Seine lors de sa crue de 1910 (le fleuve ne se situe qu'à 600 mètres d'ici).

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    L'hôpital militaire du Gros-Caillou, fondé en 1759, qui se situait juste en face de la fontaine a été démoli en 1895 car devenu vétuste. Il a été remplacé par des immeubles haussmanniens fort élégants.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Mais je "tourne autour du pot" : l'objet de cette sortie est bien l'Hôtel de Béhague, encore di de Béarn, dont voici la façade au numéro 123  de la rue Saint-Dominique.

    Vous remarquerez les deux portes cochères en bois sculpté : l'une d'elles servait à l'entrée des voitures à cheval et l'autre à leur sortie.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    C'est Michèle Mazure de l'association Paris Art et Histoire qui sera notre guide aujourd'hui (le groupe comprend une vingtaine d'adhérents).

      ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    L’architecte Gabriel Hippolyte Alexandre Destailleur (1822-1893) construit en 1866-1867 un grand hôtel particulier de style Louis XV pour abriter les collections et les boiseries du XVIIIe siècle de la comtesse Victoire-Félicie de Béhague. Cet hôtel sera entièrement démoli par la suite. En 1868, le même Destailleur construit sur le même terrain un petit hôtel particulier, toujours dans le style Louis XV, destiné à Octave de Béhague, le fils de la comtesse de Béhague.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Héritière d’un banquier franco-autrichien, le baron Samuel de Haber, Martine de Béhague, la fille d'Octave, est riche, très riche, mais son adolescence est ponctuée de drames : en moins de six ans, elle perd en effet ses parents, ses deux grands-mères et son grand-père paternel. Lorsque Berthe, sa sœur aînée, se marie avec le comte Jean de Ganay, sa solitude est grande. Cependant, un peu plus tard, elle se marie à 20 ans au comte René de Galard de Brassac de Béarn (OUF !), sous-lieutenant au 20e régiment des chasseurs à cheval, issu de la plus ancienne noblesse. Martine de Béhague devient ainsi comtesse de Béarn (on ne prononce pas le n).

    Les deux fortunes réunies permettent l'agrandissement entre 1895 et 1904 des anciens bâtiments dont Walter-André Destailleurs, fils d'Hyppolyte, sera chargé. Robert de Montesquiou, qui avait la dent dure envers Martine de Béhague, appellera son hôtel particulier la "Byzance du septième".

    L'union s’avère cependant un échec : cinq ans plus tard, ils sont officiellement séparés de corps. Le divorce, scandaleux à l’époque, ne sera prononcé qu’en 1920, lorsque les mœurs se libéreront, et Martine reprendra alors son nom de jeune fille.

    Sans enfant, elle se réfugie dans les voyages et réunit une collection d'œuvres d'art. Elle entretient également des relations avec des écrivains et des peintres dont elle collectionne les œuvres. Pour plus amples renseignements, voir l'article de la Gazette Drouot, très intéressant, en cliquent ICI

    Martine de Béarn par Pascal Dagnan-Bouveret en 1897

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Cet abri-couvert servait à l'époque à se mettre à l'abri des intempéries.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Dans le hall d'entrée, un panonceau aux armoiries de la Roumanie : Michèle Mazure nous précise qu'ici, nous ne sommes plus en France... L'hôtel de Béhague a en effet été acheté peu de temps après le décès de sa propriétaire par le roi Carol II de Roumanie et est actuellement le siège de l'Ambassade de Roumanie en France.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Ce meuble très travaillé possède des charnières ainsi que de petits tiroirs (merci pour l'info Rosalia).

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Une photo de Monick

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Détail

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Cette pièce intermédiaire élégamment voûtée et éclairée par de jolis flambeaux donne accès au jardin.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Photo internet

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Elle est ornée d'une très jolie statue de marbre blanc qui représente l'enlèvement de Ganymède.

    Ce jeune prince, fils du roi Tros et de la nymphe Callirrhoé est décrit dans l'Iliade comme le plus beau de tous les adolescents de la terre. Bien sûr Zeus en tombe follement amoureux et utilise sa faculté de se transformer pour séduire le jeune garçon. Dans le cas présent, c'est déguisé en aigle qu'il enlève Ganymède alors que ce dernier fait paître son troupeau sur le mont Ida en Phrygie. Il en fait son amant et par la même occasion, Ganymède devient l'échanson des dieux.

    La statue peut être contemplée de dos grâce à l'immense miroir situé au fond de la pièce.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    De l'autre côté se trouve un escalier monumental absolument superbe qui s'inspire de l'escalier de la Reine à Versailles et est habillé de somptueux marbres polychromes.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Sa rampe en fer forgé m'a tapé dans l'œil.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    A l'étage, des miroirs agrandissent l'espace.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    La fixation de cette lanterne est particulièrement soignée.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    En haut de l'escalier un très joli haut-relief représente "Le temps emportant l'Amour", une œuvre de quatre mètres de hauteur, réalisée en 1898, par le sculpteur Jean Dampt (1854-1945).

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Le temps est comme de coutume représenté sous les traits d'un vieillard portant une faux. Quant à l'Amour, c'est un bébé que le vieillard tient dans son bras.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Pour accéder à ce premier étage, il y avait donc cet escalier mais aussi l'un des tout premiers ascenseurs de Paris.

    On entre dans le Salon bleu par des portes très finement sculptées comme c'est, du reste, le cas dans tout l'Hôtel.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Le Salon bleu tire son nom de la couleur des tapisseries de son mobilier. Dans l'angle, une plaque de rue porte le nom de Georges Enesco (1881-1955), compositeur, grand virtuose du violon et également chef d'orchestre.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Rapsodie roumaine de Georges Enesco : concert 2022 à la Tour Eiffel

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Michèle Mazure nous fait encore une fois remarquer ici la richesse de l'ornementation de cette porte (qui donne accès à la bibliothèque) et surtout celle de sa serrure.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Nous passons ensuite dans le Salon d'Or qui servait de bureau et de salon de réception à Martine de Béhague. Il fut aménagé en 1897 et est décoré de magnifiques boiseries rococo dorées à l'or fin.

    Comme vous l'aurez remarqué, chacune des pièces est ornée des trois drapeaux français, roumain et européen. La Roumanie est dans l'Europe même si elle a gardé sa monnaie, le leu.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Le plafond est peint aux couleurs du ciel...

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Les peintures des dessus de portes sont dans le style des compositions florales du XVIIème.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Un petit salon octogonal et aveugle donne accès, si mes souvenirs sont bons, à la Salle à manger.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire 

    Il est décoré de très jolies boiseries rococo.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Des toiles en leur centre représentent des scènes champêtres.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

     La salle à manger est habillée de marbres polychromes dans le goût de Versailles.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Elle est décorée d'une œuvre de jeunesse de François Boucher (1703-1770), « La Naissance de Vénus ».

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Le tableau fit l’objet d’une étude en 1994.

    Il fut acheté aux environs de 1902-1904, pour 21 000 £, aux descendants de madame Tussaud qui l’avait acquis vers 1848 et exposé dans son musée de cires. L’historien d’art Alastair Laing suppose que cette œuvre fut exécutée vers 1731.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Face à lui, une décoration très surprenante : il s'agit d'une fontaine, la Fontaine de Neptune, à double vasque.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Le haut-relief qui la surmonte reprend le motif du " Bain des Nymphes " de François Girardon (que l'on peut voir à la Cité de l'architecture et du patrimoine).

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    L'univers aquatique est en effet très à la mode au XVIIIe siècle. En témoigne la frise cernant le plafond en forme de stalactites

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Dans sa niche de jaspe vert, la «fontaine de Neptune» est faite d’une double vasque en forme de conque, avec un masque de grotesque à barbe ruisselante, qui crachait de l’eau, servant probablement à rafraîchir les boissons.

    Un peu inquiétant, non ?

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Quittant la salle à manger, nous voici maintenant dans une petite pièce dotée d'un escalier pouvant mener à la Bibliothèque, pièce que nous ne visiterons pas mais dont j'ai trouvé une photo grâce à mon ami internet. Martine de Béhague avait hérité de son père l'amour des livres et elle confiera le soin de sa bibliothèque à Paul Valéry.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Pour terminer cette visite, Michèle Mazure nous emmène visiter... le théâtre.

    Martine de Béhague a en effet pour autre passion la musique et elle veut une salle de concert. Il faudra plus de huit ans pour aménager ce temple au décor byzantin dont Robert de Montesquiou (vexé de ne jamais être invité par la propriétaire de l'Hôtel de Béhague) disait "C'est la Byzance du quartier du Gros Caillou".

    Il s’agit à l'époque d’une sorte de théâtre-musée aux murs peints de nuances d’or, orné de colonnes de marbre, d’un balcon en porphyre, de panneaux mosaïqués où des soieries anciennes pendent du plafond pour des raisons esthétique et acoustique. Il n’y a pas à Paris de plus grande salle de spectacle privée.

    Martine de Béhague y a donné de nombreuses représentations : Gabriel Fauré y dirigea son requiem. En 1909, Isadora Duncan y dansa, invitant ainsi le Tout-Paris. A l'époque, elle avait fait appel à Mariano Fortuny, artiste complet et éclectique qui fut couturier (il inventa le plissé),  photographe, architecte, sculpteur, mais aussi scénographe, le chargeant de créer l'éclairage de son théâtre.

    Cliquez ICI pour écouter le podcast de France-Inter sur le théâtre Byzantin.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Le voici éclairé tel qu'il est actuellement en vue d'un prochain spectacle.

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Gilbert Obel a pris le relais pour nous conter l'histoire de la Roumanie, un pays au passé très mouvementé entouré à l'heure actuelle par cinq pays : au nord par l’Ukraine, à l’est par la Moldavie et la mer Noire, au sud par la Bulgarie et à l’ouest par la Serbie et la Hongrie. Parmi ces six pays, il est le seul à avoir une langue d'origine latine (on y parle souvent le français dans les villes, mais moins dans les campagnes bien sûr : je l'ai observé à deux reprises, une fois sous Ceausescu et une fois peu de temps après la chute du mur).

    ☻ Visite de l'Hôtel de Béhague avec Paris Art et Histoire

    Pour plus de renseignements sur l'histoire du pays, consultez ICI le site de l'Ambassade à Paris.

    Un grand merci à Anne-Marie pour avoir organisé cette visite qui nous a permis de découvrir, à portée de métro, de fort belles choses. Ceci bien sûr n'aurait pu se faire sans la compétence de nos deux guides, Michèle Mazure et Gilbert Obel que je remercie ici.


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  • Pour afficher nos photos de la famille dans notre bureau, j'ai définitivement mis au rebut (grâce au "Bon coin" sur lequel je ne vends plus jamais rien...) le cadre acheté chez Action l'an dernier demandant trop d'entretien...

    ☻ Un cadre pour nos photos

    et ai eu l'idée d'en fabriquer un moi-même en cartonnage en m'inspirant de ceux trouvés sur le net.

    Découpage du carton

    ☻ Un cadre pour nos photos

    Collage du Skivertex

    ☻ Un cadre pour nos photos

    Les ficelles fixées : le tour est joué !

    Contente de moi

    ☻ Un cadre pour nos photos

    Accrochage

    ☻ Un cadre pour nos photos


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